Impossible – Erri De Luca (2020)

Et si nous nous plongions dans un huis clos ?

En plein coeur de la montagne, un homme meurt suite à une chute sur un sentier sinueux des Dolomites. Un alpiniste expérimenté, marchant juste derrière lui, prévient les secours.

Mais peu de temps après les faits, il apparaît que les deux hommes se connaissaient bien avant le drame. Quarante ans plus tôt, ils ont fait partie du même groupe révolutionnaire. La victime de cette terrible chute a dénoncé son camarade à la police afin d’obtenir un aménagement de peine.

Simple mort accidentel ou meurtre prémédité ? Un jeune juge va instruire l’affaire et débuter l’interrogatoire bien décidé à faire éclater la vérité. L’accusé est soupçonné d’avoir intentionnellement poussé son ancien camarade dans le vide.

Pourtant, le mis en cause n’a de cesse de nier les faits. L’interrogatoire entre le juge et l’accusé se transforme en une véritable joute verbale. Terrible vengeance ou simple coïncidence, un duel psychologique va se tenir entre les deux hommes.

Retranscrit comme une véritable audition, ce dialogue se transforme en un huis clos d’une grande intensité. Finalement cette échange n’est qu’un prétexte pour amorcer des réflexions plus poussées sur la justice, la vérité, la vengeance et l’amitié reliant les êtres…

Un texte puissant que j’ai beaucoup apprécié.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citation :

« C’est le parfait objectif du pouvoir, arriver au plus haut degré d’incompétence et décider de tout. Je vois la société comme une construction faite de matériaux de plus en plus mauvais au fur et à mesure qu’elle progresse vers le haut »

Tout ce que je vous dois – Virginia Woolf (2020)

Et si nous continuions à partager les écrits de Virginia Woolf ?

Les éditions Lorma nous proposent un recueil composé des lettres de Virginia Woolf à ses amies, ses amantes et à sa soeur.

Véritable éloge de l’amitié, ce livre décrit les relations intenses qu’elle entretenait avec ses proches. Ainsi nous découvrons les lettres adressées à Nelly Cecil, Vita Sackville-West, Ethel Smyth, Violet Dickinson ou encore à sa soeur Vanessa Bell…

Ces femmes avaient en commun l’amour de la littérature mais partageaient également des confidences ou des discussions malicieuses autour de ragots mondains. Dans ces écrits, Virginia dévoile aussi ses doutes et ses questionnements au sujet de son écriture.

L’ampleur de cette correspondance pleine d’esprit révèle une autre facette de la personnalité de Virginia Woolf. Au-delà de l’écrivaine, Virgina devient l’amie bienveillante, sensible et à l’écoute de ses proches. Ce recueil témoigne ainsi de son attachement pour ces figures féminines. Au fil des lettres, nous découvrons à quel point ces relations ont façonné sa vie et influencé sa construction personnelle et littéraire.

J’ai aimé ce doux moment dans le cercle amical et intime de Virginia Woolf.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citation :

« La littérature est, sans l’ombre d’un doute, l’unique profession intellectuelle et humaine qui vaille. Même la peinture tend à la pesanteur, et la musique rend les gens lascifs ; tandis que plus on écrit, meilleur on devient ».

L’anomalie – Hervé Le Tellier (2020)

Et si nous parlions d’un livre inclassable ?

Entre roman de science fiction, d’amour, dystopie, thriller policier ou oeuvre psychologique… Ce livre aux confins de tous les genres offre une immersion multiple à travers la littérature.

Parmi les 243 passagers du vol Air France 006 entre Paris et New York, nous découvrons un tueur à gages, un chanteur nigérian, une redoutable avocate, une jeune fille meurtrie, un écrivain, un architecte… Ces personnages, si diamétralement opposés, vont partager un même événement profondément insensé qui va bouleverser leur vie à tout jamais.

Nous découvrons, peu à peu, le quotidien de ces passagers. Malgré des personnages nombreux, Hervé le Tellier parvient en quelques lignes à donner de la consistance à ces caractères disparates. Confronté chacun à des maux bien personnels, un événement insensé relevant de la pure science fiction va les relier les uns aux autres. Le rêve devient alors réalité et ce qui paraissait inconcevable à notre imagination se transforme en pure vérité.

Avec une écriture aux styles multiples, Hervé le Tellier ose nous désarçonner complètement. Il parvient à happer son lecteur avec ce livre inclassable. Je suis ravie qu’un roman si atypique et addictif porté par une magnifique écriture ait pu remporter le prix Goncourt.

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

Citations :

« Le président américain reste immobile, comme sonné. Le mathématicien observe cet homme primaire, et il se conforte dans l’idée désespérante qu’en additionnant des obscurités individuelles on obtient rarement une lumière collective ». 

« L’espoir nous fait patienter sur le palier du bonheur. Obtenons ce que nous espérions, et nous entrons dans l’antichambre du malheur »

Comment ne pas éduquer les enfants – Franz Kafka (2020)

Et si vous expédiez un livre sous pli pour les fêtes de fin d’année ?

Les Editions L’orma proposent la collection « Les plis », véritable petit bijou littéraire à envoyer à vos proches sans aucune modération.

En quelques lignes, ce recueil de correspondances porte un nouveau regard sur la vie intime des écrivains et penseurs célèbres.

Tout d’abord, dans plusieurs lettres adressées à sa soeur, Franz Kafka expose des préceptes éducatifs bien surprenants. Ainsi, ces écrits s’apparentent plutôt à de véritables recommandations et commandements éducatifs s’agissant de son neveu, Félix. Sa pensée pédagogique est bien curieuse, Franz Kafka estime que les parents n’ont pas pour mission d’éduquer leurs enfants !

Puis, nous découvrons sa correspondance avec Felice Bauer, devenue sa fiancée. Franz Kafka n’a de cesse de lui dépeindre son caractère « taciturne, insociable, renfrogné, égoïste et hypocondriaque » et sa santé fragile pour la convaincre de ne pas se marier avec lui. Allant jusqu’à révéler ses pires défauts à son beau-père pour éviter toute union maritale avec Félice Bauer. Malgré son amour, Franz Kafka n’aura de cesse de fuir. Ces lettres sont à la fois terriblement drôles mais aussi portées par un style brillant.

La dernière lettre écrite en 1919 à destination de son père expose la complexité de leur relation. Avec émotion, nous accédons à l’enfance de Franz Kafka qui nous dresse une véritable analyse du rôle parental dans sa construction personnelle.

A travers les photos de famille, le regard de ses proches et ses correspondances, j’ai aperçu l’intimité et la personnalité forte de Franz Kafka. J’ai aimé ce nouveau regard porté sur cet écrivain qu’on ne présente plus.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« On peut être trop jeune pour gagner sa vie, pour le mariage, pour mourir, mais, peut-on être trop jeune pour une éducation douce, sans entraves, propre à déployer en soi le meilleur ? »

« Ecrire, c’est s’ouvrir jusqu’à la démesure ; l’ouverture du coeur et le don de soi les plus extrêmes »

Nous sommes tous des féministes – Chimamanda Ngozi Adichie (2014)

Et si nous parlions de féminisme ?

Ce recueil comporte deux discours portés par la voix forte et puissante de Chimamanda Ngozi Adichie.

Le premier discours aborde la définition controversée du féminisme. A l’âge de quatorze ans, Chimamanda Ngozi Adichie entend pour la première fois le mot « féministe » dans une invective prononcée par son ami d’enfance. Elle n’a qu’une vision floue de cette notion mais perçoit déjà une connotation négative dans le ton employé par son ami. Tout au long de son discours, Chimamanda Ngozi Adichie va puiser dans son vécu pour offrir sa propre vision du féminisme, elle se définit ainsi comme « une féministe Africaine heureuse »

Née au Nigéria, elle a grandit dans un pays où le poids des traditions ancestrales et du sexisme fait rage et où la notion de féminisme reste exclusivement occidentale « le féminisme ne faisait pas partie de notre culture, que le féminisme n’était pas africain et que c’était sous l’influence des livres occidentaux que je me présentais comme une féministe ». 

Une lecture accessible pour donner une définition simple et moderne du féminisme accompagnée d’exemples percutants. J’ai beaucoup aimé ce texte que j’ai trouvé profondément juste.

Le second discours « Le danger de l’histoire unique » marque sa recherche de sa propre histoire notamment à travers la littérature celle de Chinua Achebe ou de Camara Laye. Elle met en exergue l’importance des histoires individuelles diverses pour façonner sa propre identité mais aussi pour humaniser l’autre. Avec des mots incisifs, elle combat la persistance des stéréotypes dans nos sociétés et nous montre une autre voie…

J’ai beaucoup aimé ce recueil à la fois drôle et percutant et j’aurai aimé prolonger ce moment avec la voix admirable et puissante de Chimamanda Ngozi Adichie !

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

Citations :

« J’ai donc décidé d’être désormais une Féministe Africaine Heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes »

« Lorsque nous rejetons l’histoire unique, lorsque nous nous rendons compte qu’il n’y a jamais une histoire unique pour un lieu donné, quel qu’il soit, nous reconquérons une sortie de paradis »

La curée – Emile Zola (1872)

Et si nous nous plongions dans un roman mêlant l’or et la chair ?

Avec le deuxième volume de la série des Rougon-Macquart, Emile Zola construit une analyse autour du pouvoir de l’argent et du dérèglement des corps.

Aristide Saccard, frère d’Eugène Rougon, n’a qu’une seule soif, celle de l’argent. A l’aube de la proclamation du Second Empire, Aristide s’installe à Paris, bien décidé à faire fortune. Sous l’impulsion de son grand frère il gravit, petit à petit, les échelons et commence à se faire un nom dans la haute société parisienne.

Maîtrisant les spéculations, il fait fortune grâce à la transformation de Paris par le baron Haussmann. Sa nouvelle femme Renée symbolise ce Paris mondain. Elle se complait dans le luxe et n’a de cesse d’assouvir ses goûts dispendieux.

Pourtant son appétit ne semble jamais assouvi, Renée commence alors à ressentir du désir pour le fils de son mari, Maxime. Cet amant quasi incestueux jette une nouvelle perversion dans la vie de Renée. La ruée vers l’or s’accompagne alors d’une orgie de chair.

J’ai aimé découvrir Paris sous la plume d’Emile Zola qui, encore une fois, dissèque ses personnages et pose une étude sociale toujours aussi brillante.

Avec pour décor le Paris du XIXème siècle, Emile Zola dresse le portrait de ces parvenus aux désirs outranciers et inassouvis. Entre enrichissement spéculatif et dépravation morale, Emile Zola dresse une analyse fine et acerbe du Second Empire.

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

Citations :

« Et, à mesure que la calèche s’éloignait, il lui semblait que le crépuscule emportait derrière elle, dans ses voiles tremblants, la terre du rêve, l’alcôve honteuse et surhumaine où elle eût enfin assouvi son coeur malade, sa chair lassée ».

« Alors le drame était fini ? Son crime, les baisers dans le grand lit gris et rose, les nuits farouches de la serre, tout cet amour maudit qui l’avait brûlée pendant des mois, aboutissait à cette fin plate et ignoble ».

Tais-toi, je t’en prie – Raymond Carver (1976)

Et si nous nous immergions dans la réalité du quotidien ?

Avec ce recueil de vingt-deux nouvelles, Raymond Carver nous plonge au coeur du quotidien. Un ordinaire, ni éclatant ni lumineux, mais bien construit autour d’une vérité crue.

Ouvriers, magasiniers, caissiers, facteurs, commerciaux ou chômeurs, tous portent les mêmes interrogations sur le monde ou sur leur vie de couple. Dans des pavillons américains, des familles sont confrontées aux aléas du quotidien entre le règlement des factures, l’éducation des enfants ou la médisance des voisins…

Face aux ravages de l’alcool ou de la pauvreté, Raymond Carver dresse le tableau de ces familles américaines. Ces nouvelles, d’une profonde sincérité, mettent de côté tous les faux semblants.

A travers ces scènes d’un quotidien ordinaire, Raymond Carver dessine des portraits violents, cruels ou tragiques. Sous le prisme de la banalité, ces écrits vont nous en dire bien plus sur la solitude grandissante des êtres.

Portées par une belle écriture, ces nouvelles content des instants ordinaires parfois emprunts d’une désespérance sans limite.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« C’est vrai que la campagne était paisible ; il s’en dégageait un certain charme aussi, et l’idée de se trouver propriétaire de quelque chose de vraiment durable, de vraiment permanent, ne manquait pas d’attrait non plus. Il éprouva un subit élan de tendresse envers le modeste verger ».

« Papa ? Tu vas penser que je suis dingue, mais j’aurai voulu te connaître quand tu étais petit. Quand tu avais à peu près l’âge que j’ai maintenant, tu vois. Je ne sais pas comment t’expliquer ça, mais ça me manque. Quand j’y pense, ça me fait comme un trou. Comme si une partie de toi n’était déjà plus là ».

Les Zola – Méliane Marcaggi et Alice Chemama (2019)

Et si nous évoquions un roman graphique éblouissant ?

Vouant une admiration sans limite à Zola, c’est avec un grand enthousiasme que je me suis plongée dans cette bande dessinée sur les traces des femmes qui ont marqué sa vie.

Transportés en 1863 sur les bords de Seine dans le décor « Du déjeuner sur l’herbe » en compagnie de Manet, Zola et Cézanne, nous faisons la rencontre de Gabrielle, une femme libre, secrète et vivante ! Zola travaille encore comme pigiste chez Hachette lorsqu’il débute son idylle avec Gabrielle.

Lors du début de leur relation, Zola va découvrir la part sombre et cachée de Gabrielle et son autre prénom : Alexandrine. Elle révèle à Zola la tragédie qui a marqué sa vie. Cette confidence ne fait que renforcer leur lien.

Ils finissent par se marier mais les désirs de maternité de Gabrielle sont effacés par l’oeuvre de Zola. Devenu un écrivain célèbre, il débute l’écriture des Rougon- Macquart et Gabrielle s’avère être un soutien indéfectible. Véritable muse, elle le guide sur le terrain afin de mener des enquêtes indispensables à la construction de ses livres.

Au fil des années, les envies de paternité d’Emile Zola font surface et, peu à peu, une autre femme se glisse au coeur de leur maison, Jeanne Rozerot, une lingère au service du couple…

Je suis restée éblouie par la beauté des illustrations qui dépeignent une époque et donnent une nouvelle lecture de la vie d’Emile Zola. Ainsi, la place des femmes dans sa vie et dans la construction de son oeuvre est centrale.

C’est au travers des voix féminines que nous redécouvrons l’homme caché derrière l’écrivain….

A travers l’abnégation de Gabrielle pour porter l’oeuvre de Zola, cette bande dessinée nous interroge, avec justesse, sur la place des femmes dans nos sociétés.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Le temps où nous chantions – Richard Powers (2002)

Et si nous nous autorisions une parenthèse musicale ?

Avec cet imposant roman, Richard Powers mêle la musique et la question épineuse de la discrimination raciale dans nos sociétés.

A propos du racisme en Amérique, James Baldwin déclarait :

« C’est un très grand choc pour vous de découvrir que le pays où vous êtes né, auquel vous devez la vie et votre identité, n’a pas créé, dans tout son système de fonctionnement réel, la moindre place pour vous »

Absolument tout semble éloigner Daley et David. Daley est une jeune femme noire rêvant d’une carrière de chanteuse tandis que David est un brillant physicien allemand, seul rescapé d’une famille décimée par le nazisme. En 1939, ces deux êtres vont se rencontrer lors d’un concert de Marian Anderson, célèbre cantatrice noire.

Si tout les sépare, ils vont tenter l’impossible et créer leur propre univers, loin des conventions. De ce mariage mixte naît trois enfants : deux garçons, Jonah et Joseph, et une fille Ruth.

C’est autour de la musique que Daley et David construisent leur propre monde. Un idéal où la couleur de peau n’a plus aucune importance et où la vie s’articule au rythme de la musique. Ainsi, ils font le choix de vivre hors du monde et du temps.

Le talent musical de Jonah devient si incontournable que ses parents décident de l’inscrire dans une prestigieuse école. Accompagné de son frère Joseph, la musique deviendra leur seul univers. Mais peut-on vivre hors du monde ?

L’implacable réalité n’aura de cesse de venir les frapper au fil des années…

Ce livre s’accompagne d’un très bel hommage musical et questionne profondément les fractures raciales de la société américaine. Si j’ai trouvé que ce roman imposant présente des longueurs, je ne peux que saluer l’ambition de ce livre.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations :

« Des enfants d’un nouvel âge. Les conquérants d’une nouvelle terre, au-delà des races, des deux races, d’aucune race, de l’espèce humaine simplement : un métissage uni, comme les notes qui se joignent pour former un accord »

« Il chanta comme quelqu’un au-delà de la tombe, qui aurait réussi à revenir un dernier instant, afin de revêtir encore une fois l’enveloppe de la chair »

Des frelons dans le coeur – Suzanne Rault-Balet (2020)

Et si vous accompagniez votre café d’un poème ?

Accoudés avec Suzanne Rault-Balet dans un café, elle offre à nos yeux envoutés la lecture de ses carnets poétiques.

Suzanne Rault-Balet raconte son parcours, celui de la « louve citadine » Elle s’érige en infirmière et explique comment elle distribue à coeur perdu des vagues d’amour autour d’elle.

Prête à panser les blessures de chacun, Suzanne Rault-Balet nous parle de dépendance affective mais également de son rapport au monde, à ses parents ou à son quotidien. Adepte de l’errance, elle noircit des carnets et nous y expose ses désirs, sa quête d’amour mais également d’indépendance.

Une prose féminine et libre qui, avec justesse et modernité, nous parle de la femme dans toute sa complexité. J’ai trouvé certains passages d’une pure beauté. Diamant brut emprunt d’érotisme, il convient de s’approprier ce recueil accompagné de photos en argentique pleines de poésie.

Un texte dans lequel on aime se plonger, plusieurs fois, avec un café à l’image de Suzanne Rault-Balet.

Merci à la collection @icono.pop et aux @ed_iconoclaste pour cet envoi

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« Englobe mes histoires

Suce bien mes grimoires

J’ai besoin qu’on me vide

de mon essence amère »

« je suis libre

je peux décider de ma trajectoire

je peux disposer de mon corps

je peux façonner mes discours

tailler dans les mots que j’emploie

je suis libre

je ne suis sous aucune autre gouverne que la mienne

je n’ai aucun autre maître que moi

aucune autre barrière que celles que je me dresse

toute seule

je suis libre »

« lève-toi à cinq heures

poste-toi à la hauteur de la ville

juste en dessous du ciel

juste au-dessus des Hommes

laisse les minutes passer et vois

les lumières s’allumer chacune leur tour

sur ces toutes petites vies

vois les gens se lever

des unes après les autres pour se coucher le soir

sans avoir rien appris sinon que leur jeunesse leur échappe »