Mon maître et mon vainqueur – François-Henri Désérable (2021)

Et si nous partagions un éloge du sentiment amoureux ?

Dans ce roman plaisant aux références littéraires indéniables, nous suivons le parcours d’un couple emporté par la passion.

Face au juge d’instruction, le narrateur doit révéler la personnalité de son plus cher ami. Les pièces à conviction lui sont présentées pour tenter de faire la lumière sur les faits reprochés à Vasco. Un cahier noirci de l’écriture de son ami et de poèmes d’amour attire l’attention du juge. Le narrateur va devoir révéler le parcours amoureux de son acolyte.

Depuis leur première rencontre, Vasco voue un amour fou et absolu pour la magnétique Tina. Cette femme envoûtante est pourtant fiancée à un autre homme. Jusqu’où cet élan passionnel l’a-t-il conduit ?

J’ai passé un bon moment avec la plume spirituelle et malicieuse de François-Henri Désérable même si je regrette quelques lieux communs dans la trame narrative de ce récit.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citation :

« Parfois on ne se comprend plus, on avance à l’aveugle, on se heurte à des murs, jusqu’au jour où l’on finit par se dire mutuellement ce qu’on a sur le coeur, comme on craque une allumette dans la nuit : pas pour y voir plus clair, mais pour mesurer la part de ténèbres que chacun porte en soi ».

Une page d’amour – Emile Zola (1878)

Et si nous poursuivons la série des Rougon-Macquart ?

A la suite de « L’Assommoir », Emile Zola a fait le choix d’un roman singulier dans la série.

Hélène partage avec Jeanne, son enfant douce à la santé fragile, une relation fusionnelle. Nichée avec elle sur les toits de Paris, Hélène contemple la ville et s’éloigne du monde après le décès de son mari.

Lorsque Jeanne tombe à nouveau malade et que la fièvre lui fait craindre le pire, Hélène tente désespérément de trouver un médecin en pleine nuit. Son voisin Henri vient leur porter secours. De chaque côté de l’enfant, Hélène et Henri se sont faces. Quand leurs regards se croisent, un désir nouveau semble éclore autour du lit de la jeune malade.

Peu à peu, Hélène commence à intégrer le quotidien de cet homme marié et se rapproche également de sa femme. Pourtant cet amour naissant entrave l’équilibre familiale et la relation passionnée qui l’unit à sa fille. Jusqu’où ce désir va-t-il l’emporter ?

Roman sur la passion amoureuse, Emile Zola nous fait partager son empathie pour Hélène, une jeune femme douce et innocente envoûtée par un amour éphémère. Le personnage de Jeanne est plus ambivalent. S’il peut susciter de la compassion il est parfois exaspérant par cette possession farouche que la jeune fille voue à sa mère.

Si l’intrigue est quelque peu banale, elle demeure joliment portée par la plume descriptive et harmonieuse d’Emile Zola. Je n’ai pas retrouvé la force des autres romans de la série mais cette relecture a été agréable.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« Tout les ramenait à cet amour, tout les baignait dans une passion qu’ils emportaient avec eux, autour d’eux, comme le seul air où ils pussent vivre. Et ils avaient l’excuse de leur loyauté, ils jouaient en tout conscience cette comédie de leur coeur, car ils ne se permettaient pas un serrement de main, ce qui donnait une volupté sans pareille au simple bonjour dont ils s’accueillaient ».

« Alors, on se quittait un jour, on s’en allait chacun de côté, on ne se voyait plus, on ne s’aimait plus ? Et les yeux sur Paris, immense et mélancolique, elle restait toute froide devant ce que sa passion de douze ans devinait des cruautés de l’existence ».

« Le livre glissa de ses mains. Elle rêvait, les yeux perdus. Quand elle le lâchait ainsi, c’était par un besoin de ne pas continuer, de comprendre et d’attendre. Elle prenait une jouissance à ne point satisfaire tout de suite sa curiosité. Le récit la gonflait d’une émotion qui l’étouffait. Paris, justement, ce matin-là, avait la joie et le trouble vague de son cœur. Il y avait là un grand charme : ignorer, deviner à demi, s’abandonner à une lente initiation, avec le sentiment obscur qu’elle recommençait sa jeunesse ».

Vingt-quatre heures d’une femme sensible – Constance de Salm (1824)

Et si nous choisissions un roman épistolaire ?

Dans ce roman superbement écrit, Constance de Salm interroge les affres de la passion et de la jalousie.

Une femme sensible et passionnée vit une relation intense et cachée avec un homme. Leur union est contraire à la volonté de l’oncle de ce jeune homme, le Prince de R*** qui s’est épris de la même femme. Lors d’une soirée, cette femme voit son amant s’échapper en charmante compagnie. Ce départ précipité en calèche auprès de Madame de B. fait naître les pires incertitudes.

Durant toute une nuit d’insomnie et une journée d’attente, cette femme est rongée par la jalousie et décide d’écrire à cet homme quarante-quatre lettres où elle partage ses émotions. Face à l’image obsédante de Madame de B., elle doute de leur amour. Cet égarement amoureux est retranscrit à la perfection et nous suivons les sentiments exacerbés de cette femme.

Un récit fiévreux qui nous enivre par son ton lyrique et la description des sentiments féminins. Je ne peux que vous recommander de découvrir une Constance de Salm malheureusement encore trop méconnue !

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Avant que je te connusse, ma vie coulait comme un ruisseau toujours tranquille ; les arts, l’amitié embellissaient mes instants. Je jouissais des plaisirs de la société, du travail, de l’ivresse attachée à ses succès, des brillants avantages dont le sort a embelli mon existence ; je t’ai vu, et tout a disparu ; je t’ai vu, et ton image seule est restée là, devant mes yeux. »

« Ces caractères que je trace et que vous lirez me semblent un lien de votre âme à la mienne, et cette idée absorbe toutes les autres ».

« Et cette longue nuit qui nous séparait encore était pour moi une éternité de douleurs. Mais les premiers rayons du jour m’ont rendu quelque calme : il me semblait qu’ils éclairaient aussi mon âme ».

Passion simple – Annie Ernaux (1991)

Et si nous évoquions le feu brûlant d’une passion amoureuse ?

Avec ses mots éminemment personnels, Annie Ernaux raconte une fulgurante et obsessionnelle passion amoureuse.

Lorsqu’elle rencontre un homme marié, la vie d’Annie Ernaux bascule : « Je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi ». L’omniprésence de la passion vient bouleverser toute sa vie de professeur et mère de famille. Elle raconte comment l’attente rythme chacune de ses journées. Si les rencontres avec cet homme sont fugaces, son obsession fanatique ravage toutes ses pensées.

Roland Barthès disait : « Suis-je amoureux ? – Oui, puisque j’attends, l’identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que : je suis celui qui attend. » Au delà de l’autre, c’est le désir et cet état qui pousse Annie Ernaux a perpétué une histoire d’amour aussi passionnelle que vaine.

Avec une grande justesse, elle parvient à mettre des mots sur une expérience intime qui ne peut que faire écho à notre propre rapport avec la passion.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« J’ai découvert de quoi on peut être capable, autant dire de tout. Désirs sublimes ou mortels, absences de dignité, croyances et conduites que je trouvais insensées chez les autres tant que je n’y avais pas moi-même recours. À son insu, il m’a reliée davantage au monde ».

« J’avais le privilège de vivre depuis le début, constamment, en toute conscience, ce qu’on finit toujours par découvrir dans la stupeur et le désarroi : l’homme qu’on aime est un étranger »

Orgueil et préjugés – Jane Austen (1813)


Et si nous parlions d‘un monument de la littérature anglaise ?

Dans « Orgueil et préjugés » , Jane Austen dresse le portrait d’Elizabeth, une jeune anglaise vive, indépendante et spirituelle.

Madame Bennet, la mère d’Elizabeth n’a qu’un seul but marier ses cinq filles avec les meilleurs partis de la région. Elle recherche assidûment des prétendants issus de familles aisées pour assurer un avenir à ses filles.

Lorsqu’un gentleman, Monsieur Bingley s’installe à proximité de leur domaine, une véritable effervescence transporte toute la famille Bennet.

Si l’attirance entre Monsieur Bingley et Jane l’ainée des soeurs semble évidente, les rapports entre Elizabeth et Monsieur Darcy l’ami intime de Monsieur Bingley sont emprunts de froideur. La posture abrupte et méprisante de Monsieur Darcy jette une certaine animosité sur leurs relations.

L’arrivée d’un jeune militaire charismatique, Wickham, suscite aussi beaucoup d’émois auprès des jeunes filles Bennet.

Ces trois apparitions masculines successives laissent entrevoir la promesse de mariages réussis. Pourtant quand Monsieur Bingley retourne vivre à Londres, l’incertitude plane sur l’avenir de ses intrigues sentimentales.

Œuvre mythique de la littérature anglaise, Jane Austen parvient à traverser le temps et nous emporter gracieusement aux côtés des soeurs Bennet. Elle réussit à maintenir le lecteur dans l’effervescence de relations amoureuses tout en dressant un portrait caustique de la société anglaise. Une vraie réussite que je ne peux que vous recommander.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« Je lui aurais volontiers pardonné son orgueil s’il n’avait tant mortifié le mien »

« Vous êtes trop généreuse pour vous jouer de moi ; si vos sentiments sont encore ce qu’ils étaient au mois d’avril dernier, dites-le-moi franchement ; mes désirs, mes affections n’ont point changé, mais un mot de vous les forcera pour jamais au silence »

« La vanité et l’orgueil sont deux choses bien distinctes, bien que les mots soient souvent utilisés l’un pour l’autre. On peut être orgueilleux sans être vain. L’orgueil a trait davantage à l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes, la vanité à ce que nous voudrions que les autres pussent penser de nous »

L’Amant de lady Chatterley – D. H. Lawrence (1928)

Et si nous parlions d’un classique sulfureux ?

Censuré en Angleterre à sa parution, ce roman mêlant érotisme et fresque sociale avait fait scandale.

Quand Constance épouse Sir Clifford Chatterley, héritier d’une famille aristocratique, elle espère dans ce mariage trouver l’harmonie conjugale.

Peu de temps après leur union, Clifford revient des tranchées émasculé et paralysé. Il trouve refuge dans son domaine de Wragby. Constance reste à ses côtés et devient rapidement pour lui une infirmière dévouée mettant de côté ses désirs. Ecrivain érudit, Clifford partage avec Constance de longues conversations intellectuelles. Cette vie recluse loin des plaisirs charnelles, laisse un sentiment d’insatisfaction et de frustration chez la belle et voluptueuse Constance.

Malgré les visites d’aristocrates venus de tout horizon, Constance s’ennuie au côté de Clifford et ne parvient pas à trouver un sens à sa vie. Lorsqu’elle rencontre le garde-chasse du domaine, Olivier Mellors issu de la classe ouvrière, l’attraction est immédiate. Avec cette rencontre, Constance connaîtra un véritable éveil sensuel et amoureux.

Au-delà d’un roman indécent, cette oeuvre dresse aussi le portrait d’une Angleterre fracturée par la lutte des classes. Sous cette liaison sensuelle se cache la collusion entre deux mondes l’un aristocratique l’autre issu de la classe ouvrière. Si j’ai trouvé quelques longueurs durant ma lecture, je ne peux que saluer ce roman transgressif qui a su provoquer une émancipation sexuelle et sociale.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Ce fut une étonnante nuit de passion sensuelle ; elle fut un peu effrayée et entraînée presque malgré elle, et pourtant transpercée encore de perçants frissons de sensualité, différents, plus aigus, plus terribles que les frissons de tendresse, mais, au moment même, plus désirables. Quoiqu’un peu effrayée, elle ne s’opposa à rien, et une sensualité sans frein et sans honte la secoua jusqu’au fond d’elle-même, la dépouilla de ses derniers voiles, en fit une femme nouvelle »

« La vie était toujours un rêve, ou une folie, enfermée dans un endroit clos »

Le diable au corps – Raymond Radiguet (1923)

Et si nous parlions d’un amour né durant la Première Guerre mondiale ?

François, jeune lycéen, perçoit la guerre des tranchées comme « quatre ans de vacances ». Les hommes sont partis au front et il profite librement de son innocence. Lorsqu’il fait la connaissance de Marthe, il est comme foudroyé par un amour tendre et aussi fougueux que sa jeunesse. Marthe fiancé à Jacques, lui paraît cependant inaccessible.

Quand Jacques part au front, François parvient à conquérir le coeur de cette femme de trois ans son ainée. Rapidement Marthe cède à l’élan passionné qui la porte vers le jeune François. Face aux voisins inquisiteurs ou aux reproches familiaux, leur amour parviendra-t-il à demeurer dans l’insouciance ?

Je n’ai pas été complètement conquise par ce court récit. Si les ébats de cette jeunesse fougueuse sont retranscrits par une plume impeccable, ce roman a pour ma part manqué d’émotion. Je ne regrette pas d’avoir enfin découvert ce classique même si je n’ai éprouvé qu’une empathie modérée pour son héros désinvolte.

Ma note :

Note : 2 sur 5.

Citations :

« Je vais encourir bien des reproches. Mais qu’y puis-je? Est-ce ma faute si j’eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre? Sans doute, les troubles qui me vinrent de cette période extraordinaire furent d’une sorte qu’on n’éprouve jamais à cet âge ; mais comme il n’existe rien d’assez fort pour nous vieillir malgré les apparences, c’est en enfant que je devais me conduire dans une aventure où déjà un homme eût éprouvé de l’embarras. Je ne suis pas le seul. Et mes camarades garderont de cette époque un souvenir qui n’est pas celui de leurs aînés. Que ceux déjà qui m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances « 

« Ce qui chagrine, ce n’est pas de quitter la vie, mais de quitter ce qui lui donne un sens »

Jane Eyre – Charlotte Brontë (1847)

Et si nous parlions d’un classique incontournable ?

Dans ce roman initiatique, Charlotte Brontë nous raconte la vie de Jane Eyre, une femme aussi docile qu’indomptable.

Enfant recueillie par sa tante, Jane a depuis toujours été maltraitée. Méprisée, elle n’a jamais réussi à trouver auprès d’elle l’affection maternelle. Brutalisée par ses cousins, Jane n’a qu’une seule idée en tête : fuir cette famille qui l’a rejetée.

Envoyée dans le pensionnat de Lowood, elle connaît entourée d’autres orphelines une vie rude faite de privations. Malgré cette éducation rigide et religieuse, elle éprouve les premiers élans de l’amitié. A la fin de ses études, Jane intègre le manoir de Thornfiled où elle devient préceptrice auprès d’Adèle, une jeune fille gaie et affectueuse. Edouard Rochester, le propriétaire de ce domaine bourgeois est un homme sombre, charismatique et magnétique. Leur rencontre viendra bouleverser la vie de Jane.

Pour construire son récit, Charlotte Brontë a puisé dans des aspects personnels de sa vie. Cette intimité donne d’autant plus de force au personnage de Jane, une femme pleine de paradoxes. La force de caractère, l’intelligence et la douceur de Jane Eyre font d’elle un des personnages les plus emblématiques de ma vie de lectrice. Grâce à la plume magnifique de Charlotte Brontë, j’ai partagé à l’unisson les sentiments de Jane ainsi que son attirance pour l’indécelable et fascinant Edouard Rochester. La passion qui les unit transcende tout le roman.

J’ai été complètement transportée par ce classique aux connotations lyriques dont on se délecte à chaque page.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« Je puis vivre seule, si le respect de moi-même et les circonstances m’y obligent; je ne veux pas vendre mon âme pour acheter le bonheur ».

« Je ne suis pas un oiseau, je ne suis prise en aucun filet ; je suis un être humain, libre, avec une volonté indépendante, qui se manifeste dans ma décision de vous quitter »

« Il me semble avoir là, à gauche, quelque part sous les côtes, un lien étroitement et inextricablement noué à un lien identique qui part d’un même point de votre petite personne ».

Graziella – Alphonse de Lamartine (1849)

Et si nous abordions un étincelant joyaux poétique ?

Avec Graziella, Alphonse de Lamartine choisit de mettre en lumière l’éclosion d’un sentiment amoureux dans un décor italien envoûtant.

Le narrateur, un jeune homme de vingt-ans est envoyé par sa famille en Italie. Ce voyage initiatique et culturel débute à Florence et se poursuit jusqu’à Naples. Accompagné de son ami et acolyte, Aymon de Virieu, le jeune homme rencontre un modeste pêcheur, Andrea, et son petit fils. Envoûtés par leur mode de vie au plus proche de la nature, ils décident d’embarquer avec eux et de s’imprégner du métier de pêcheur.

A la suite d’une terrible tempête, ils dérivent jusqu’à l’île de Procida et rencontrent pour la première fois, la bouleversante et majestueuse, Graziella. D’une beauté à la fois sauvage et pure, elle éveille chez le narrateur un profond attachement…

Dans ce court récit aux accents mélancoliques, Alphonse de Lamartine nous propose de contempler avec lui l’Italie. J’ai été ensorcelée par ce roman d’une grande poésie porté par une plume de toute beauté.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« La preuve que la liberté est l’idéal divin de l’homme, c’est qu’elle est le premier rêve de la jeunesse, et qu’elle ne s’évanouit dans notre âme que quand le coeur se flétrit et que l’esprit s’avilit ou se décourage ».

« C’était la côte dentelée et à pic de la charmante île d’Ischia, que je devais tant habiter et tant aimer plus tard. Elle m’apparaissait, pour la première fois, nageant dans la lumière, sortant de la mer, se perdant dans le bleu du ciel, et éclose comme d’un rêve de poète le léger sommeil d’une nuit d’été… »

« L’amour vrai est le fruit mûr de la vie. À dix-huit ans, on ne le connaît pas, on l’imagine. Dans la nature végétale, quand le fruit vient, les feuilles tombent ; il en est peut-être ainsi dans la nature humaine. Je l’ai souvent pensé depuis que j’ai compté des cheveux blanchissants sur ma tête. Je me suis reproché de n’avoir pas connu alors le prix de cette fleur d’amour. Je n’étais que vanité. La vanité est le plus sot et le plus cruel des vices, car elle fait rougir du bonheur ! »

Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla – Jean-Christophe Rufin (2019)

Et si nous faisions la connaissance d’un couple fantasque ?

Cette oeuvre dresse le portrait de deux êtres hors du commun reliés par leurs séparations et retrouvailles éternelles.

Lors de son voyage en Ukraine en 1958, Edgar croise le regard de Ludmilla. Foudroyé par l’intensité de cette rencontre sans qu’un mot ne soit échangé, Edgar retourne en France avec une seule idée en tête : retrouver Ludmilla. Il organise un nouveau voyage afin de la conquérir en usant de son charme et de sa désinvolture.

S’il s’est érigé en sauveur, leur relation va évoluer. Sans se connaître ils débutent une vie commune fragile en France. Ludmilla ne parle pas un mot de français mais s’acclimate rapidement à cette nouvelle vie. Leur destinée atypique va les séparer et les réunir dans un ballet amoureux aussi sensuel que chaotique.

Avec une écriture fine et fluide, Jean-Christophe Rufin révèle cet amoureux tumultueux et nous emporte facilement auprès de ce couple flamboyant. Si je n’ai pas été totalement transportée, je garde un bon souvenir de ce couple étincelant.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Ce n’était pas un baiser fougueux, impudique, comme en échangent de jeunes épousés impatients de se découvrir. Ce n’était pas non plus le baiser convenu d’êtres calmés dans leurs ardeurs et détachés de la chair. C’était une longue étreinte, déchirante de tendresse et de douleur, le symbole pour tous ceux qui en étaient les témoins, de ce que la condition humaine recèle de plus tragique : l’amour à l’épreuve de l’ultime séparation. L’éternité du sentiment et la finitude des corps »

« Ils s’étreignirent, envahis l’un et l’autre par la sensation d’être à nouveau complet dans le monde »