L’Usure d’un monde : Une traversée de l’Iran – François-Henri Désérable (2023)

Et si nous partions pour l’Iran ?

À l’image de son modèle Nicolas Bouvier, François-Henri Désérable s’aventure dans une traversée périlleuse et dangereuse en Iran.

Suite à la mort en détention de Mahsa Amini, le pays connaît un grand mouvement de révolte et une importante répression du régime islamique. Malgré les avertissements et les menaces qui planent sur le pays, l’écrivain décide d’entreprendre ce voyage.

A la rencontre de la population iranienne, François-Henri Désérable entrevoit les contrastes de ce pays et les élans de révoltes qui surgissent dans toutes les régions d’Iran. Le mouvement « femme, vie, liberté » prend de l’ampleur et les cris « Mort au dictateur » résonnent dans tout le pays. François-Henri Désérable pourra-t-il achever son séjour ?

Dans ce récit de voyage foisonnant, François-Henri Désérable retranscrit toute l’atmosphère d’un pays en pleine mutation. Entre espoir et oppression, nous vivons à l’unisson les bouleversements du peuple iranien.

Ma note

Note : 4.5 sur 5.

Citations

« Même si l’abri de ta nuit est peu sûr

et ton but encore lointain

sache qu’il n’existe pas

de chemin sans terme

Ne soit pas triste »

« Il semble qu’il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu’on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté », Kundera

Terre des hommes – Antoine de Saint-Exupéry édition illustrée par Riad Sattouf (2025)

Et si nous redécouvrions un classique ?

Dans cette nouvelle édition de « Terre des hommes » d’Antoine de Saint-Exupéry, illustrée par Riad Sattouf, le dessinateur propose une vision envoûtante de ce récit de voyages emblématique.

Grâce à ses illustrations, Riad Sattouf donne un nouveau souffle à ce classique de la littérature et nous promet une évasion entre ciel et terre. Dans ce récit, Antoine de Saint-Exupéry partage sa vision du monde et ses expériences d’aviateur. En proposant ses dessins, Riad Sattouf témoigne de l’attachement profond qu’il porte à cette œuvre qu’il n’a jamais cessé de lire.

Je n’avais pas été totalement conquise lors de ma première découverte de ce texte hybride, oscillant entre roman philosophique et récit de voyages, mais cette somptueuse réédition lui redonne force et vitalité. Un magnifique objet littéraire à glisser sous le sapin.

Ma note

Note : 3.5 sur 5.

Citation

« Ainsi va la vie. Nous nous sommes enrichis d’abord, nous avons planté pendant des années, mais viennent les années où le temps défait ce travail et déboise. Les camarades, un à un, nous retirent leur ombre. Et à nos deuils se mêle désormais le regret secret de vieillir ».

Voyage avec un âne dans les Cévennes – Robert Louis Stevenson (1879)

Et si nous partions en voyage avec un âne ?

Dans ce court récit de voyage, Robert Louis Stevenson nous propose un périple dans la nature en compagnie d’un âne.

Le narrateur relate une traversée de plusieurs jours dans les Cévennes, du Puy-en-Velay jusqu’à Alès. Cette région de France reculée et rurale promet un véritablement dépaysement pour cet Écossais.

Il entreprend ce voyage, en solitaire et à pied, après avoir fait l’acquisition de Modestine, un âne. Au début de son parcours, Stevenson, maladroit avec Modestine, ne parvient pas à la maîtriser. Démuni, il use de la force et de châtiments violents pour dominer l’animal. Au fil du voyage, une certaine accalmie se dessine entre eux. Tout d’abord dubitatif face à ce qui l’entoure, Stevenson se laisse séduire par la beauté des paysages et se surprend à dormir plusieurs nuits à la belle étoile pour communier avec la nature. Il prend également le temps de faire étape dans un monastère et partage ses réflexions autour de la religion. Face à la beauté des paysages, Stevenson trouvera-t-il la sérénité ?

Malheureusement, je n’ai adhéré à ce récit de voyage. Malgré le style indéniable et le ton caustique et espiègle de l’ouvrage, je me suis ennuyée. Je n’ai pas perçu une véritable harmonie entre l’homme et l’animal, et les réflexions intérieures de Stevenson m’ont laissée indifférente.

Ma note

Note : 1.5 sur 5.

Citations

« Il n’y a qu’un voyageur, qui surgit là comme un évadé d’une autre planète, à pouvoir goûter exactement la paix et la beauté de la grande fête ascétique. La vue de la contrée au repos lui fait du bien à l’âme. Il y a quelque chose de meilleur que la musique dans le vaste silence insolite, et qui dispose à d’agréables pensées comme le bruit d’une mince rivière ou la chaleur du clair soleil ».

« Quand à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L’important est de bouger, d’éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le lit douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants »

Une rose seule – Muriel Barbery (2020)

Et si nous entamions un voyage à Kyoto ?

A la mort de son père, Rose part à Kyoto sur les traces d’un père qu’elle n’a jamais connu. Elle s’installe dans sa maison et s’imprègne peu à peu de l’atmosphère qui se dégage des lieux. Marchand d’art, son père avait une vie très établie à Kyoto. Il n’a pour autant jamais oublié l’existence de sa fille Rose. Tout d’abord assaillie par la colère vis-à-vis de cet homme resté dans l’ombre, elle va s’approprier son passé.

Lors de son séjour, elle rencontre Paul, l’assistant de son père, qui lui sert de guide et avec qui elle tisse peu à peu une relation forte. Jusqu’où la quête de ses origines va-t-elle la conduire ?

Dans ce court récit, tout en pudeur, Muriel Barbery dresse l’itinéraire d’une femme à la découverte d’elle-mêmeSi ce roman à l’écriture délicate ne m’a pas profondément marquée dans le portrait de ses personnages, j’en garde un beau souvenir de lecture tout en raffinement.

Ma note

Note : 2.5 sur 5.

Citations

« Si on n ‘est pas prêt à souffrir, dit-elle, on n’est pas prêt à vivre ».

« Sa jeune vie avait été morose. Celles des autres lui paraissaient chatoyantes et gracieuses, la sienne, lorsqu’elle y songeait, la fuyait comme l’eau sur la paume. Quoiqu’elle eût des amis, elle les aimait sans élan ; ses amants traversaient le paysage comme des ombres, ses jours se passaient à fréquenter des silhouettes indécises ».

« Elle se sentait assommée de beauté, de minéralité et de bois ; tout lui était torpeur, tout lui était intense »

Roman fleuve – Philibert Humm (2022)

Et si nous partions à l’aventure ?

Philibert Humm nous propose une exploration en canoë sur la Seine. Avec deux compères, il décide de remonter la Seine dans un canot de Paris à Honfleur. Cette traversée jusqu’à la mer sera synonyme d’un voyage loufoque, drôle et inventif.

Les trois amis débutent leur périple par l’acquisition d’une embarcation fragile ayant appartenu selon le vendeur à Véronique Sanson. L’anecdote est tellement belle qu’il n’hésite plus à acquérir ce rafiot en l’agrémentant d’une toile de douche pour entreprendre cette aventure.

Au fil du fleuve, ils font la connaissance de personnages atypiques et explorent des lieux oubliés. Sylvain Tesson leur propose même une pause champêtre dans leur périple. Dans ce récit rafraichissant, Philibert Humm nous raconte un voyage parsemé d’évènements insignifiants mais qui donnent une saveur unique à cette entreprise. Un roman drôle explorant la force de l’amitié et de la liberté que je vous recommande pour changer d’air.

Merci aux éditions Folio pour cet envoi.

Ma note

Note : 3 sur 5.

Citations

« Nous ne prîmes pas de photo, ne partageâmes aucun contenu ni ne fîmes la moindre story susceptible d’être likée, commentée puis relayée (…) “Être heureux seul n’est pas à la portée de tout le monde, soliloqua Bobby. C’est pourquoi tant de gens exhibent leurs instants de bonheur. Ils ne peuvent jouir que si on les envie“ ».

« Mais le génie des hommes naît de leur paresse. Si l’homme primitif ne s’était pas lassé de marcher, il n’aurait pas inventé la roue puis le cheval, la voiture à cheval et enfin la trottinette électrique pour adulte »

Souvenirs des montagnes au loin : Carnets dessinés – Orhan Pamuk (2022)

Et si nous parcourions le monde avec Orhan Pamuk ?

Véritables journaux intimes ponctués de pensées et de dessins, les carnets moleskine accompagnent toujours l’écrivain Orhan Pamuk.

Grand écrivain turc, prix Nobel de littérature, Orhan Pamuk a parcouru le monde grâce à ses projets littéraires. Nous suivons ses pérégrinations entre Florence, Grenade, Venise, New-York, Goa, Milan, Los Angeles ou Lyon… Dans ses carnets il partage son attrait pour les paysages mais il nous livre aussi sa fascination pour sa ville natale : Istanbul.

Au-delà de son admiration pour la nature, il ponctue ses dessins de ses pensées intimes. Il dévoile ses angoisses, ses cauchemars, ses inquiétudes par rapport à la création du musée de l’innocence ou son processus d’écriture. Ainsi, nous suivons son parcours de 2009 à 2021, il jette sur le papier ses doutes par rapport à ses futurs romans « Cette chose étrange en moi » ou « Les Nuits de la peste ».

Nous l’accompagnons ainsi dans ses longues journées d’écriture. En parallèle il témoigne avec force des menaces qui pèsent sur lui ou de ses inquiétudes pour l’avenir de son pays.

Grâce à la lecture de ses carnets, Orhan Pamuk nous permet d’être au plus proche de son imaginaire. Un très bel objet artistique qui nous plonge dans la pensée intime d’un grand écrivain avec qui il est plaisant de contempler la beauté du monde.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Nous n’aimons pas les livres parce qu’ils nous rappellent au monde, mais parce qu’ils nous le font oublier… »

« Nous vivons des moments, le temps passe et le songe que nous appelons notre vie peu à peu s’estompe ».

« J’ai attendu longtemps, espérant que lettres et mots surgiraient d’entre les branches, les feuillages qui tremblaient sous le vent »

Pays, villes et paysages – Stefan Zweig (1939)

Et si nous entamions un voyage avec Stefan Zweig ?

Dans ce court récit, Stefan Zweig porte un regard humaniste sur le monde. Il décrit avec curiosité et passion les paysages qui ont jalonné ses voyages.

De New York à Bénarès, en passant par l’Europe qu’il a tant chéri ou par la Russie et le Brésil, Stefan Zweig transmet ses impressions de voyage. Il parvient à retranscrire l‘atmosphère qui plane dans les villes qu’il a parcouru. Sa description si personnelle et touchante de Vienne, une ville qu’il a tant connu est particulièrement marquante. Au-delà de l’ambiance des villes, Stefan Zweig nous livre des réflexions politiques et personnelles. Ecrivain visionnaire, il porte un regard percutant et optimiste sur les évolutions de son temps.

Oeuvre méconnu de l’univers de Stefan Zweig, il ne s’agit pas de la plus marquante mais je ne peux que vous inciter à la découvrir pour les amateurs de voyages dépaysants.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« La jouissance me semble être chez l’homme un droit et même une vertu, tant qu’elle ne contribue pas à l’abêtir ou à l’affaiblir. Je l’ai toujours constaté : ceux-là précisément qui, tant qu’ils le pouvaient, profitaient librement et honnêtement des plaisirs de l’existence s’avéraient les plus courageux dans les situations difficiles et dans le danger, de même que les peuples et les hommes qui ne se battent pas par amour du militarisme mais simplement en y étant contraints se révèlent en fin de compte les meilleurs combattants ».

« Une nature qui apparaît elle-même comme la plus accomplie des œuvres d’art »

Le voyage en Hollande et autres poèmes – Louis Aragon (1964)

Et si nous nous délections du lyrisme de Louis Aragon ?

Accompagné par Elsa Triolet, Louis Aragon devait initialement s’accorder quelques jours de villégiatures en Suisse. Ils ont finalement fait le choix audacieux de poser leurs valises en Hollande.

Dans ce recueil de poèmes, Louis Aragon nous partage ses impressions de voyages. Si le séjour reste pluvieux, Louis Aragon parvient à décrire les paysages hollandais et nous le suivons dans sa découverte mélancolique et colorée d’Amsterdam.

D’autres poèmes sont rassemblés dans cet ouvrage et j’ai découvert avec délice « la messe d’Elsa », des poèmes ardents et irrésistibles qui parviennent à nous partager tout l’absolu du sentiment amoureux

Je ne peux que vous inciter à lire et (re)lire ces poèmes à voix hautes pour que leur force lyrique puisse définitivement vous imprégner. Un incontournable moment de poésie avec Louis Aragon.

Je remercie les éditions Seghers pour l’envoi de ce recueil de poèmes explicité avec beaucoup de délicatesse par la préface d’Olivier Barbarant. Un très bel objet pour bien débuter vos vacances d’été !

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Citations :

Il n’est à voir que ton visage

Entendre que ta voix aimée

Car soient mes yeux ou non fermés

Je n’ai que toi de paysage

Que toi de ciel et d’horizon

Que toi de sable dans mes dunes

De nuit noir et de clair de lune

De soleil à mes frondaisons

Breughel d’Enfer ou de Velours

Moulins tulipes diableries

N’est Hollande à ma songerie

Que mon amour que mon amour

Soie – Alessandro Baricco (1996)

Et si nous partions au Japon ?

En quelques lignes, Alessandro Baricco façonne un récit marquant mêlant amours et aventures tumultueuses au coeur du Japon.

Vers 1860, Hervé Joncour mène une vie paisible en France. Niché au coeur des monts du Vivarais, il est spécialisé dans la fabrication et le commerce de la soie.

Lorsque les vers de soie, ravagés par une épidémie, viennent à manquer il doit s’embarquer dans un périlleux voyage jusqu’au Japon. Ce pays lointain et méconnu lui promet d’acquérir des oeufs remarquables et lui donne accès à une soie d’une qualité unique. Au-delà de ce commerce, ces voyages successifs au Japon vont permettre à Hervé de découvrir une toute nouvelle culture. Il va rencontrer le regard énigmatique et mystérieux d’une jeune fille qui va profondément le perturber. Jusqu’où ces voyages exotiques le conduiront-ils ?

Avec une maîtrise narrative et stylistique indéniable, Alessandro Baricco parvient à créer un court récit intense et énigmatique. Avec beaucoup de subtilité, il nous emporte dans un Japon évanescent et érotique. Un très beau moment de littérature que je ne peux que vous recommander.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Il racontait avec douceur, regardant dans l’air des choses que les autres ne voyaient pas ».

« Parfois, les jours de vent, Hervé Joncour descendait jusqu’au lac et passait des heures à regarder, parce qu’il lui semblait voir, dessiné sur l’eau, le spectacle léger, et inexplicable, qu’avait été sa vie »

« Elle pleuvait, sa vie, devant ses yeux, spectacle tranquille »

Les chutes – Joyce Carol Oates (2004)

Et si nous contemplions les chutes du Niagara ?

Issue d’une famille religieuse, Ariah Littrell s’est mariée à un jeune pasteur. Au lendemain de la noce, elle découvre que son époux s’est jeté dans les chutes du Niagara.

Foudroyée par ce drame, elle demeure à la recherche de son mari aux abords des chutes. L’effervescence médiatique autour de cette disparition met en lumière Ariah qui devient « La Veuve blanche des Chutes ». Dick Burnaby, célèbre avocat de la région, s’associe aux recherches au côté d’Ariah. Il est littéralement fasciné par la jeune femme énigmatique au point de la demander en mariage.

Au fur et à mesure que les années s’écoulent et qu’Ariah fonde une famille ses névroses s’accentuent. L’ombre angoissante et maléfique des Chutes continue à planer sur sa famille. Comment Ariah survivra-t-elle aux nouveaux bouleversements de son existence ?

Dans ce roman dense et descriptif, la psychologie des personnages et le poids de l’héritage familial sont travaillés avec minutie. J’ai observé quelques longueurs mais je garde un souvenir fort de la complexité du personnage d’Ariah.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Bien qu’il fût un homme grand et fort, Dirk se découvrit le don de se blottir dans la courbe osseuse au flan de sa femme; le don de pousser et d’enfouir son visage contre son cou; le don de glisser béatement dans le sommeil, sans que la moindre pensée le tourmente. Ah ! la vie était si simple. La vie c’était cela ».

« Peut-être l’amour est-il toujours pardon, jusqu’à un certain point »