Vingt-quatre heures de la vie d’une femme – Stefan Zweig (1927)

Et si nous nous laissions enivrer par une passion ?

Une femme âgée et distinguée décide de confier à une jeune homme le récit de l’épisode le plus fugitif et le plus marquant de son existence. Avec appréhension, elle confesse les vingt-quatre heures qui ont bouleversé sa vie.

Des années plus tôt après le décès de son mari, cette anglaise a rencontré un jeune homme au casino de Monte-Carlo. Littéralement fascinée par les mains de cet homme consumé par le jeu, elle est hypnotisée par l’urgence et la passion qui se dégagent de sa gestuelle. Elle décèle rapidement la détresse qui irradie du jeune homme et décide de lui porter secours. Pourtant son devoir est emprunt d’une attraction sensuelle indéniable, jusqu’où sera-t-elle prête à aller pour le sauver ?

Dans cette nouvelle aux ressorts psychologiques brillants, Stefan Zweig nous propose une immersion dans l’esprit d’une femme foudroyée par la passion. La fièvre amoureuse et l’addiction aux jeux s’entrecroisent dans un ballet lancinant et envoûtant. Dans ce court récit Stefan Zweig est tout simplement au sommet de son art !

Ma note

Note : 5 sur 5.

Citations

« …mais le sentiment d’une femme sait tout, sans paroles et sans conscience précise. Car…maintenant je ne m’abuse plus…, si cet homme m’avait alors saisie, s’il m’avait demandé de le suivre, je serais allée avec lui jusqu’au bout du monde ; j’aurais déshonoré mon nom et celui de mes enfants… »

« Vieillir n’est, au fond, pas autre chose que n’avoir plus peur de son passé »

Les Deux Soeurs – Stefan Zweig (1936)

Et si nous nous enivrions à nouveau de la plume de Stefan Zweig ?

Dans ce recueil, nous découvrons deux nouvelles méconnues et poétiques de Stefan Zweig. Ces récits intérieurs dévoilent les premiers émois fougueux d’un adolescent et mettent également en lumière la rivalité de deux soeurs jumelles.

Tout d’abord, « Une histoire au crépuscule » propose de décrire une passion amoureuse. Un jeune homme qui vient à peine de sortir de l’adolescence séjourne dans une belle demeure avec ses cousines et plusieurs femmes. Durant son séjour, il rencontre au crépuscule une étrangère. Cachée dans l’ombre, celle-ci ose montrer son désir pour le garçon et l’enlace fougueusement. Cette rencontre avec une inconnue au doux parfum et à la sensualité indéniable plonge le jeune homme dans une ivresse charnelle. Il s’éprend de cette femme jusqu’à lui vouer une passion dévorante et fantasmée. Parviendra-t-il à percer le mystère de cette inconnue ?

Dans la seconde nouvelle « Les Deux Soeurs », Stefan Zweig propose une rencontre avec deux soeurs jumelles. Issues de l’union entre un commandant ambitieux et une magnifique épicière, Helena et Sophia sont rivales depuis l’enfance. Elles s’épanouissent dans un duel acharné et aspirent à une réussite luxueuse. Quand Helena quitte brusquement la maison et se jette dans une vie où ses charmes vont lui permettre d’accéder à la richesse, Sophia est dévastée. Pourtant, elle n’est pas décidée à perdre la bataille, qui gagnera ce combat ?

Entre vanité exacerbée, affres de la jalousie ou fougue de jeunesse, Stefan Zweig parvient à nouveau dans ces courts récits à dépeindre avec talent l’âme humaine. Il arrive en quelques lignes à dévoiler les sentiments enfouis de ses personnages et propose deux nouvelles au charme indéniable.

Ma note

Note : 5 sur 5.

« Peu lui importe de savoir comment cette femme est parvenue jusqu’à lui, de connaître son nom : il lui suffit de boire, les yeux clos, jusqu’à l’ivresse, le désir avide de ces lèvres étrangères, leur parfum humide, et d’abdiquer toute volonté, éperdu, transporté par une vague immense de passion ».

« L’amour n’a peut-être rien de plus délicieux à offrir que ces instants de rêves aux couleurs pastels, dans la pénombre ».

Thérèse – Arthur Schnitzler (1928)

Et si nous dressions le portrait d’une jeune viennoise ?

Dans ce roman psychologique remarquable, Arthur Schnitzler dresse le portrait de Thérèse et de sa lente et inexorable descente aux enfers.

Après la déception de ses premiers amours et confrontée à la maladie de son père, Thérèse quitte sa famille pour s’établir à Vienne. Elle exerce le métier d’institutrice au sein de diverses familles viennoises. Thérèse, en éduquant les enfants, accède à toute l’intimité des couples. Pourtant, elle ne trouve jamais sa place.

Entre passions amoureuses éphémères ou mariages chimériques, les désillusions se succèdent pour Thérèse. Combative, elle continue à avancer dans une époque où la condition de la femme ne cesse d’être inégale. Lorsqu’elle devient mère, jusqu’où le poids de cet enfant non désiré la conduira-t-elle ?

Ce roman pourtant court parvient à donner une dimension profonde et intense à cette héroine. J’ai eu un véritable coup de coeur pour ce sombre roman psychologique.

Ma note

Note : 5 sur 5.

« Une telle créature avait-elle droit au bonheur, pouvait-elle accomplir son destin de femme ? Jamais ! Elle était seule et condamnée à la solitude. Son fils ne lui était rien, car son cœur était usé comme son âme, comme son corps, comme ses vêtements ».

La femme gauchère – Peter Handke (1976)

Et si nous parlions d’un récit nébuleux ?

Dans ce court roman, Marianne quitte brutalement son mari. Elle décide de vivre seule avec son fils. Les raisons de ce départ sont méconnus : quête de solitude ou de liberté ? volonté de fusionner avec son fils ? un amour en fuite ?

Au fil du récit, Marianne va reprendre son indépendance et poursuit son travail de traductrice. Dans une ambiance nébuleuse, où un froid glacial semble planer sur le récit, nous percevons les lentes évolutions de cette femme dans les petits gestes du quotidien.

Avec une écriture blanche, ce récit suspendu nous transporte dans un univers particulier. Si la plume est délicate, ce roman a manqué pour moi d’émotions et je n’ai pas été emportée dans l’univers des personnages.

Ma note :

Note : 2 sur 5.

Citations :

« Être seul produit la souffrance la plus glacée, la plus dégoûtante qui soit : on devient inconsistant. Alors on a besoin de gens qui vous apprennent qu’on n’est tout de même pas aussi détérioré que cela »

« Si rêver veut dire, être ce qu’on est, alors je veux être une rêveuse »

Pays, villes et paysages – Stefan Zweig (1939)

Et si nous entamions un voyage avec Stefan Zweig ?

Dans ce court récit, Stefan Zweig porte un regard humaniste sur le monde. Il décrit avec curiosité et passion les paysages qui ont jalonné ses voyages.

De New York à Bénarès, en passant par l’Europe qu’il a tant chéri ou par la Russie et le Brésil, Stefan Zweig transmet ses impressions de voyage. Il parvient à retranscrire l‘atmosphère qui plane dans les villes qu’il a parcouru. Sa description si personnelle et touchante de Vienne, une ville qu’il a tant connu est particulièrement marquante. Au-delà de l’ambiance des villes, Stefan Zweig nous livre des réflexions politiques et personnelles. Ecrivain visionnaire, il porte un regard percutant et optimiste sur les évolutions de son temps.

Oeuvre méconnu de l’univers de Stefan Zweig, il ne s’agit pas de la plus marquante mais je ne peux que vous inciter à la découvrir pour les amateurs de voyages dépaysants.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« La jouissance me semble être chez l’homme un droit et même une vertu, tant qu’elle ne contribue pas à l’abêtir ou à l’affaiblir. Je l’ai toujours constaté : ceux-là précisément qui, tant qu’ils le pouvaient, profitaient librement et honnêtement des plaisirs de l’existence s’avéraient les plus courageux dans les situations difficiles et dans le danger, de même que les peuples et les hommes qui ne se battent pas par amour du militarisme mais simplement en y étant contraints se révèlent en fin de compte les meilleurs combattants ».

« Une nature qui apparaît elle-même comme la plus accomplie des œuvres d’art »

Mademoiselle Else – Arthur Schnitzler (1924)

Et si nous intégrions la bourgeoisie viennoise ?

Dans ce court récit, Arthur Schnitzler dresse le portrait de la jeune et fascinante Else.

Pour l’été, Mademoiselle Else réside dans un luxueux hôtel du nord de l’Italie. Quand elle reçoit une lettre alarmante de sa mère évoquant la ruine de son père sous le poids des dettes, elle est dévastée. Sa mère la supplie de sauver l’honneur de son père en sollicitant auprès d’un ancien ami de la famille, Monsieur Dordsay, une somme d’argent conséquente.

Else est tiraillée entre son honneur et sa dévotion pour sa famille. Quand Monsieur Dordsay lui propose comme condition de son prêt, un scandaleux marché, Else perd complètement pied.

Arthur Schnitzler interroge la morale bourgeoise prête à tous les sacrifices pour conserver sa grandeur. Le monologue intérieur d’Else permet de mesurer l’ampleur des contradictions et des névroses qui la traversent. Un récit bref et déroutant qui m’a beaucoup surprise.

J’aurai aimé que l’analyse des personnages soit plus étoffés mais ce texte atypique ne peut pas laisser indifférent.

Ma note :

Note : 2 sur 5.

Citation :

« Je ne me vends pas ; non, jamais je ne me vendrai. Je me donnerai. À l’homme de mon choix je me donnerai. Me vendre, ah non. Je veux bien être une dévergondée mais pas une putain »

Marie-Antoinette – Stefan Zweig (1932)

Et si nous parlions d’une biographie ?

Stefan Zweig dans cette biographique nous offre une rencontre éblouissante avec Marie-Antoinette.

D’une nature ordinaire, Marie Antoinette a vécu à l’image de tant d’autres reines et princesses de son temps. Frivole, inconsistance et enjouée, Marie-Antoinette n’a rien de remarquable et évolue à la cour dans toute l’opulence que lui offre son titre. Et pourtant, le poids de l’histoire en marche a fait de Marie-Antoinette une figure inoubliable.

Jeune reine, elle fait face à l’impuissance de Louis XVI et va combler sa frustration dans les fêtes et les distractions diverses. Faisant du petit Trianon son nouveau royaume, elle vit couper du monde entre ses bijoux, ses tenues d’exception et un luxe indescriptible.

Au fil du temps, elle doit faire face à des ennemis de plus en plus nombreux. Soumise à des critiques acerbes, Marie-Antoinette devient pourtant au fil de son règne une mère et une femme forte.

Nous découvrons également, à travers les correspondances cachées, la passion amoureuse qu’elle entretenait avec le comte Axel de Fersen. Dans les pires moments de son règne face à la révolution qui gronde, le comte Axel de Fersen restera à ses côtés. Malgré l’étau qui se resserre autour d’elle, Marie-Antoinette déploie toute sa dignité et son courage jusqu’à son dernier souffle…

Dans cette biographie travaillée à l’extrême, Stefan Zweig dépeint Marie-Antoinette dans toutes ses facettes. De la jeune princesse innocente à sa dignité sur l’échafaud, nous découvrons un destin hors du commun. Une analyse tant historique et psychologique qui m’a complètement transportée.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« Car l’idée de Révolution est très large et comporte toute une gamme de nuances, allant du plus haut idéalisme à la véritable brutalité, de la grandeur à la cruauté, du spiritualisme le plus subtil à la violence la plus grossière ; elle change et se transforme, parce qu’elle tient toujours sa couleur des hommes et des circonstances ».

« Séparées par des centaines de lieues, invisibles et inaccessibles l’une à l’autre, leurs âmes au même moment communient dans un même désir ; dans l’espace insaisissable, au-delà du temps, leurs pensées se rencontrent comme les lèvres dans le baiser ».

Les derniers jours de Stefan Zweig – Guillaume Sorel Laurent Seksik (2012)

Et si nous retracions en image les derniers jours de la vie de Stefan Zweig ?

Arrivé au Brésil avec sa deuxième épouse Lotte, Stefan Zweig ne parvient pas à accepter le poids de la guerre mondiale et son exil.

Avec sa compagne, ils vont découvrir un pays somptueux aux multiples couleurs. Pourtant, ce paysage synonyme de paix et de quiétude n’écarte pas de l’esprit de Stefan Zweig son pays natal, l’Autriche.

Il essaye de se réfugier dans l’écriture mais son chagrin semble s’accroître au fil du temps. Les échos de la seconde guerre mondiale parviennent jusqu’au Brésil. Son sentiment d’impuissance face à l’anéantissement de l’ordre mondial est de plus en plus fort.

Sans arrêt, il pense à ses amis restés derrière lui et à l’avenir noir qui se profile à l’horizon. Sa désillusion sur l’avenir du monde n’a plus de limite. Il entraine dans son désespoir Lotte qui le suivra aveuglement jusqu’aux derniers jours.

Au-delà du poids de la guerre et du parcours d’exilé de l’écrivain, nous découvrons avec ces aquarelles sublimes, l’intensité de l’amour qui unissait Stefan Zweig et son épouse.

J’ai été profondément émue par ce très joli roman graphique mettant en lumière un amour tragique.

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

Le bouquiniste Mendel – Stefan Zweig (1929)

Et si nous nous autorisions un instant de plénitude avec la plume de Zweig ?

Stefan Zweig est un auteur qu’on ne présente plus et dont le style inimitable a accompagné, sans cesse, mon amour de la littérature.

Jakob Mendel, bouquiniste, passe ses journées attablé dans un recoin du café Gluck. Les heures s’écoulent ainsi et se ressemblent, Jakob se plongeant inlassablement dans ses livres. Coupé du monde, il ne prête aucune attention à l’agitation qui règne dans l’établissement. Il demeure hypnotiquement captivé par sa lecture et rien ne semble pouvoir l’en détacher.

Disposant d’une mémoire stupéfiante, son esprit s’apparente à un gigantesque catalogue, regroupant tous les livres. Ses talents lui donnent la possibilité unique de trouver n’importe quel ouvrage et font de lui un homme précieux pour de nombreux intellectuels.

La première guerre mondiale vient mettre en péril l’univers tout entier de Jakob Mendel qui fera face, pour la première fois de son existence, à la réalité du monde.

Encore une fois, avec ce très court récit, Stefan Zweig m’a littéralement ensorcelée. En quelques lignes, il sait retranscrire toute la psychologie de son personnage et crée un véritable attachement à celui-ci. Une plume incomparable que je ne me lasse jamais de redécouvrir.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations : 

« On ne fait les livres que pour unir les hommes par-delà la mort et nous défendre ainsi contre les adversaires les plus implacables de toute vie : l’évanescence et l’oubli »

Le monde d’hier – Stefan Zweig (1942)

Aujourd’hui, nous n’avons pas encore envie de laisser filer l’été mais nous parlons d’un livre sérieux et historique avec Stefan Zweig !

Loin du roman, un livre-témoignage qui nous permet de découvrir un véritable tableau d’un demi-siècle de l’histoire européenne sous le regard d’un de ses plus grands écrivains.

Dans ce livre largement emprunt d’autobiographie, il nous raconte l’histoire de l’Europe de 1895 à 1941 où l’écrivain a grandi, écrit, voyagé.

Stefan Zweig nous fait rencontrer les figures des plus grands intellectuels de son siècle tels que Sigmund Freud, Romain Rolland, Auguste Rodin, Paul Valéry. Nous évoluons avec l’écrivain dans une sphère privilégiée, la bourgeoisie viennoise d’avant 1914. Ainsi, il nous dresse avec une grande finesse les portraits de l’élite intellectuelle d’une époque, l’insouciance et les espoirs générés par les progrès techniques.

Dans son récit, il nous raconte aussi ses voyages, son succès mais surtout la montée grandissante et inquiétante du nationalisme et de l’antisémitisme. Stefan Zweig reste discret et extrêmement pudique sur sa vie privée et nous livre, avant tout, sa vision d’une Europe.

Il choisira l’exil et ne connaîtra jamais frontalement les horreurs de la montée de l’antisémitisme même s’il parvient à en ressentir les effets avec une particulière acuité.

Il nous plonge dans le grand désarroi de sa fuite. L’errance d’un homme attaché à son pays, à ses espoirs d’une Europe unie, à ses idéaux pacifiques, qui devient un apatride désillusionné par l’écrasement d’une civilisation sous l’irrésistible poussée du nazisme.

Amoureuse de l’œuvre de Stefan Zweig, je n’ai pas hésité à découvrir « Le monde d’hier », ce livre emprunt de nostalgie sur les souvenirs d’une Europe qu’il a parcourue, chérie et dont il a vu la destruction progressive.

Rédigé en 1941, lors de son exil au Brésil, ce livre est aussi le dernier grand témoignage de Stefan Zweig qui avait décidé de mettre fin à ses jours ne pouvant faire face au suicide de l’Europe.

J’ai aimé parcourir avec lui cette période de l’histoire, ce livre d’une très grande richesse historique nous plonge avec délice dans le milieu intellectuel de l’avant-guerre. Zweig nous donne cette sensation inestimable d’être aux cotés des grands intellectuels de son temps.

Ce livre est à lire pour les passionnés de Stefan Zweig qui ont envie d’en savoir plus sur sa vie, ses rencontres, ses idéaux. Il plaira aussi aux amateurs de l’histoire européenne.

Cependant, si vous ne connaissez pas encore l’œuvre de Stefan Zweig ne débutez pas votre rencontre avec cet imminent auteur par le monde d’hier, véritable panorama de l’histoire européenne.

Je ne peux que vous inciter à commencer par ses nouvelles, plus accessibles et incontournables, telles que « Le Joueur d’échecs », « Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme » ou « La Confusion des sentiments » avant de vous atteler à ce volume d’une grande richesse sur l’histoire européenne.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Être seul à aimer quelqu’un, c’est toujours aimer deux fois plus »

« Mais peut-être une puissance plus profonde, plus mystérieuse, était-elle aussi à l’oeuvre sous cette ivresse. Cette houle se répandit si puissamment, si subitement sur l’humanité que, recouvrant la surface de son écume, elle arracha des ténèbres de l’inconscient, pour les tirer au jour, les tendances obscures, les instincts primitifs de la bête humaine, ce que Freud, avec sa profondeur de vues, appelait « le dégoût de la culture », le besoin de s’évader une bonne fois du monde bourgeois des lois et des paragraphes, et d’assouvir les instincts sanguinaires immémoriaux. Peut-être ces puissances obscures avaient-elles aussi leur part dans cette brutale ivresse de l’aventure et la foi la plus pure, la vieille magie des drapeaux et des discours patriotiques — cette inquiétante ivresse des millions d’êtres, qu’on peut à peine peindre avec des mots et qui donnait pour un instant au plus grand crime de notre époque un élan sauvage et presque irrésistible »