Et si la sexualité était le dernier rempart contre le vieillissement ?
Avec le même plaisir renouvelé, je me suis plongée dans une oeuvre de Philip Roth.
Devenu un de mes auteurs phares, j’ai découvert avec délice « La bête qui meurt », court roman paru en 2001.
A l’aube de sa vieillesse, David Kepesh, âgé de 62 ans est un professeur émérite. Eternel séducteur, il n’a de cesse de prôner une liberté sexuelle exacerbée et multiplie les conquêtes féminines.
Comme à son habitude, il rencontre une de ses étudiantes, Consuela Castillo, une pétillante jeune femme de vingt-quatre ans. Issue d’une riche famille cubaine, elle est éprise de culture et très vite fascine David Kepesh qui s’éprend de son inégalable beauté.
David Kepesh vacille sous le coup de cette rencontre qui le renvoi à son inéluctable vieillissement.
Pour la première fois, il est complètement bouleversé par cette belle ingénue encore candide et s’enferme dans une relation déséquilibrée et dépendante.
Il commence à connaître les affres de la jalousie, sa relation avec Consuela Castillo n’ayant de cesse de le renvoyer vers la peur de sa propre mort.
Certes, comme tout roman de Philip Roth, la sexualité est très prégnante. Si on peut trouver ce thème banal, pour autant, ce récit nous en dit bien plus. J’ai aimé l’extrême sincérité de ce roman qui nous laisse réfléchir sur la révolution sexuelle dans une Amérique puritaine et au-delà sur le vieillissement et la mort. Ainsi, le rapport à la sexualité du narrateur s’apparente à un véritable souffle de vie.
En effet, la sexualité exacerbée comme seule rempart face au vieillissement du corps est extrêmement bien amenée durant tout le roman.
Finalement David Kepesh par cette dernière relation voluptueuse se remémore également son passé : ses rapports houleux à son fils, ses difficultés à nouer des relations amicales et surtout sa profonde solitude.
Contre toute attente et derrière les passages incontestablement crus, Philip Roth nous livre, avec une très belle plume, un roman émouvant et nous questionne sur notre rapport au corps et au temps.
Ma note :
Citations :
« Ce n’est pas le sexe qui corrompt l’homme, c’est tout le reste. Le sexe ne se borne pas à une friction, à un plaisir épidermique. C’est aussi une revanche sur la mort ».
« Figure-toi la vieillesse en ces termes : tu risques ta vie au quotidien. Tu n’échappes pas à la conscience de ce qui t’attend à brève échéance, ce silence qui va t’entourer pour toujours. A part ça, c’est pareil. A part ça, on est immortel tant qu’on est vivant »
