La Chambre de Giovanni – James Baldwin (1956)

Et si nous mêlions désir et trahison ?

Dans le décor parisien effervescent de l’après-guerre, David, un jeune Américain rencontre Giovanni, un immigré italien d’une beauté désinvolte. Un désir tortueux pour cet homme le submerge, alors que sa fiancée est partie pour l’Espagne.

Ébranlé par cette attirance, David se laisse emporter dans une relation passionnelle avec Giovanni jusqu’à partager un logement exigu avec lui. Leurs rapports s’intensifient au fil des mois mais David est tiraillé entre son désir et un sentiment de honte. Jusqu’où cette relation heurtera-t-elle son identité ?

Porté par un style brillant et sensitif, James Baldwin nous transporte dans cette relation tumultueuse entre deux hommes. Dans un milieu parisien marginalisé, James Baldwin retranscrit avec une grande maîtrise les douleurs liées à l’identité sexuelle.

Ma note

Note : 4 sur 5.

Citations

« La mort de l’innocence est aussi la mort de la culpabilité ».

« Mais on ne peut malheureusement pas inventer nos amarres, nos amants ni nos amis, pas plus qu’on ne peut inventer nos parents. La vie nous les donne et nous les reprend, et la grande difficulté est de dire oui à la vie ».

L’insoutenable légèreté de l’être – Milan Kundera (1984)

Et si nous évoquions le plus beau titre de la littérature ?

Entre dimension philosophique, amoureuse et politique, Milan Kundera navigue avec légèreté dans les destins aussi hasardeux que complexes de ses personnages.

Libertin sans attache, Tomas entretient une relation avec Tereza, mais se laisse griser par des amitiés érotiques sans attache, notamment avec Sabina, une artiste peintre indépendante et rebelle.

Dans le décor tumultueux du printemps de Prague, l’attachement inexplicable qui unit Tomas à Tereza vient ébranler son mode de vie. Entre basculement politique et sentimental, Tomas arrivera-t-il à osciller entre pesanteur et légèreté ?

En explorant les possibilités et la beauté d’une vie humaine, Milan Kundera nous transporte dans ce roman. Avec une plume poétique et vertigineuse, ce récit éblouissant explore les sentiments, les choix ou les hasards qui régissent nos vies. Un livre à lire, puis à relire pour en être profondément transformé.

Ma note

Note : 5 sur 5.

Citations

« La vie humaine n’a lieu qu’une seule fois et nous ne pourrons jamais vérifier quelle était la bonne et quelle était la mauvaise décision, parce que, dans toute situation, nous ne pouvons décider qu’une seule fois. Il ne nous est pas donné une deuxième, une troisième, une quatrième vie pour que nous puissions comparer différentes décisions »

« Pour qu’un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s’y rejoignent dès le premier instant ».

« Vivre dans la vérité, ne mentir ni à soi-même ni aux autres, ce n’est possible qu’à la condition de vivre sans public. Dès lors qu’il y a un témoin à nos actes, nous nous adaptons bon gré mal gré aux yeux qui nous observent, et plus rien de ce que nous faisons n’est vrai ».

« L’homme, à son insu, compose sa vie d’après les lois de la beauté jusque dans les instants du plus profond désespoir ».

Moderato Cantabile – Marguerite Duras (1959)

Et si une rencontre bouleversait le quotidien d’une mère ?

Dans ce roman dépouillé, Marguerite Duras dévoile la tentative désespérée d’une mère pour s’arracher à la morosité de son quotidien et à un amour maternel démesuré.

Anne Desbaresdes accompagne son fils à sa leçon de piano. Elle tente d’adoucir les remontrances et les brimades infligées par la professeure. Lorsqu’elle est témoin d’un meurtre, Anne Desbaresdes se rend subitement dans un café, sous prétexte de vouloir obtenir des renseignements sur ce fait divers.

Elle rencontre Chauvin, un homme énigmatique avec qui elle noue une relation singulière. Anne Desbaresdes développe un goût immodéré pour le vin à mesure que son attraction pour cet homme grandit. Cette rencontre, nimbée de mystère et du parfum des magnolias, va briser son quotidien. Jusqu’où ce désir implacable la conduira-t-il ?

Dans un style nu et cristallin, Marguerite Duras, en quelques lignes, nous plonge dans un univers d’une beauté menaçante. Ce court ouvrage m’a littéralement conquise.

Ma note

Note : 4.5 sur 5.

Citations

« Ils n’ont pas demandé à vivre, dit la mère – elle rit encore – et voilà qu’on leur apprend le piano en plus, que voulez vous »

« Dehors, dans le parc, les magnolias élaborent leur floraison funèbre dans la nuit noire du printemps naissant. Avec le ressac du vent qui va, vient, se cogne aux obstacles de la ville, et repart, le parfum atteint l’homme et le lâche, alternativement »

« Il resta là, dans une résolution apparemment tranquille, agrippé de nouveau à elle de ses deux bras, le visage collé au sien, dans le sang de sa bouche ».

Normal People – Sally Rooney (2018)

Et si nous parlions d’une histoire d’amour tortueuse ?

Dans Normal People, Sally Rooney arrive à percevoir, avec un grande acuité, les déchirures et les espérances d’une jeunesse désabusée.

Connell et Marianne partage une grande alchimie. Si leur attirance est indéniable, elle doit rester loin des regards. Au lycée, Connell se refuse à assumer une relation qu’il tisse pourtant avec Marianne jour après jour dans l’ombre. La puissance du regard des autres ne lui permet pas d’être complètement lui-même. Sa réputation au lycée risque d’être ternie par l’insaisissable Marianne. Un an plus tard, lorsqu’ils se retrouvent au Trinity College de Dublin, les rapports de force s’inversent. Marianne s’épanouit alors que Connell ne trouve pas sa place dans le monde universitaire. Jusqu’où cette relation aussi belle que sinueuse les conduira-t-elle ?

Avec un regard vif et profond, Sally Rooney parvient à nous plonger dans les aspirations intimes de ses personnages. Au-delà d’une histoire d’amour, elle arrive à décrire les fêlures qui traversent Connel et Marianne. Ayant adoré la série télévisée je manque sans doute d’objectivité mais j’ai aimé me plonger dans cette atmosphère sophistiquée et complexe.

Ma note

Note : 4 sur 5.

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme – Stefan Zweig (1927)

Et si nous nous laissions enivrer par une passion ?

Une femme âgée et distinguée décide de confier à une jeune homme le récit de l’épisode le plus fugitif et le plus marquant de son existence. Avec appréhension, elle confesse les vingt-quatre heures qui ont bouleversé sa vie.

Des années plus tôt après le décès de son mari, cette anglaise a rencontré un jeune homme au casino de Monte-Carlo. Littéralement fascinée par les mains de cet homme consumé par le jeu, elle est hypnotisée par l’urgence et la passion qui se dégagent de sa gestuelle. Elle décèle rapidement la détresse qui irradie du jeune homme et décide de lui porter secours. Pourtant son devoir est emprunt d’une attraction sensuelle indéniable, jusqu’où sera-t-elle prête à aller pour le sauver ?

Dans cette nouvelle aux ressorts psychologiques brillants, Stefan Zweig nous propose une immersion dans l’esprit d’une femme foudroyée par la passion. La fièvre amoureuse et l’addiction aux jeux s’entrecroisent dans un ballet lancinant et envoûtant. Dans ce court récit Stefan Zweig est tout simplement au sommet de son art !

Ma note

Note : 5 sur 5.

Citations

« …mais le sentiment d’une femme sait tout, sans paroles et sans conscience précise. Car…maintenant je ne m’abuse plus…, si cet homme m’avait alors saisie, s’il m’avait demandé de le suivre, je serais allée avec lui jusqu’au bout du monde ; j’aurais déshonoré mon nom et celui de mes enfants… »

« Vieillir n’est, au fond, pas autre chose que n’avoir plus peur de son passé »

Lettres d’amour et de guerre – Pavlo et Viktoriya Matyusha (2024)

Et si nous parlions d’une correspondance amoureuse ?

Dans ce recueil, Doan Bui dévoile la correspondance qui relie Pavlo et Viktoriya Matyusha durant de nombreux mois.

Ce couple séparé par la guerre opposant l’Ukraine et la Russie se livre à une tirade amoureuse entrecoupée de l’horreur du front. S’ils partagent quotidiennement des messages électroniques, ils ont décidé de prendre la plume pour s’envoyer des lettres plus longues, où leurs émotions peuvent davantage s’exprimer.

Ecrivain ukrainien, Pavlo s’est engagé volontairement dès le début du conflit pour défendre son pays. Il a laissé sa femme et ses quatre enfants se réfugier en France. Viktoriya, bouleversée par cette séparation, doit apprendre à s’organiser seule loin de son pays. Elle oscille entre un travail prenant, des déplacements à l’étranger, les contraintes du quotidien et l’éducation de ses enfants. L’absence de Pavlo se fait jour après jour plus insoutenable. Au-delà de son inquiétude grandissante, elle se sent abandonnée. Leur couple pourra-t-il survivre à la guerre ?

Dans cette correspondance intime, Doan Bui révèle le quotidien d’un couple séparé par un conflit insupportable. Au-delà de la force de l’amour qui les relie, j’ai aimé ce nouveau regard porté sur le quotidien insoutenable des ukrainiens. Une plongée dans l’âme ukrainienne qui nous permet de mieux appréhender leurs combats et leurs convictions.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citation :

« Je voudrais te tenir dans mes bras, te serrer, fort, je te tournerai pour pouvoir embrasser ta nuque. Je pouvais faire cela, tous les jours, plusieurs fois par jour et maintenant, je ne peux plus que l’imaginer. Mais la vie, dans notre imagination c’est toujours la vie ».

Lettre à D. – André Gorz (2006)

Pour la Saint-Valentin, et si nous partagions une longue lettre d’amour ?

Dans ce court écrit, André Gorz déclare son amour à Dorine, sa femme. Il décrit comment elle a transcendé sa vie mais aussi son oeuvre.

A la fois philosophe, journaliste ou écologiste, André Gorz est un homme de convictions et d’engagements. Dans ce texte, il décide de réhabiliter cette femme, trop longtemps dans l’ombre de son oeuvre. Il va lui redonner la place centrale qu’elle occupe dans sa vie depuis le premier jour de leur rencontre.

Séduisante et intelligente, Dorine par son aura a tout de suite charmé André. Son accent britannique et sa prestance étaient indéniables.

L’éclat de cet amour fusionnel est mis en lumière dans cette déclaration d’une grande sensibilité qui émeut jusqu’aux larmes.

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

Citations :

« Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien ».

« Nous n’étions pas pressés. J’ai dénudé ton corps avec précaution. J’ai découvert, coïncidence du réel avec l’imaginaire, l’Aphrodite de Milos devenue chair ».

« Nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l’autre. Nous nous sommes souvent dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble ». 

Un amour noir – Joyce Carol Oates (1993)

Et si nous découvrions un amour interdit ?

Carla est une femme sauvage, fille de paysans pauvres, ses cheveux roux et son animalité troublent les habitants de la petite vallée de Chautauqua aux Etats-Unis.

Malgré sa différence, elle s’est résignée à un mariage sans amour. De cette union est née plusieurs enfants. Elle ne s’est jamais véritablement occupée d’eux et semble passer à côté de sa vie. Pourtant, son esprit indomptable ne demande qu’à éclore. Quand elle croise le regard d’un homme noir son coeur bascule. Jusqu’où cette passion interdite va-t-elle l’emporter ?

Dans ce court roman, Joyce Carol Oates dresse le portrait d’une femme insoumise. Un roman sombre qui interroge sur l’intolérance, les conventions et le racisme dans la société américaine. Si ce récit n’a pas la force romanesque des autres ouvrages de Joyce Carol Oates, l’intensité dramatique est bien présente durant toute la lecture.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Je n’ai pas choisi la couleur de ma peau, comment peut-on me la reprocher ? »

« Elle trouvait sa consolation dans la vie impersonnelle qui coulait à travers elle, pareille à un cours d’eau souterrain, invisible et secret ; la vie qui faisait naître les enfants, et dévorait goulûment toute vie organique, et qui animait le vent dans les arbres et faisait battre son cœur malgré elle sans qu’elle puisse intervenir. Elle avait foi en cette vie qui n’avait pas de nom et elle pensa avec une conviction soudaine et une certaine irritation : Non je ne me noie pas ».

Belle du seigneur – Albert Cohen (1968)

Et nous partagions une prouesse romanesque ?

Tragédie amoureuse, Belle du seigneur nous emporte dans les méandres d’une histoire d’amour passionnée.

Quand Solal rencontre Ariane la force de l’attraction est indéniable. Pourtant Ariane est mariée à Adrien Deume, personnage arriviste et oisif prêt à tout pour réussir. Quand son employeur Solal pose son regard sur Adrien, il ne saisit pas que c’est sa femme qu’il convoite. Lumineuse Ariane, elle est tournoyante de beauté. Plus ténébreux et sombre, Solal est beaucoup plus énigmatique mais il est bien décidé à se lancer dans cette conquête amoureuse.

Pourtant leur passion ne sera pas éternelle, elle doit faire face à l’usure du quotidien et à l’ennui. Ariane et Solal n’auront de cesse de créer des artifices pour préserver une conception fantasmée de l’amour. Jusqu’où iront-ils pour sauver cet absolu amoureux ?

Au-delà de nous interroger sur nos conceptions des rapports passionnés, Albert Cohen jette un regard cynique sur la bureaucratie de la Société des Nations. Si la longueur de cette œuvre peut vous faire peur, ce roman est immensément riche. Il parvient à nous faire sourire mais également à susciter de profonds bouleversements dans nos réflexions.

Un immense classique de la littérature qui me laissera une marque indélébile.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Citations :

« Descendu de cheval, il allait le long des noisetiers et des églantiers, suivi des deux chevaux que le valet d’écurie tenait par les rênes, allait dans les craquements du silence, torse nu sous le soleil de midi, allait et souriait, étrange et princier, sûr d’une victoire. A deux reprises, hier et avant-hier, il avait été lâche et il n’avait pas osé. Aujourd’hui, en ce premier jour de mai, il oserait et elle l’aimerait ».

« Aimé, hier soir je lisais un livre et soudain je me suis aperçue que je ne comprenais rien et que je pensais à vous »

L’amour aux temps du choléra – Gabriel Garcia Marquez (1985)

Et si nous suivions le parcours d’un amoureux éconduit ?

Fermina et Florentino sont adolescents quand ils se rencontrent et débutent une idylle de jeunesse portée par une conception fantasmée de l’amour. Lorsqu’ils grandissent Fermina se détourne du jeune télégraphiste. Face aux élans poétiques et à l’aspect légèrement taciturne du jeune homme, Fermina remet en cause ses anciennes promesses d’amour éternel.

Si Florentino s’enivre dans des aventures scandaleuses, il ne se détourne jamais de ses sentiments passionnés pour la jeune femme. De son côté, Fermina épouse un brillant médecin et devient la femme de l’homme le plus reconnu de cette petite ville des Caraïbes.

Florentino demeure dans l’entourage lointain de Fermina, il la croise dans quelques évènements mondains et se promet de faire fortune bien décider à conquérir un jour le coeur qui lui a échappé. Lorsque le destin les réunit à nouveau, Fermina jettera-t-elle un seul regard sur ce fantôme du passé ?

Dans un pays dévasté par le choléra, Gabriel Garcia Marquez partage le quotidien d’une ville coupée du monde et décrit cette conquête amoureuse. Si ce classique est assurément bien écrit, je n’ai malheureusement pas été conquise. Je trouve que le personnage de Fermina a manqué de force dans un récit abordé sous un angle exclusivement masculin. La vision de la femme et les propos restent particulièrement dérangeants et je n’ai malheureusement pas été transportée. Si la consistance du sentiment amoureux de Florentino est indéniable, il n’a suscité pour moi aucune envolée.

Ma note :

Note : 2 sur 5.

Citations :

« Il était encore trop jeune pour savoir que la mémoire du cœur efface les mauvais souvenirs et embellit les bons, et que c’est grâce à cet artifice que l’on parvient à accepter le passé ».

« Il devait lui apprendre à considérer l’amour comme un état de grâce qui n’était pas un moyen mais une fin en soi »