Le bouquiniste Mendel – Stefan Zweig (1929)

Et si nous nous autorisions un instant de plénitude avec la plume de Zweig ?

Stefan Zweig est un auteur qu’on ne présente plus et dont le style inimitable a accompagné, sans cesse, mon amour de la littérature.

Jakob Mendel, bouquiniste, passe ses journées attablé dans un recoin du café Gluck. Les heures s’écoulent ainsi et se ressemblent, Jakob se plongeant inlassablement dans ses livres. Coupé du monde, il ne prête aucune attention à l’agitation qui règne dans l’établissement. Il demeure hypnotiquement captivé par sa lecture et rien ne semble pouvoir l’en détacher.

Disposant d’une mémoire stupéfiante, son esprit s’apparente à un gigantesque catalogue, regroupant tous les livres. Ses talents lui donnent la possibilité unique de trouver n’importe quel ouvrage et font de lui un homme précieux pour de nombreux intellectuels.

La première guerre mondiale vient mettre en péril l’univers tout entier de Jakob Mendel qui fera face, pour la première fois de son existence, à la réalité du monde.

Encore une fois, avec ce très court récit, Stefan Zweig m’a littéralement ensorcelée. En quelques lignes, il sait retranscrire toute la psychologie de son personnage et crée un véritable attachement à celui-ci. Une plume incomparable que je ne me lasse jamais de redécouvrir.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations : 

« On ne fait les livres que pour unir les hommes par-delà la mort et nous défendre ainsi contre les adversaires les plus implacables de toute vie : l’évanescence et l’oubli »

Le loup des steppes – Hermann Hesse (1927)

Et si nous évoquions un conte philosophique ?

Avec « Le loup des Steppes », Hermann Hesse nous interroge sur la complexité de l’âme humaine.  Thomas Mann écrivait à propos de cet ouvrage « Ce livre m’a réappris à lire ». Multipliant les registres, ce récit profondément inventif et fou donne à réfléchir.

Harry Haller intègre une pension bourgeoise et étonne sa nouvelle logeuse et son neveu. Derrière son apparente politesse, Harry cache un semblant de moquerie face au monde. Sa chambre débordante de livres est hors du temps. Il a fait le choix de s’intéresser strictement à l’intellect et s’évertue, chaque jour, à rester couper du monde.

Il se désigne lui-même comme « un loup des steppes » et revendique une double personnalité. Derrière l’homme poli qui s’est adapté au monde et semble presque rassuré par un milieu bourgeois qu’il exècre se cache un loup. Solitaire, l’animal en lui réprouve les hommes et s’isole. Face à ce conflit intérieur, une seule issue semble viable : la mort. 

Harry Haller oscille entre l’envie de mettre fin à ses jours et la peur de la mort. Errant dans la ville avec ses idées noires, il fait la connaissance d’Hermine, une femme énigmatique et splendide qui le pousse dans ses retranchements. Véritable homologue féminine, elle bouleverse son existence et l’initie à la vie.

Au-delà d’un simple roman, ce traité touche presque au récit philosophique. Ainsi, Hermann Hesse aborde, avec une profonde justesse, la conception erronée de l’unité humaine. L’illusion que l’homme ne fait qu’un serait vouée à l’échec. Ainsi, l’homme se composerait plutôt d’une diversité d’âmes bien distinctes. La dichotomie de l’âme d’Harry entre l’homme et le loup semble ainsi bien simpliste. Finalement, l’humain s’avèrerait bien plus complexe et polymorphe.

J’ai beaucoup aimé la densité de ce texte audacieux, véritable base de réflexion existentialiste, il pousse à l’introspection.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« Etait-il même possible qu’un tel bonheur, fugace, mais intense, éprouvé en de rares occasions, absorbât tous les maux et représentât une richesse supplémentaire ? »

« En tant que corps, chaque homme est un ; en tant qu’âme, il ne l’est jamais »

« Vous devez vivre et apprendre à rire. Vous devez apprendre à écouter cette satanée musique radiophonique de la vie, à vénérer l’esprit qui transparaît derrière elle, à vous moquer de tout le tintamarre qu’elle produit. C’est tout ; on ne vous en demande pas plus »

Le consentement – Vanessa Springora (2020)

Et si nous évoquions un témoignage bouleversant et courageux ?

Vanessa Springora a treize ans lorsqu’elle devient la proie d’un prédateur : Gabriel Matzneff. Dans cet ouvrage, elle dépeint cette relation d’emprise et la retrace en plusieurs actes.

Son témoignage débute par le récit d’une enfance brisée où un père absent a laissé un vide insondable.

Lors d’une soirée où se rencontre les personnalités du monde littéraire, Vanessa Springora fait la connaissance d’un écrivain, G. Être intouchable par sa célébrité et par son intellect, c’est un regard plein de désir qu’il pose sur l’adolescente. Puis, la domination se tisse autour des mots par l’afflux de lettres où il lui déclare son amour.

G. se dresse en mentor et remplace une figure paternelle dramatiquement absente. Il se place comme le seul homme capable de l’initier à la sexualité. Puis, elle arrive peu à peu à se détacher de cette relation dépendante et parvient à s’en libérer.

Enfin, Vanessa Springora nous livre l’empreinte indélébile laissée par cet homme sur sa vie de femme. Elle décrit les traces profondes et traumatiques qui marqueront à jamais son corps et son âme.

Déflagration dans le milieu littéraire, ce livre loin d’un acte de vengeance est avant tout thérapeutique. Vanessa Springora par l’écriture cherche à se reconstruire. Cette relation d’emprise par la littérature l’a détournée des mots. Ce roman, véritable processus de résilience, lui a permis de renouer avec l’écriture.

Avec stupéfaction, nous découvrons l’impunité dont Gabriel Matzneff a bénéficié pendant tant d’années. Au-delà d’une parole enfin libérée, Vanessa Springora mène également une réflexion élégante et digne sur la notion de consentement.

Un livre qui se lie en quelques heures et qui invite, par les mots, à une prise de conscience nécessaire.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Depuis tant d’années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. Jusqu’au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre ».

« Notre amour était un rêve si puissant que rien, pas un seul des maigres avertissements de mon entourage, n’avait suffi à m’en réveiller. C’était le plus pervers des cauchemars. C’était une violence sans nom ».

La conjuration des imbéciles – John Kennedy Toole (1980)

Et si nous évoquions l’un des personnages les plus exécrables de la littérature américaine ?

Ignatius Reilly a tout pour plaire, il est irascible, paresseux, arrogant, colérique, odieux et disgracieux.

A plus de trente ans, il vit toujours avec sa mère à la Nouvelle Orléans et passe la moitié de ses journées vautré sur son lit. Son égo surdimensionné lui donne la certitude de son talent d’écrivain, il noircit d’innombrables carnets où il dépeint la stupidité de ses congénères. Ignatius entretient également des correspondances véhémentes avec son unique amie : Myrna Minkoff, une jeune femme extravagante et déjantée.

Enlisé avec sa mère dans une situation financière précaire, un accident de la route va alourdir leur dette et le contraindre à travailler. Ces tentatives pour chercher un emploi se soldent par des frasques successives. Il parvient finalement à trouver un travail dans une petite entreprise : « Pantalons Levy ».  A cette occasion, il fera la connaissance de personnages burlesques et loufoques.

Dans ce roman culte de la littérature américaine, John Kennedy Toole dresse le portrait d’un homme intelligent mais profondément névrosé et asocial. Ses rapports à autrui sont chaotiques. Imbuvable, il engendre la désolation autour de lui et met chaque jour les nerfs de sa mère à rude épreuve.

Avec une plume pleine d’humour, John Kennedy Toole dépeint des personnages excentriques tous plus drôles les uns que les autres et nous emporte facilement dans son univers truculent. Ignatius, cet anti-héros grotesque a fait de ce livre, un roman indiscutablement inclassable.

J’ai été charmée et j’ai incontestablement ri face à l’originalité de ce livre. Ignatius est unique mais demeure antipathique et agaçant durant tout le roman et n’a pas réussi à me toucher en plein coeur.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations : 

« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui »

« Décidé à ne fréquenter que mes égaux, je ne fréquente bien évidemment personne puisque je suis sans égal » 

Jonas ou l’artiste au travail – Albert Camus (1957)

Et si nous évoquions la plume magistrale de Camus ?

Ce recueil est composé de deux nouvelles : « Jonas ou l’artiste au travail » suivi de  » La pierre qui pousse ».

Dans la première nouvelle, Camus dépeint le travail d’un artiste peintre. Jonas est guidé par sa bonne étoile, elle semble le conduire vers le chemin de la réussite. Toujours à ses côtés elle a fait de lui : un peintre reconnu.

Peu à peu, son atelier devient un lieu propice aux rencontres. Artistes, disciples, amis et connaissances viennent constater son talent et l’avancée de son oeuvre. Cette effervescence va le mener jusqu’à l’asphyxie et vient mettre en péril ses talents artistiques…

Dans la seconde nouvelle, le lecteur est plongé dans une mission au coeur du Brésil. Un ingénieur français est confronté aux pouvoirs mystiques. Il va se lier d’amitié avec à l’un des habitants du village et sera le témoin de transes ancestrales.

Deux nouvelles aux univers bien distincts mais toutes les deux menées par une écriture incroyable. Camus nous enchante à nouveau dans ses deux courts récits.

J’avoue avoir été davantage conquise par « Jonas ou l’artiste au travail » qui révèle avec justesse le milieu artistique et donne à réfléchir sur la place des artistes dans notre société. Même si je préfère largement ses romans, j’ai aimé cette douce pause avec Camus.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations : 

« Il était difficile de peindre le monde et les hommes et, en même temps, de vivre avec eux »

« Sa propre foi, pourtant n’était pas sans vertus, puisqu’elle consistait à admettre, de façon obscure qu’il obtiendrait beaucoup sans jamais rien mériter »

La nuit de l’oracle – Paul Auster (2003)

Et si nous évoquions un récit mêlant fiction et réalité ?

Chaque écrivain rêve de trouver l’inspiration et un carnet peut insuffler parfois cet élan littéraire.

En convalescence après un long séjour à l’hôpital, Sidney Orr découvre dans une charmante et minuscule papeterie, tenue par Monsieur Chang, un carnet bleu plein de promesses. Il fait l’acquisition de ce carnet sans prétention mais qui lui redonne l’envie d’écrire.

Lorsqu’il regagne son appartement new-yorkais et que les premiers mots jaillissent sur le papier un torrent d’inspiration l’inonde tout d’un coup.

Sidney Orr retrouve ainsi cette frénésie littéraire qui l’avait quitté et débute une captivante fiction.

Son personnage s’appelle Nick Bowen, il est éditeur et vit également à New-York. Enlisé dans une routine conjugale et un travail qui l’ennuie, il ressent une attirance pour une autre femme. Lorsqu’il échappe de justesse à la mort, Nick décide de recommencer sa vie et de prendre un aller simple pour Kansas City. Lors de son voyage, il lit un manuscrit « La nuit de l’Oracle », le roman oublié d’une écrivaine décédée.

Ainsi, dans ce roman se mêle trois personnages et plusieurs récits.

Tels des poupées russes, les trois romans vont s’entrêmeler et se répondre mutuellement avec une grande fluidité. Paul Auster nous transporte entre réalité et fiction et nous fait découvrir des personnages aux contours remarquables.

Avec beaucoup d’ingéniosité, il interroge son lecteur sur le rapport au hasard, au destin et au processus de création littéraire.

Avec une grande puissance narrative, Paul Auster nous offre un livre captivant. Je reste séduite par cette première découverte et j’ai hâte de me plonger davantage dans son oeuvre.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Citations :

« C’était au meilleur des temps, c’était au pire des temps, c’était l’âge de la sagesse, c’était l’âge de la sottise, c’était l’époque de la foi, c’était l’époque de l’incrédulité, c’était la saison de la Lumière, c’était la saison des Ténèbres, c’était le printemps de l’espérance, c’était l’hiver du désespoir, nous avions tout devant nous, nous n’avions rien devant nous… »

« Les pensées sont réelles, disait-il. Les mots sont réels. Tout ce qui est humain est réel et parfois nous savons certaines choses avant qu’elles ne se produisent, même si nous n’en avons pas conscience. Nous vivons dans le présent, mais l’avenir est en nous à tout moment. Peut-être est-ce pour cela qu’on écrit, Sid. Pas pour rapporter des événements du passé, mais pour en provoquer dans l’avenir »

Des souris et des hommes – John Steinbeck (1937)

Et si nous évoquions un grand classique de la littérature américaine ?

En quelques pages, John Steinbeck, avec une écriture d’une beauté implacable, nous offre un récit inoubliable !

Georges et Lennie parcourent ensemble la Californie. Allant de ferme en ferme, ils sont recrutés pour divers travaux en attendant le jour béni où ils pourront économiser assez d’argent pour être propriétaires de leur propre ferme.

Lennie ne dispose pas de toute l’intelligence de Georges mais il sait parfaitement user de ses bras. Immense colosse, il parvient sans mal à accomplir les travaux les plus harassants. Georges est vif d’esprit et veille chaque jour sur Lennie atteint d’un retard intellectuel.

Leur route va les conduire aux abords d’une nouvelle ferme. Très vite, ils font la connaissance de Curley, le fils du patron, qui semble bien décidé à leur faire du tort…

Au fil des pages, nous découvrons le personnage si émouvant de Lennie, sa tendresse et son innocence mais aussi, l’amitié inébranlable qui lie les deux hommes. Georges n’aura de cesse de protéger Lennie contre la dureté des hommes mais également contre lui-même…

John Steinbeck retrace avec brio, la grande dépression des années 30. Mais au-delà, la trame dramatique et l’étude minutieuse et pleine d’émotion de chacun des personnages m’a particulièrement bouleversée.

J’ai également été marquée par la simplicité de ce texte. En quelques mots et avec une facilité presque déconcertante, John Steinbeck arrive à nous en dire énormément sur notre rapport au monde, notre vision de l’Amérique mais plus encore sur la force des rapports humains.

Avec une plume somptueuse, John Steinbeck nous livre un roman court mais pourtant d’une infinie richesse. Je ne peux que vous conseiller ce classique indispensable qui frise la perfection.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Citations : 

« Ce qui compte, c’est parler, C’est être avec un autre. Voilà tout. »

« Les choses que nous admirons le plus dans l’humain : la bonté, la générosité, l’honnêteté, la droiture, la sensibilité et la compréhension, ne sont que des éléments de faillite, dans le système où nous vivons. Et les traits que nous détestons : la dureté, l’âpreté, la méchanceté, l’égoïsme, l’intérêt purement personnel sont les éléments mêmes du succès. L’homme admire les vertus des uns et chérit les actions des autres. »

Chéri – Colette (1920)

Et si nous évoquions la plume libre et sensuelle de Colette ?

Avec ce court roman, Colette nous transporte au coeur du milieu bourgeois des années 20, avec des mets délicats, des verres en cristal, des chambres finement décorées et une atmosphère empreinte de sensualité.

Fred Peloux surnommé « Chéri »  est un jeune homme désabusé au physique parfait. Juvénile, son visage d’ange ravit toutes les femmes. Etonnement, sa maîtresse est une amie de sa mère, Léa de Lonval. Une courtisane bien plus âgée qui a conservé tout son charme.

Restée flamboyante, Léa à la fois mère et amante pour Chéri, entretient cette liaison depuis plusieurs années.

Mais Chéri, promis à une autre femme, doit s’éloigner de sa maîtresse. Cette rupture soudaine sera synonyme de désillusions et de regrets pour les deux amants…

Avec une écriture fine et si libre pour son époque, Colette nous dresse le portrait d’un couple, à la fois follement moderne mais aussi ancré dans les années 20. Ainsi, au-delà de nous interroger sur la différence d’âge qui peut exister entre un homme et une femme, Colette nous renvoie également à notre vision d’une beauté qui s’étiole avec le temps.

Un roman que j’aurai finalement préféré plus long avec des détails supplémentaires s’agissant de la psychologie des personnages.

Toutefois, l’écriture est agréable et j’ai aimé me plonger dans cet univers bourgeois et sensuel si bien retranscrit par Colette.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« L’hommage silencieux des femmes le suivait, les plus candides lui dédiaient cette stupeur passagère qu’elles ne peuvent ni feindre, ni dissimuler. Mais Chéri ne regardait jamais les femmes dans la rue »

« Ces abandons de l’après-midi l’écoeuraient. Jamais son jeune amant ne l’avait surprise défaite, ni le corsage ouvert, ni en pantoufles dans le jour. « Nue, si on veut », disait-elle, « mais pas dépoitraillée » »

Par les routes – Sylvain Prudhomme (2019)

Et si nous voyagions ensemble par les routes ?

Le narrateur, Sacha, a plus de quarante ans, lorsqu’il s’installe pour la première fois à V. Ce village du sud-est de la France a tout d’un havre de paix à proximité de la nature. Il est venu y puiser l’inspiration et semble bien décidé à écrire.

Dès son arrivée, Sacha retrouve, par hasard, un ami de jeunesse : « l’autostoppeur ». Il renoue peu à peu avec cet homme charismatique et épris de liberté. A la différence de Sacha, l’autostoppeur semble avoir construit un foyer stable : il s’est marié et a eu un enfant.

Pour autant, l’autostoppeur n’a jamais cessé d’assouvir son originale passion : faire du stop à travers la France. Ainsi, fréquemment, il prend les routes. Ce n’est pas véritablement la destination qui l’intéresse mais avant tout le voyage. Il rencontre des hommes et femmes différents mais qui ont tous en commun d’avoir un jour accepté de le prendre en stop.

Si l’autostoppeur a toujours pris pour habitude de s’échapper quelques jours afin de sillonner les routes de France. Peu à peu ses voyages vont s’accentuer et s’allonger. Ainsi, son épouse Marie et son fils Agustin attendent inlassablement son retour. Sacha comble le vide laissé par le départ de son ami et se rapproche de Marie et Agustin. L’un reste et l’autre part.

Malgré cette place grandissante prise par Sacha auprès de sa famille, l’autostoppeur poursuit ses errances comme si l’appel de la liberté était plus fort.

J’ai été désarçonnée par le personnage de l’autostoppeur. Comment comprendre ce qui le pousse à s’échapper ? Désir de liberté ou fuite de son quotidien ? Ses motivations restent quelque peu obscurs durant tout le roman.

Néanmoins, j’ai découvert un beau roman rempli de charme. La plume de Sylvain Prudhomme est fluide, douce et nous emporte avec une très grande facilité jusqu’à la dernière ligne.

J’ai aimé l’originalité de ce roman qui finalement nous questionne sur notre rapport à la liberté mais aussi au quotidien. Il nous interroge, plus globalement, sur le sens que chacun veut donner à sa propre vie.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations : 

« Vivre c’est maintenir entier le petit nuage que nous formons, malgré le temps qui passe, malgré les bonnes et les mauvaises rencontres. C’est réussir à faire tenir ensemble toutes les petites gouttes de vapeur qui font que ce nuage c’est nous, et personne d’autre ».

« J’ai demandé de quoi le livre parlait. Toujours de la même chose. La vie qui passe. Le temps qui s’en va. C’est tout simple, il n’y a jamais rien de spectaculaire. Simplement les hommes et les femmes qui naissent, grandissent, désirent, deviennent adultes, aiment, n’aiment plus, renoncent à leurs rêves, au contraire s’y accrochent, vieillissent. S’en vont peu à peu, remplacés par d’autres »

La part manquante – Christian Bobin (1989)

Et si nous évoquions un récit fragmentaire ?

Je me suis attelée à la lecture d’un livre de Christian Bobin : « la part manquante ». Ce texte d’une grande originalité, au carrefour de la poésie et du recueil de pensées, m’a fait découvrir le travail hors du temps de Christian Bobin.

Il me semble ardu de vous faire un résumé de ce texte tant il est parcellaire. Ce livre nous donne à réfléchir sur les rapports entre la mère et son enfant mais plus largement sur l’amour, l’enfance, le rapport à Dieu, au silence et aux mots.

Composé de onze récits brefs, ce recueil nous questionne sur cette part manquante : le vide laissé pour une mère après le départ d’un enfant, l’amour qui s’éteint, la part de soi qui s’évanouit.

Un récit nébuleux dont j’en suis ressortie presque en lévitation transportée par un style brillant.

J’éprouve des difficultés à retranscrire le contenu de cette lecture qui laisse une véritable impression de parenthèse poétique. Si je suis restée profondément admirative de son écriture, je n’ai pas réussi à être marquée par ses pensées.

Je n’ai pas été pleinement touchée par ce recueil mais je ne peux que saluer la plume de Christian Bobin. Elle m’a donné envie de réaliser une nouvelle tentative afin d’appréhender son oeuvre.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations : 

« Le temps passé dans l’amour n’est pas du temps, mais de la lumière, un roseau de lumière, un duvet de silence, une neige de chair douce »

« Ce n’est pas pour devenir écrivain qu’on écrit. c’est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour »