Les grandes oubliées : pourquoi l’histoire a effacé les femmes – Titiou Lecoq & Marie Dubois (2025)

Et si nous retracions l’histoire sous un jour nouveau ?

Avec cette bande dessinée passionnante, Titiou Lecoq nous propose de redécouvrir, sous une forme percutante, son célèbre essai.

Ces femmes ont façonné nos révolutions, elles ont construit notre monde, mais elles sont restées tues pendant des années. Leurs noms, longtemps gardés sous silence dans nos manuels d’histoire, ne résonnent pas dans notre vision du passé parce qu’elles ont été bâillonnées et invisibilisées. En retraçant les grandes étapes de l’histoire, Titiou Lecoq leur redonne une place, de la préhistoire à nos jours, tandis que Marie Dubois, avec ses dessins dynamiques, leur redonne vie et intensité. Ensemble, elles les incarnent avec une force vivifiante. Pourra-t-on réhabiliter ces femmes oubliées ?

Portée par un ton corrosif, cette bande dessinée pleine d’énergie attrape le lecteur et l’entraîne aux confins de l’histoire en proposant un nouveau regard sur la place des femmes dans nos sociétés. J’ai adoré cette lecture, aussi instructive que mordante !

Ma note

Note : 4.5 sur 5.

Citation

« En France, nous, on est des intellectuels, on aime les idées, on a brûlé moins de femmes que nos voisins ; En revanche, on a beaucoup écrit pour justifier ces massacres »

La vie ressemble à ça – Titiou Lecoq (2025)

Et si nous partagions les pensées de Titiou Lecoq ?

Dans ce récit hybride, Titiou Lecoq entremêle des pensées, des conseils et des réflexions plus sérieuses autour du féminisme ou de la parentalité.

En partageant son carnet de bord, elle expose un pêle-mêle réjouissant de ses pensées et de son quotidien. Pour Titiou Lecoq, « le trivial nourrit l’abstrait » ; elle parvient ainsi à faire surgir la fulgurance de ses réflexions profondes entre les rouages du quotidien, la préparation des repas, la lessive ou les pleurs des enfants.

En mettant sur le même plan des conseils pratiques, des anecdotes de sa vie quotidienne ou des questions autour des féminicides et de l’éducation des garçons, Titiou Lecoq donne un véritable souffle à son récit. Elle nous permet d’alterner entre sourires et interrogations autour des questions de société. En lecture de chevet, je vous recommande ce carnet à la fois vivifiant et profond.

Ma note

Note : 3 sur 5.

Citations

« Depuis plusieurs années, on revalorise les amitiés, notamment féminines. Mais on ne nous dit pas comment les entretenir ».

La paix des ruches – Alice Rivaz (1947)

Et si nous choisissions un récit résolument féministe ?

Avec une plume moderne et dynamique, Alice Rivaz explore l’usure du couple.

Jeanne n’aime plus son mari. Pourtant, elle ne se résout pas à le quitter. Peu à peu, leur relation s’est distendue, entre absences et infidélités. Face à ses désillusions, Jeanne se prend à rêver d’indépendance et de liberté, loin de la sphère domestique. Malgré ses élans d’émancipation, elle idéalise les relations sentimentales et demeure une éternelle amoureuse.

Ses réflexions sont enrichies par les amitiés féminines qu’elle a nouées dans sa sphère professionnelle. La vision de ses amies et leurs choix résonnent en elle, entre divergences et similitudes. Jeanne parviendra-t-elle à changer sa vision des rapports amoureux ?

Dans ce récit précurseur, Alice Rivaz met en exergue des thématiques féministes contemporaines. Agrémentée de l’excellente préface de Mona Chollet, je recommande cette lecture percutante, à la fois courte et cinglante !

Ma note

Note : 4 sur 5.

Citations

« Nous ne pouvons rien effacer ; nos souffrances, nos joies, s’ajoutent les unes aux autres. Elles ne s’annulent pas, elles s’additionnent, traçant ces cercles concentriques autour du noyau de notre être. Ainsi nos amours. Il n’en est point qui puissent vraiment mourir une fois nés, ils convient leur vie en nous. Même si nous ne le savons pas ».

« Ce que nous n’aimons pas, c’est cette absence de solidarité entre eux et nous, cette incorrection première dans la distribution des tâches journalières entre eux et nous. Quand donc apprendront-ils le sens de la justice qui pourtant enfle parfois leurs voix dans les parlements, les cathédrales, qui les fait descendre dans la rue et élever des barricades ? »

Résister à la culpabilisation – Mona Chollet (2024)

Et si nous arrêtions de culpabiliser ?

Dans un style précis et documenté, Mona Chollet propose de lever le voile sur les mécanismes qui régissent notre rapport à la culpabilité.

Cette prédisposition à percevoir notre vie sous le poids de la culpabilité remonterait au péché originel. A travers un travail rigoureux, elle dévoile comment cette voix tonitruante s’étend dans nos sphères intimes, de notre éducation à notre rapport à la maternité. Elle observe également comment le culte de la performance s’immisce dans le milieu professionnel. En usant de multiples leviers de nos vies quotidiennes, elle parvient à percevoir les normes qui régissent notre société. Comment parvenir à s’en affranchir ?

Mona Chollet essaie de comprendre la voix de notre ennemi intérieur et dévoile des pistes de réflexion pour s’en libérer. J’apprécie beaucoup les essais de Mona Chollet. S’il ne s’agit pas de mon ouvrage préféré, il demeure très pertinent et donne à nouveau à réfléchir.

Ma note

Note : 3 sur 5.

Citations

« Ce climat général de dureté envers soi et envers les autres amène souvent les salariés à refuser un arrêt maladie ou à très mal le vivre quand elles sont forcées de l’accepter ».

« Je n’en ferai jamais assez pour que la voix dans ma tête soit satisfaite ».

« On peut avoir honte de continuer à être heureuse ou heureux, ou à désirer l’être. Or, tant que notre bonheur ne fait de tort à personne, cette honte est injustifiée. L’impression d’obscénité qu’on en retire est une illusion produite par la culture de la culpabilité ».

In carna – Fragments de grossesse – Caroline Hinault (2022)

Et si nous parlions d’un corps en pleine mutation ?

Dans ce récit, résolument féministe, Caroline Hinault dévoile son parcours intime et engagé autour de sa grossesse.

Du ventre vide au ventre plein, Caroline Hinault évoque avec un ton bouleversant et une vérité implacable, son expérience de la maternité.

Elle aborde tout d’abord ses aspirations à devenir mère, cette attente interminable et ce ventre qui reste creux. Puis cette incarnation, la mutation de son corps et de son esprit avec ce ventre devenu plein. Au-delà de l’intimité de son corps, cette grossesse se heurte à toute une société.

A travers son expérience personnelle, Caroline Hinault évoque cette appropriation du corps et révèle toutes les problématiques inégalitaires et sociétales. Ce récit percutant lève le voile sur des mécanismes ancrés et des injonctions contradictoires. Entre essai et journal intime, je vous recommande cette oeuvre passionnante qui ouvre de véritables pistes de réflexions autour de la maternité.

Ma note

Note : 4 sur 5.

Citations

« Seul le renoncement, mais parfois forcé, à la maternité permettait pour les femmes d’espérer une égalité de statut social et artistique. On n’a jamais demandé de tel renoncement aux hommes artistes ».

« Une chose la frappe dans cette peinture : Marie n’a pas son habituel visage empreint de générosité et de douceur mais baisse les yeux, le visage plutôt fermé. Certains commentateurs voient dans cette impassibilité un peu rêche la volonté du peintre de se démarquer de la tradition, en lui donnant davantage l’allure d’une paysanne. Mais Elle qui se trouve également en fin de grossesse, Elle devine. Marie est juste complètement crevée et, Christ ou pas Christ, exténuée par tant d’encombrements ».

Etre mère – Julia Kerninon (2024)

Et si nous écoutions des voix féminines ?

Dans ce recueil initié par Julia Kerninon, sept autrices vont évoquer leurs parcours autour de la maternité.

Des témoignages intimes où se mêlent peur, angoisse, joie, culpabilité ou incertitude. Les thèmes abordés sont vastes de l’accouchement, aux représentations autour de l’allaitement, à la dualité de la femme devenue mère ou encore à son rapport au corps et la crainte éprouvée pour l’avenir de ses enfants. La diversité des témoignages est frappante et chaque autrice va aborder cette thématique avec son propre vécu.

Admirative de l’oeuvre de Julia Kerninon, j’ai aimé son initiative et cette parole libérée des femmes. Cette mise a nu permet de lever le voile sur les tabous qui planent toujours autour de la maternité. Un agréable moment de lecture que je vous recommande.

Ma note

Note : 3 sur 5.

Citations

« Avoir des enfants nous fait peur et nous rend fortes, nous égare et nous retrouve, nous empêche et nous autorise, nous pèse et nous grise, ne nous apprend rien sinon que tout restera toujours à apprendre »

« Nos peurs, nos réflexions, nos déchirures ont droit de cité au sein des livres. Nous ne sommes peut-être que la moitié de l’humanité, mais nous l’avons créée tout entière »

Messieurs encore un effort… – Elisabeth Badinter (2024)

Et si nous expliquions la baisse de la natalité avec Elisabeth Badinter ?

Dans ce court essai, parfaitement documenté, Elisabeth Badinter interroge les évolutions contemporaines et le repli démographique.

Plusieurs pistes ont déjà été explorées pour expliquer une baisse de la natalité entre crise climatique, sociale et perte de confiance dans l’avenir. Dans cet essai, Elisabeth Badinter interroge aussi les contraintes qui pèsent sur la femme. S’il y a quelques années, la maternité était une aspiration naturelle, aujourd’hui cet élan fait face à de multiples problématiques et à une réflexion plus raisonnée de la femme.

Dans ce texte, Elisabeth Badinter met également en perspective la baisse de natalité en France avec les évolutions à l’étranger et notamment en Corée du Sud où cette chute est frappante.

Avec un clarté remarquable et une précision indéniable, Elisabeth Badinter pose de véritables pistes de réflexions sur le désir de maternité et l’importance d’une égalité entre les sexes. Un essai court et passionnant que je vous recommande fortement !

Ma note

Note : 4 sur 5.

Citation

« L’une des raisons essentielles du ralentissement (voire de la stagnation dans certains domaines) de la cause égalitaire réside dans la force toujours vivace des stéréotypes de genre. Le premier d’entre eux est l’identification de la femme et de la mère. On présume que toute femme par nature a une vocation maternelle. Or le modèle de la mère traditionnelle est le dévouement absolu à son enfant. L’instinct maternel serait la pulsion naturelle de la femme à assurer le bien-être. Pour ce faire, elle doit le nourrir, le soigner, veiller sur lui nuit et jour, et rester à la maison jusqu’à ce qu’il ait acquis une certaine autonomie. Dans cet optique, les désirs personnels de la femme s’effacent devant les obligations de la mère. Raison pour laquelle on s’est pris à penser que le rôle de la femme était de prendre soin de tous »

Victoire la Rouge – Georges de Peyrebrune (1884)

Et si nous dressions le portrait d’une paysanne au XIXème siècle ?

Marie-Eugénie-Victoire est une orpheline malheureuse. Fille sans condition, elle est élevée dans un hospice. De modestes fermiers, Les Jameau, vont recueillir Victoire comme servante pour s’occuper de leurs bêtes. Son physique ingrat, sa chevelure rousse et son animalité sont rapidement moqués par les villageois et elle est nommée « La Rouge ».

Nous suivons son éveil à la sensualité jusqu’à son accès à la pensée. Malgré son élévation progressive, elle subit à répétition sa condition de femme sans éducation et devient une proie face à la puissance masculine. Jusqu’où ces violences cycliques implacables la conduiront-t-elle ?

Dans une misère terrible, nous découvrons le destin tragique de Victoire La Rouge. Dans un style vif et envoûtant, Georges de Peyrebrune dresse le portrait d’une femme invisible. J’ai lu ce roman en retenant mon souffle et j’ai été conquise par le rythme et la force du personnage de Victoire. Je vous encourage à découvrir l’œuvre de cette autrice méconnue.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Citations :

« Mais sa sensualité de bête échauffée la faisait se livrer, malgré sa volonté, peut-être avec le grognement heureux d’un appétit robuste enfin satisfait »

« De la pitié ! Qui donc en avait jamais eu pour elle ? Et savait-elle même ce que c’était ?
Elle devenait farouche comme un animal sauvage et traqué. Ses regards en dessous luisaient de douleur et de haine. Une révolte la tenait sans qu’elle sût contre qui l’avait faite si misérable et abandonnée, avec des appétits de brute, qu’elle se gardait cependant d’assouvir, et qui, pour une fois qu’elle s’y abandonnait, sans savoir encore, la jetait à la honte, la livrait aux injures, la chassait hors des foyers honnêtes où son ventre maudit portait le déshonneur ».

Désirer – Emma Becker, Wendy Delorme, Joy Majdalani, Emmanuelle Richard, Marina Rollman, Laurine Thizy (2023)

Et si nous parlions d’érotisme ?

Dans ce recueil de nouvelles, six femmes abordent le désir féminin. Ainsi, elles explorent avec un style limpide et décomplexé les fantasmes féminins.

Dans ces récits engagés et érotiques, nous percevons la force d’un désir pluriel, les rapports érotisés pour des hommes aux physiques hors normes, la force des fantasmes inassouvis ou la complexité des rapports adultères. Dans ce travail collectif, les six plumes féminines se suivent avec une grande harmonie de style.

Dans ces nouvelles charnelles, les femmes sont aux centres et poursuivent cette quête d’une sexualité épanouie, ouverte et libre. Un récit sensuel que je vous recommande pour mieux appréhender la pluralité de la sexualité féminine et la force des mots dans l’érotisation des rapports amoureux ou sensuels.

Merci aux éditions L’iconoclaste pour cet envoi

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citation :

« Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l’autre ».

A propos d’amour – bell hooks (2000)

Et si nous abordions la question brûlante de l’amour avec bell hooks ?

Dans cet essai résolument féministe, bell hooks porte un nouveau regard sur la question épineuse de l’amour.

Dans cet écrit basé sur ses expériences personnelles et sur sa vision du féminisme, elle dresse une conception de l’amour fondée sur les actes. Entre respect, communication, affection et engagement elle pose au fur à mesure de cet essai les ciments des relations. bell hooks questionne également la place de l’amour dans les relations familiales pour mieux appréhender et façonner les relations futures.

La dimension foncièrement personnelle de cet essai le rend particulièrement abordable. Dans ce travail de vulgarisation, bell hooks n’hésite pas à partager avec sincérité son parcours amoureux et son rapport à la spiritualité. Pour ma part, ce récit n’a pas révolutionné ma vision de l’amour ou ouvert de nouvelles voies. Cependant, je salue la clarté et l’accessibilité de son propos.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations :

« Les mensonges aident parfois les gens à se sentir mieux, mais ils ne les aident pas à connaître l’amour »

« Lorsque l’on apprécie la solitude, on apprécie la compagnie des autres sans les utiliser pour échapper à soi-même »