« Tendre est la nuit », ce titre évocateur dévoile déjà l’univers poétique de cet ouvrage de Scott Fitzgerald.
Cette phrase est d’ailleurs tiré d’un poème de John Keats « Ode à un rossignol », la référence envoûtante à tout pour conquérir son lecteur !
Nous rencontrons, Rosemary Hoyt, jeune actrice ingénue, évoluant dans l’univers hollywoodien et en séjour pour quelques mois sur la côte d’azur.
Cette belle jeune femme, candide et pétillante toujours accompagnée de sa mère, fait la connaissance d’un couple fascinant, Dick et Nicole Diver. Emerveillée par la délicatesse et la prestance de ce couple, elle sera conquise et finira par succomber au charisme de Dick.
Cette rencontre va la bouleverser et l’ensorceler avant de la faire définitivement rompre avec son enfance.
Dick et Nicole Diver, ce couple mondain, si fascinant, que rien ne semble pouvoir désunir cache pourtant un lourd secret…
L’ouvrage de Scott Fitzgerald est composé en trois livres, le premier, sous l’angle de Rosemary, nous fait côtoyer ce couple mythique sous le regard émerveillé de la jeune actrice.
Le deuxième livre, essentiellement du point de vue de Dick, nous dévoile la part d’ombre de Dick et Nicole Diver, leur rencontre et l’obscur secret partagé par le couple : la maladie psychique de Nicole.
Le rapprochement du lecteur avec Dick, devenu narrateur, nous permet de découvrir cet homme inaccessible et envoûtant.
Le dernier livre, nous fait plonger dans les méandres de ce couple en apparence si attrayant mais dissimulant l’étiolement de leur relation sous le poids de profondes fêlures.
Une très belle œuvre sur un trio amoureux et sur la complexité des relations humaines. Le personnage de Nicole m’a fascinée et m’a captivée. J’ai beaucoup aimé ce roman, qui malgré quelques lenteurs, nous attache à ce couple si complexe.
Nous découvrons tout d’abord Dick et Nicole, couple unie en 1925, dans la première partie, avant de revenir en arrière en 1917, sur la naissance de leur relation. Ce fil narratif est ainsi admirablement bien amené par l’écrivain.
A ce propos, Scott Fitzgerald avait envisagé de réécrire la narration de son œuvre estimant que cette construction détruisait la force de son roman. Ayant la volonté de rétablir un récit chronologique, en 1936, il propose une nouvelle version de son ouvrage, en vain.
Au contraire, cette présentation du récit contribue à l’attractivité du roman, Hemingway écrira d’ailleurs à ce propos :
« Je crains que tout ça ne soit qu’une mauvaise idée. Ainsi remis dans le strict ordre chronologique, le roman perd totalement sa magie ».
La force de ce roman réside aussi dans son volet autobiographique, Scott Fitzgerald ayant lui-même évolué dans une relation similaire. Confronté à la schizophrénie de sa femme Zelda, il fera face à son alcoolisme et à la destruction de son couple.
Sous la plume magnifique de Fitzgerald, la déchéance de ce couple aux apparences trompeuses est captivante.Je ne peux que vous conseiller ce classique de la littérature américaine !
Ma note :
Citations :
« Elle se cramponna davantage, avec désespoir, et il l’embrassa de nouveau, et frissonna devant l’innocence du baiser qu’elle lui donnait, devant le regard qu’à ce moment, à son contact, elle plongeait derrière lui, dans la pénombre de la nuit, la pénombre du monde »
« Ils en étaient encore au stade le plus heureux de leur amour. Ils nourrissaient de braves illusions l’un sur l’autre, des illusions grandioses : ainsi la communion de leurs âmes semblait-elle se produire à un niveau où aucune autre relation humaine n’avait d’importance »
« Ils s’éloigna en poussant son vélo, conscient que Nicole le suivait du regard, conscient de lui inspirer un premier amour sans espoir, conscient que cet amour s’enroulait autour de lui jusqu’à le pénétrer »