Le démon du bien – Henry de Montherlant (1937)

Et si nous poursuivions la lecture du cycle des « Jeunes filles » ?

Dans ce troisième volume, Henry de Montherlant poursuit son analyse des rapports amoureux, il se concentre cette fois sur le spectre du mariage.

Nous retrouvons Pierre Costals, écrivain érudit et odieux. Le cynique Costals prolonge sa relation avec Solange. Quand le mot mariage est prononcé entre eux, il perçoit cette alliance sous la forme de chaînes indissolubles. Si Solange commence à rêver d’une union officialisant leur liaison, la crainte de Costals est de plus en plus palpable.

Pourtant son attachement pour Solange le pousse à envisager ce mariage. Il débute une véritable négociation avec la mère de Solange sur les conditions de cette officialisation. Pierre Costals va torturer les deux femmes avec ses tergiversations. Jusqu’où ces hésitations maritales vont-elles conduire l’écrivain ?

Sous la plume d’Henry de Montherlant, Pierre Costals reste toujours aussi abjecte. Il suscite une profonde antipathie et pourtant il parvient toujours à nous décontenancer. Je ne peux que vous inviter à vous faire votre propos avis sur ce cycle.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations :

« Épouser un individu, passe encore. Mais il faut épouser un troupeau d’inconnus, l’obscène tribu des pères et mères, frères et sœurs, oncles et tantes et cousins, qui ont des droits sur vous eux aussi, ne serait-ce, en mettant les choses au mieux, que celui de vous faire perdre votre temps »

« On prétend que les querelles entre amants ressoudent l’amour. En réalité, elles créent des fêlures que rien ne ressoude. Quand on cherche dans son passé, on trouve que les êtres qu’on a profondément aimés, ce sont ceux avec qui l’on n’a jamais eu un accrochage. Et il y en a : ce miracle existe »

L’Amant de lady Chatterley – D. H. Lawrence (1928)

Et si nous parlions d’un classique sulfureux ?

Censuré en Angleterre à sa parution, ce roman mêlant érotisme et fresque sociale avait fait scandale.

Quand Constance épouse Sir Clifford Chatterley, héritier d’une famille aristocratique, elle espère dans ce mariage trouver l’harmonie conjugale.

Peu de temps après leur union, Clifford revient des tranchées émasculé et paralysé. Il trouve refuge dans son domaine de Wragby. Constance reste à ses côtés et devient rapidement pour lui une infirmière dévouée mettant de côté ses désirs. Ecrivain érudit, Clifford partage avec Constance de longues conversations intellectuelles. Cette vie recluse loin des plaisirs charnelles, laisse un sentiment d’insatisfaction et de frustration chez la belle et voluptueuse Constance.

Malgré les visites d’aristocrates venus de tout horizon, Constance s’ennuie au côté de Clifford et ne parvient pas à trouver un sens à sa vie. Lorsqu’elle rencontre le garde-chasse du domaine, Olivier Mellors issu de la classe ouvrière, l’attraction est immédiate. Avec cette rencontre, Constance connaîtra un véritable éveil sensuel et amoureux.

Au-delà d’un roman indécent, cette oeuvre dresse aussi le portrait d’une Angleterre fracturée par la lutte des classes. Sous cette liaison sensuelle se cache la collusion entre deux mondes l’un aristocratique l’autre issu de la classe ouvrière. Si j’ai trouvé quelques longueurs durant ma lecture, je ne peux que saluer ce roman transgressif qui a su provoquer une émancipation sexuelle et sociale.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Ce fut une étonnante nuit de passion sensuelle ; elle fut un peu effrayée et entraînée presque malgré elle, et pourtant transpercée encore de perçants frissons de sensualité, différents, plus aigus, plus terribles que les frissons de tendresse, mais, au moment même, plus désirables. Quoiqu’un peu effrayée, elle ne s’opposa à rien, et une sensualité sans frein et sans honte la secoua jusqu’au fond d’elle-même, la dépouilla de ses derniers voiles, en fit une femme nouvelle »

« La vie était toujours un rêve, ou une folie, enfermée dans un endroit clos »

Brothers – Yu Hua (2005)

Et si nous parlions d’une fresque éblouissante de la littérature chinoise ?

Dans ce roman dense, nous suivons avec émotion et promiscuité le destin de deux demi-frères dans une Chine en pleine mutation. 

Li Guangtou et Song Gang sont liés l’un à l’autre depuis leur enfance. Le mariage de leurs parents a créé entre eux une véritable fratrie. Face aux tragédies familiales, ils sont restés unis. A l’arrivée au pouvoir de Mao Zedong, leur père malgré son métier de professeur est rapidement perçu, en raison de sa famille, comme un propriétaire terrien. La nouvelle condition de leur père transforme le quotidien de cette famille modeste. 

Confrontés aux brimades et aux humiliations, leurs parents, modèles de courage et de droiture, gardent toute leur dignité et parviennent à guider leurs enfants.  

L’arrivée des deux frères dans l’âge adulte marque leurs premières divergences. Les bouleversements qui traversent le pays vont les conduire vers des chemins opposés. Parviendront-ils à rester unis ?  

Entre révolution culturelle et modernité, Yu Hua décrit avec intensité les changements profonds de la Chine durant ses quarante dernières années. A travers le regard de ses deux frères, les mutations de la Chine sont parfaitement retranscrites. Portée par un ton truculent mêlant humour et émotion, j’ai été emportée par cette fresque familiale qui offre un très beau panorama de la Chine. 

Ma note : 

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations : 

« Sois tranquille Maman : s’il ne me reste qu’un bol de riz, il sera pour Li Guantou, et s’il ne me reste qu’une chemise, elle sera pour lui aussi ».  

« ….les rires fusèrent: des gros rires, des rires discrets, des rires pointus, des rires perfides, des rires bêtes, des rires secs, des rires mouillés et des rires contraints. Quand la forêt est grande, on y trouve toutes sortes d’oiseaux: quand la foule est nombreuse, on y entend toutes sortes de rires ». 

L’Eternel Mari – Fiodor Dostoïevski (1870)

Et si nous parlions d’un vaudeville aux accents dramatiques ?

Avec l’Eternel Mari, Fiodor Dostoïevski nous propose une de ses oeuvres les plus singulières.

Veltchaninov remarque derrière lui un individu énigmatique qui semble presque le poursuivre. Il se rend compte que cet inconnu s’appelle Pavel Pavlovitch, un homme avec qui il a partagé pendant plusieurs années la même femme : Natalia Vasilievna.

Mari éternel, Pavel Pavlovitch a toujours fermé les yeux sur les penchants adultérins de sa femme. Veltchaninov a d’ailleurs été son amant durant de nombreuses années.

Lors de cette rencontre avec Pavel Pavlovitch, Veltchaninov apprend le décès de Natalia et rencontre sa fille Lisa. L’âge de l’enfant et sa ressemblance le submergent de doutes sur sa paternité.

Dans un face à face surprenant et vengeur, ces deux hommes vont évoquer de manière détournée cette femme tant aimée. Récit psychologique d’une grande intensité, Fiodor Dostoïevski arrive à dresser les portraits étoffés de personnages ambivalents. J’ai aimé ce récit précis sur la complexité des rapports humains.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« Les grandes pensées viennent moins d’un grand esprit que d’un grand coeur »

« A son avis, l’essence de ces maris consistait en ceci qu’ils devaient être, pour ainsi dire, des « éternels maris » ou, pour mieux dire, qu’ils devaient être dans la vie uniquement des maris, et rien d’autre.
« un homme de ce genre-là grandit seulement pour se marier, et, une fois marié, pour se transformer en un complément de sa femme, même dans le cas où il pourrait avoir son caractère à lui, indiscutable .
Ce genre de mari ne peut pas ne pas être cocu, comme le soleil ne peut pas ne pas briller. »

V13 – Emmanuel Carrère (2022)

Et si nous parlions d’une chronique judiciaire ?

Dans un récit immersif, Emmanuel Carrère raconte sa traversée du procès des attentats du 13 novembre 2015.

Journaliste pour l’Obs il a suivi pour l’hebdomadaire le procès organisé de septembre 2021 à juin 2022. Pendant dix mois, il a assisté chaque jour à ce procès hors norme et nous propose d’en suivre chacune des étapes. Avec un style très journalistique, il nous propose le récit de l’audition de certaines parties civiles, des accusés ou évoque l’organisation de la Cour.

Si ce récit n’est pas exhaustif, il permet cependant de nous offrir une chronique documentée et factuelle sur l’organisation du procès. Ce livre dévoile aussi son ressenti et ses questionnements sur cette expérience forte mais également éprouvante.

Je ne peux que recommander cet éclairage pour ceux qui auraient souhaité en savoir davantage sur cette traversée judiciaire.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Profession? Combattant de l’Etat islamique. » Le président regarde ses notes et, placide: « Moi, je vois intérimaire. »

« J’ai lu, entendu dire et quelquefois pensé que nous vivons dans une société victimaire, qui entretient une confusion complaisante entre les statuts de victimes et de héros. Peut-être, mais une grande partie des victimes que nous écoutons jour après jour me paraissent bel et bien des héros. À cause du courage qu’il leur a fallu pour se reconstruire, de leur façon d’habiter cette expérience, de la puissance du lien qui nous unit aux morts et aux vivants. Je me rends compte en relisant ces lignes qu’elles sont empathiques, mais je ne sais pas comment le dire moins emphatiquement : ces jeunes gens, puisque presque tous sont jeunes, qui se succèdent à la barre, on leur voit l’âme. On en est reconnaissant, épouvanté, grandi ».

L’éveil de la Glèbe – Knut Hamsun (1917)

Et si nous abordions une oeuvre norvégienne ?

Isak se retire dans une région reculée de Norvège avec pour ambition la culture d’une terre en friche. Lorsqu’il rencontre Inger, Isak perçoit sous son physique disgracieux et « son bec de lièvre » un caractère laborieux. Il décide de s’unir à elle et ils construisent ensemble une vie éloignée du monde.

Grâce à leur union, ils vont réussir à bâtir une ferme florissante. Entre concupiscence, jalousie ou infanticide, le couple lutte et l’amour que porte Isak pour Inger se renforce avec le temps.

Au fil des années, la ferme s’étend et doit coexister avec son milieu. D’autres cultivateurs s’installent dans la région et l’influence de la ville se fait de plus en plus prégnante. Le progrès qui éclôt dans la région éloignera-t-il Isak de la nature ?

Cette fresque familiale raconte la lente progression d’un couple de fermiers. Knut Hamsun parvient à faire évoluer ses personnages et à construire un portrait de femme puissant sous les traits d’Inger. Je confirme mon attrait pour la plume de Knut Hamsun qui nous propose un très bel éloge de la nature.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Isak sème. Le soleil du soir illumine les grains de blé qui s’échappent de sa main et tombent comme une pluie d’or dans les sillons »

« Mais un homme peut-il se représenter ce que c’est pour une femme que d’enfanter ? Il n’en a jamais ressenti les angoisses, les douleurs atroces. L’accusée est une fille de ferme, qui, n’étant pas mariée, a essayé de cacher son état. Pourquoi l’a-t-elle fait ? Par la faute de la Société, qui méprise la fille mère ! Non seulement la Société lui refuse sa protection, mais elle la persécute, lui inflige une honte imméritée ». 

Le diable au corps – Raymond Radiguet (1923)

Et si nous parlions d’un amour né durant la Première Guerre mondiale ?

François, jeune lycéen, perçoit la guerre des tranchées comme « quatre ans de vacances ». Les hommes sont partis au front et il profite librement de son innocence. Lorsqu’il fait la connaissance de Marthe, il est comme foudroyé par un amour tendre et aussi fougueux que sa jeunesse. Marthe fiancé à Jacques, lui paraît cependant inaccessible.

Quand Jacques part au front, François parvient à conquérir le coeur de cette femme de trois ans son ainée. Rapidement Marthe cède à l’élan passionné qui la porte vers le jeune François. Face aux voisins inquisiteurs ou aux reproches familiaux, leur amour parviendra-t-il à demeurer dans l’insouciance ?

Je n’ai pas été complètement conquise par ce court récit. Si les ébats de cette jeunesse fougueuse sont retranscrits par une plume impeccable, ce roman a pour ma part manqué d’émotion. Je ne regrette pas d’avoir enfin découvert ce classique même si je n’ai éprouvé qu’une empathie modérée pour son héros désinvolte.

Ma note :

Note : 2 sur 5.

Citations :

« Je vais encourir bien des reproches. Mais qu’y puis-je? Est-ce ma faute si j’eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre? Sans doute, les troubles qui me vinrent de cette période extraordinaire furent d’une sorte qu’on n’éprouve jamais à cet âge ; mais comme il n’existe rien d’assez fort pour nous vieillir malgré les apparences, c’est en enfant que je devais me conduire dans une aventure où déjà un homme eût éprouvé de l’embarras. Je ne suis pas le seul. Et mes camarades garderont de cette époque un souvenir qui n’est pas celui de leurs aînés. Que ceux déjà qui m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances « 

« Ce qui chagrine, ce n’est pas de quitter la vie, mais de quitter ce qui lui donne un sens »

Si l’espoir apaise la douleur – Simone Veil (2022)

Et si nous évoquions un témoignage bouleversant ?

Ce récit nous propose d’écouter la voix lumineuse et puissante de Simone Veil.

Parmi les témoignages des rescapés des camps, l’INA détenait un long entretien inédit de Simone Veil enregistré en 2006. Ce livre nous propose la retranscription de l’intégralité de son récit.

Avec pudeur et humanité, Simone Veil raconte sa déportation mais dévoile aussi son intimité. Elle évoque sa jeunesse insouciante à Nice entourée d’une famille aimante et unie. Elle décrit ensuite les prémisses de la Seconde Guerre mondiale. Elle raconte comment tout bascule le 30 mars 1944, au lendemain des épreuves du baccalauréat, quand elle se fait contrôler par des soldats allemands.

Elle est déportée avec sa mère et sa soeur dans les camps d’Auschwitz et de Bergen-Belsen. Elles restent toutes les trois unies face à l‘humiliation constante et l’indescriptible horreur des camps. Simone Veil raconte, pas à pas, les années de déportation mais aussi l’humiliation du retour. Elle nous fait part de son ressenti lors de la libération face au silence assourdissant autour des déportés juifs.

Un récit bouleversant, criant d’humanité, que je ne peux que vous recommander.

Merci aux éditions flammarion pour cet envoi

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citation :

« Il faut savoir faire des concessions, des sacrifices, quelque chose de dur, même, affectivement, si on veut que les jeunes aient un avenir qui ne soit pas obéré dès le départ par des rancoeurs, des haines, des désirs de revanche et de vengeance ».

L’assommoir – Emile Zola (1877)

Et si nous évoquions une des oeuvres les plus intenses de la série des Rougon-Macquart ?

Oeuvre emblématique du cycle des Rougon-Macquart, l’assommoir évoque la déchéance progressive et inéluctable de Gervaise.

Dans une chambre exiguë, Gervaise Macquart vit avec ses deux enfants Etienne et Claude nés de son union avec Lantier, un homme manipulateur et malhonnête. Lorsque Lantier la quitte brutalement en lui laissant la charge de leurs enfants, Gervaise trouve le courage de subvenir à ses besoins et devient blanchisseuse. Cet emploi modeste lui offre, à force de travail, un semblant de stabilité.

Dans sa nouvelle vie indépendante, Gervaise rencontre Copeau, un ouvrier travailleur et sobre qui lui propose de partager une vie modeste. Gervaise se laisse convaincre et décide de fonder une famille avec cet homme compréhensif qui accepte ses deux enfants. Elle bâtit une vie paisible avec Copeau et accède à la réussite mais l’implacable déterminisme de son milieu la rattrape.

Avec géni, Emile Zola expose le poids héréditaire et social qui engloutit Gervaise. Entre misère, alcoolisme et violence, nous assistons à sa chute progressive et inexorable.

Lors de ma relecture de ce roman, j’ai été à nouveau bouleversée par l’inévitable effondrement d’une femme face à son milieu. Je ne peux que vous inciter à découvrir ce récit profond, sombre, d’une force incroyable porté par la plume magistrale d’Emile Zola.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« Pendant un printemps, leurs amours emplirent ainsi la forge d’un grondement d’orage. Ce fut une idylle dans une besogne de géant, au milieu du flamboiement de la houille, de l’ébranlement du hangar, dont la carcasse noire de suie craquait. Tout ce fer écrasé, pétri comme de la cire rouge, gardait les marques rudes de leurs tendresses »

« Son rêve était de vivre dans une société honnête, parce que la mauvaise société, disait-elle, c’était comme un coup d’assommoir, ça vous causait le crâne, ça vous aplatissait une femme en moins de rien »

Moi, Tituba sorcière… – Maryse Condé (1986)

Et si nous assistions au procès dune sorcière de Salem ?

Inspiré de la vie de Tituba, ce roman nous emporte à la rencontre d’une esclave devenue sorcière.

Née à la Barbade, Tituba semble prédestiner à un destin tragique. Fille d’esclave, elle doit apprendre à survivre seule. Man Yaya, guérisseuse, l’initie aux pouvoirs des plantes et elle parvient peu à peu à parler aux morts. Elle trouve auprès de ces « invisibles » aide et soutien.

Par amour, Tituba quitte sa Barbade natale pour Boston. Ce bouleversement l’emporte loin de ses proches défunts. Isolée, elle ne parvient plus à communiquer avec eux. Puis, elle doit survivre à Salem. Sa différence et ses pouvoirs susciteront la méfiance d’une communauté puritaine. Accusée de sorcellerie, elle devra en tant que femme noire faire face à un destin implacable.

Maryse Condé redonne de la voix à un personnage oublié de l’histoire. Largement imaginé par Maryse Condé, Tituba impétueuse et compassionnelle revit sous sa plume. Portée par la révolte émanant de ce récit, j’ai été transportée par le début du roman mais je me suis légèrement essoufflée sur la fin.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations :

« Les morts ne meurent que s’ils meurent dans nos coeurs. Ils vivent si nous les chérissons, si nous honorons leur mémoire, si nous posons sur leurs tombes les mets qui de leur vivant ont eu leurs préférences, si à intervalles réguliers nous nous recueillons pour communier dans leur souvenir. Ils sont là, partout autour de nous, avides d’attention, avides d’affection. Quelques mots suffisent à les rameuter, pressant leurs corps invisibles contre les nôtres, impatients de se rendre utiles ».

« Il éclata de rire à nouveau. Mon dieu, comme cet homme savait rire ! Et à chaque note qui fusait de sa gorge, c’était un verrou qui sautait de mon coeur ».