Brûlent les falaises – Emmanuelle Faguer (2025)

Et si nous perçions les mystères des falaises bretonnes ?

Dans ce roman noir, Emmanuelle Faguer explore les malédictions et les tragédies qui planent autour des femmes.

Il y a quinze ans, un drame a laissé son empreinte sur Douarnec, village de Bretagne, hanté par ses légendes ancestrales, où les vagues déchirent sans relâche les falaises.

Connu dans toute la région pour sa maison nichée au cœur des hauteurs à proximité des falaises, le clan Kerivel a connu une tragédie bouleversante. Durant l’été 2003, la fille de Maxence et Servane, l’indomptable et solaire benjamine de la fratrie, a brutalement disparu. Ce drame a fracturé la famille et leur fille Elena a choisi de quitter le village pour explorer le monde.

Des années plus tard, lorsqu’Elena rentre pour la première fois, elle va percevoir les secrets qui hantent Douarnec. Une nouvelle enquête fera-t-elle ressurgir les drames enfouis ?

Emmanuelle Faguer explore une tragédie familiale. Rapidement happée par ce récit et par cette enquête, le clan Kerival révèle au fil des pages ses secrets. Ces drames dévoilent le destin de femmes meurtries face à la domination implicite des hommes. Je ne sais pas si ce roman restera marquant parmi mes lectures cependant, j’ai été facilement emportée par ce polar.

Ma note

Note : 2.5 sur 5.

Le Dévouement du suspect X – Keigo Higashino (2005)

Et si nous parlions d’un polar japonais ?

Dans ce roman policier, enquête et esprit scientifique s’entrecroisent pour percer le mystère d’un meurtre.

Discret professeur, Ishigami mène une vie solitaire entre les cours qu’il dispense et sa passion dévorante pour les mathématiques. En secret, il s’est épris de sa voisine Yasuko, une femme divorcée vivant dans le même immeuble avec sa fille.

Lorsque l’ex-conjoint de Yasuko la harcèle, une altercation dans l’appartement tourne au drame et Yasuko commet l’irréparable. Ishigami lui propose son aide pour camoufler le meurtre. Sa logique implacable lui sera indispensable pour venir en aide à sa voisine. Les enquêteurs aidés par un physicien brillant vont-ils réussir à percer le mystère de ce crime ?

Si je ne suis pas une adepte des policiers, j’ai aimé la sobriété et la dimension psychologique de ce roman. Si le rythme est lent, le dénouement final offre une subtilité au récit qui reste un agréable moment de lecture.

Ma note

Note : 1.5 sur 5.

Citations

« Les préjugés sont nos ennemis. Ils nous empêchent de voir ce que nous avons sous les yeux »

« Il n’y a pas d’engrenage inutile en ce bas-monde et l’engrenage décide seul à quoi il peut servir… »

Rétiaire(s) – Doa (2024)

Et si nous intégrions un clan au coeur d’un trafic de stupéfiants ?

Amélie Vasseur, capitaine de gendarmerie à l’OFAST (l’Office anti-stupéfiants) se lance dans la traque de la famille Cerda, un clan familial engagé dans un réseau plus vaste et meurtrier.

Dans ce polar, Doa propose une croisée entre de nombreux personnages : un policier qui n’a plus rien à perdre et vacille vers l’illégalité, une enquêtrice féroce engagée dans une traque sans fin, un clan aux personnages violents, sombres mais aussi ambivalents. Entre clivages familiaux, lutte contre les trafiquants, pistes avortées, l’enquêtrice va-t-elle réussir à percer les mystères de cette famille ?

Ce roman extrêmement réaliste nous plonge dans les mécanismes des réseaux mais aussi au coeur des prisons et de l’office anti-stupéfiant. J’ai aimé le réalisme et le rythme de ce policier qui nous emporte facilement. Je ne suis malheureusement pas la plus adepte de ce genre littéraire mais je salue la plume nerveuse, contemporaine et percutante de cet auteur !

Ma note

Note : 2.5 sur 5.

Citation

« Souvent lorsqu’elle observe son reflet dans une glace, Lola cherche les traces de son père. De lui, elle a hérité ce visage aux mâchoires trop carrées, diront certains, avec des pointes et des angles saillants, et aussi cette ligne des yeux en retrait du front, quelque peu assombrie par ce surplomb. Des traits qui font se retourner les gens, intimident parfois, ne laissent jamais indifférent »

L’inconnu de Cleveland – Thibault Raisse (2023)

Et si nous percions le mystère de Joseph Chandler ?

Dans l’Ohio, le corps d’un homme âgé est retrouvé dans sa salle de bain durant l’été 2002. Rapidement, la police identifie le cadavre, il s’agit de Joseph Chandler, un homme solitaire et mutique qui n’a pas d’entourage. Pour les enquêteurs Chris Bowersock et Ted Kroczak, cette affaire semble banale et la piste du suicide est rapidement privilégiée.

Joseph Chandler vit depuis plusieurs années dans un modeste appartement au sein d’une résidence anonyme. La vie recluse de cet homme au caractère taciturne semble étrange. Contre toute attente, cette enquête ordinaire va dévoiler l’impensable et les policiers vont devoir explorer de nouvelles pistes.

Les investigations menées par de nombreux spécialistes nous amènent à explorer toutes les spéculations afin de lever le voile sur la vie du mystérieux Joseph Chandler. Si cette enquête m’a laissée un goût d’inachevé, je ne peux que vous recommander plus largement cette nouvelle collection aux éditions 10/18 pour les amateurs de faits divers. Cette série addictive au style journalistique recense les affaires criminelles les plus marquantes pour chaque état des Etats-Unis.

Ma note :

Note : 2 sur 5.

Citation :

« On ne verrouille pas son passé au point que même la mort n’en délivre pas la clé »

La femme du deuxième étage – Jurica Pavičić (2022)

Et si nous choisissions un polar ?

Quand Bruna rencontre Frane l’évidence de leur attraction est indéniable. Face à l’intensité de leur amour, ils décident de se marier précipitamment. Malgré la relation forte qu’elle noue avec Frane, Bruna doit s’accommoder de l’omniprésence de la mère de son mari. En effet, Frane est extrêmement proche de Anka, sa mère, qui a assuré seule son éducation et celle de sa soeur. Rapidement, Bruna accepte les premières concessions et emménage au deuxième étage de la maison familiale.

Cette proximité fait de Anka une personne centrale dans la nouvelle vie de Bruna. Cependant Frane part régulièrement en mer, son travail de marin le contraint à de longues absences. Dans sa solitude, Bruna se retrouve isolée au deuxième étage de la maison sous le regard scrutateur de sa belle-mère. Lorsque nous retrouvons Bruna, trois ans plus tard en prison, nous comprenons qu’elle a commis l’irréparable. Comment cette animosité grandissante a-t-elle pu la conduire au crime ?

Un polar qui pose le crime mais qui recherche les mobiles du meurtre. Nous suivons la lente progression de Bruna vers l’assassinat. Dans une logique implacable et presque un déterminisme social, Bruna expose les circonstances qui l’ont conduite au crime. Le détachement de Bruna est glaçant tout au long du roman.

Même s’il manque de rebondissements, j’ai été littéralement emportée par ce récit qui se dévore et qui explore avec réussite la psychologie des personnages.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Le monde n’est qu’une suite rectiligne de dominos mettant à bas d’autres dominos, eux-mêmes abattant les suivants, sans autre alternative ».

« Elle regardait la mer sombre et froide, ces longues guirlandes d’immeubles socialistes dominant la mer, ces milliers d’alvéoles illuminées où tout un tas de gens vivaient leur vie. Elle regardait ces milliers de points comme des lucioles et pensait à la vie qu’elle-même menait, à la vie qu’elle désirait et à l’avenir qui l’attendait »

Ma cousine Rachel – Daphné du Maurier (1951)

Et si nous plongions dans une atmosphère mystérieuse ?

Depuis son enfance, Philip nourrit un lien fort et paternel avec son cousin Ambroise Ashley. Véritable père de substitution, il l’a recueilli au décès de ses parents. D’une santé fragile, Ambroise part en Italie afin de s’éloigner du temps aride et hivernal de l’Angleterre. Lors de son séjour à Florence, il rencontre une comtesse italienne, Rachel.

Durant son voyage, Ambroise écrit régulièrement à Philip et lui apprend son mariage soudain et imminent avec Rachel. Quand Philip reçoit de nouvelles lettres alarmantes où Ambroise soupçonne sa femme des pires manoeuvres, Philip décide sur le champ de partir pour l’Italie. Ce séjour va confirmer ses pires craintes. Philip parviendra-t-il à lever le voile sur les mystères qui entourent la femme d’Ambroise ?

Avec délice, j’ai aimé me plonger dans l’univers de ses personnages tiraillés par les pires soupçons et tous envoûtés par la machiavélique et séductrice Rachel. Un roman qui nous fait délicieusement naviguer à travers le tumulte de nos sentiments et de nos projections vis à vis de la captivante Rachel.

Si vous avez aimé « Rebecca », je ne peux que vous conseiller de découvrir « Rachel »

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

Citations :

« J’essayais de trouver encore quelque chose à donner. Elle avait le domaine, l’argent, les bijoux. Elle avait ma pensée, mon corps, mon coeur. Il ne restait que mon nom et elle le portait déjà. Il n’y avait plus rien. Plus rien que la peur ».

« Elle était jeune, elle n’avait guère plus de dix-neuf ans, mais l’expression de son visage était sans âge et saisissante comme si son corps léger eût enfermé une âme ancienne qui ne pouvait pas mourir ; des siècles regardaient à travers ses yeux et l’ont eût dit qu’elle contemplait depuis si longtemps l’existence qu’elle y était devenue indifférente »

Debout les morts – Fred Vargas (1995)

Et si nous parlions d’un roman policier ?

Quatre hommes partagent la même maison. Chacun à leur étage, ils forment une famille atypique. Marc étudie le Moyen-âge, Mathias la préhistoire et Lucien la première guerre mondiale. S’ils ont en commun leurs parcours d’historiens, ils se distinguent par leurs personnalités foncièrement différentes. Pour compléter ce trio, l’oncle de Marc, Armand Vandoosler, un ancien policier cohabite avec eux dans cette vieille bâtisse délabrée. Cette vie en communauté, initiée par Marc, est avant tout la conséquence de leurs problèmes financiers. Marginalisés et sans argent, ils ont décidé de vivre ensemble.

Leur voisine, Sophia Simeonidis va les rassembler. Un matin, elle découvre un cèdre planté dans son jardin. Cherchant de l’aide afin de le déraciner, elle frappe à la porte de cette grande demeure. Quand Sophia Siméonidis disparaît subitement, le quatuor se retrouve entraîné dans une enquête policière.

Ce policier nous transporte dans des investigations sinueuses. Tout au long du roman, le lecteur peut s’adonner à ses propres élucubrations pour accompagner les protagonistes à la recherche de la vérité ! Si j’ai trouvé les personnages assez caricaturaux, ce roman reste un bon moment de divertissement !

Ma note :

Note : 2 sur 5.

Citation :

« La quête des paroxysmes oblige à se confronter à l’essentiel qui est ordinairement caché »

Un dernier verre avant la guerre – Dennis Lehane (1994)

Et si nous parlions d’un polar ?

Dans ce roman policier, nous rencontrons pour la première fois Patrick Kenzie accompagné de son acolyte Angela Gennaro. Tous deux sont détectives privés et aspirent à une certaine forme de justice. Ils entretiennent une relation professionnelle depuis plusieurs années mêlant respect et attirance mutuelle.

Patrick Kenzie se voit confier une nouvelle mission par un sénateur : retrouver la trace de Jenna Angeline, une femme de ménage disparue avec entre les mains des documents confidentiels.

A travers son enquête Patrick Kenzie voit ressurgir ses propres failles et les blessures de son enfance. Anti-héros écorché vif, Patrick Kenzie touche le lecteur et le plonge facilement avec lui au coeur de cette enquête policière.

Leurs recherches vont les mener vers une sombre guerre des gangs mêlant politique et crimes. Avec cynisme, Dennis Lehane nous confronte à un milieu politique impitoyable, au racisme et à la violence.

Porté par une plume crue et tranchante et un ton irrévérencieux, ce roman noir immerge le lecteur en plein coeur de Boston. Je ne sais pas si cet ouvrage restera indélébile dans mes mémoires mais j’ai aimé cette première découverte avec la plume de Dennis Lehane !

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations :

« le feu couve en attendant le jet d’essence qui arrosera les braises, et nous écoutons des politiciens qui alimentent notre haine et notre étroitesse d’esprit, qui nous disent qu’il s’agit simplement de revenir aux vraies valeurs, alors qu’eux sont assis dans leurs propriétaires de bord de mer à écouter les vagues pour ne pas avoir à entendre les cris des noyés »

« La violence des gangs avait fini par atteindre nos portes et il fallait faire quelque chose, à tout prix. C’est toujours quand elle atteint « nos portes » que nous finissons par considérer que c’est un problème. Quand elle se confine à nos arrières-cours pendant des décennies, il n’y a personne pour la remarquer »

L’adversaire – Emmanuel Carrère (2000)

Chronique judiciaire

Emmanuel Carrère revient sur un fait divers tragique. Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses deux enfants puis ses parents.

Durant toute sa vie, il a fait croire à ses proches qu’il était un brillant médecin. Façonnant une vie de mensonges pendant dix-huit ans, il passait ses journées dans sa voiture ou dans les forêts de Jura alors que sa famille le croyait au travail.

Enlisé dans une vie de secrets et de mensonges, au pied du mur, acculé et rattrapé par ses secrets, il décida d’assassiner l’intégralité de sa famille.

Emmanuel Carrère commence à nouer une correspondance épistolaire avec ce criminel tout au long de son parcours judiciaire allant jusqu’à assister à son procès et lui rendre visite en prison.

L’écrivain semble mué par une volonté de comprendre et de remplir les zones d’ombre qui se cachent derrière cet homme. Emmanuel Carrère cherche à percer les ressorts psychologiques de cet homme et à comprendre les mécanismes qui aboutissent jusqu’au crime.

En effet, cette double vie remplie de mensonges allant jusqu’aux assassinats, de sang froid, de l’intégralité de sa famille intrigue le lecteur et l’écrivain.

Un portrait qui se lit d’une traite, en un souffle, la respiration presque coupée. L’auteur nous plonge dès les premières lignes dans cette tragédie.

Si les réponses à l’inimaginable ne sont pas apportées, nul doute que les réflexions sur la psychologie de cet homme et sur la mythomanie restent intéressantes.

Je ne peux que conseiller cette enquête ancrée dans le réel pour les amateurs de faits divers.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Quand on est pris dans cet engrenage de ne pas décevoir, le premier mensonge en appelle un autre, et c’est toute une vie… »

« Un ami, un véritable ami, c’est aussi un témoin, quelqu’un dont le regard permet d’évaluer mieux sa propre vie ».

De sang-froid – Truman Capote (1966)

Un livre coup de poing à vous procurer d’urgence !

De sang-froid, le roman culte de Truman Capote, nous plonge avec effroi dans un fait divers glaçant, survenu en 1959, dans le village de Holcomb, à l’ouest du Kansas. Le lecteur est transporté dans les hautes plaines de blé de cette région américaine aride et solitaire où vient se nicher un petit village.

Rien ne semble pouvoir troubler ce joli paysage américain où les habitants vivent presque en autarcie. Pourtant la ville d’Holcomb restera à jamais meurtrie par le passage de deux truands sans grande envergure, Dick et Perry.

Ils vont assassiner de sang-froid, les Clutter, famille connue, aimée et respectée dans tout Holcomb.

Si le mobile et les détails du crime nous demeurent inconnus, le lecteur est tenu, tout au long du livre, en haleine par la traque policière des deux criminels.

Truman Capote nous transporte, nous glace, nous attache à ses personnages avec un style magistral !

Dick et Perry, ces deux assassins aux caractères si différents, nous laissent à la fois pétrifié et paradoxalement touché par leur histoire de vie.

Perry, surtout, est décrit sous un double visage, à la fois terrifiant et attachant. Truman Capote arrive à faire se succéder des sentiments si diamétralement opposés mais surtout questionne et bouleverse son lecteur sur la société américaine.

Le contexte de cet ouvrage nous en dit aussi très long sur la force de ce roman. Truman Capote en lisant le New York Time, en 1959, découvre le quadruple meurtre d’une famille de fermiers. Il décide d’enquêter lui-même sur cette affaire pendant plus de cinq ans.

Considérablement ébranlé par sa rencontre avec Perry Smith, l’un des meurtriers, l’écrivain sera plongé dans une inéluctable descente aux enfers…

Plus globalement, Truman Capote dévoile un roman psychologique sur les mécanismes qui poussent l’être humain jusqu’au crime. Il décrit un quadruple meurtre atroce et parvient également à humaniser la monstruosité.

Ce fil tendu par l’écrivain entre la noirceur de l’homme mais aussi cette humanité qui tente de survivre est captivant…

Une force admirable se dégage de cet œuvre qui bien au-delà de décrire un terrible fait divers ne peut laisser son lecteur indemne.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« Ils attendaient un voyageur solitaire dans une voiture convenable et avec de l’argent dans son porte-billets : un étranger à voler, étrangler et abandonner dans le désert ».

« Et les Clutter n’y étaient pour rien. Ils ne m’ont jamais fait de mal. Comme les autres. Comme les autres m’en ont fait toute ma vie. Peut-être simplement que les Clutter étaient ceux qui devaient payer pour les autres »

« Ces péquenots, ils vont voter la corde aussi vite qu’un cochon vide son auge. Regardez leurs yeux. J’veux bien être pendu si je suis le seul tueur dans la salle d’audience ».