Son Excellence Eugène Rougon – Emile Zola (1876)

Et si nous abordions l’oeuvre politique d’Emile Zola ?

Roman méconnu de la série des Rougon-Macquart, Zola choisit pour décor de ce sixième volume la sphère politique.

Devenu un politicien influent du Second Empire, Eugène Rougon évolue dans un milieu privilégié. Président du Conseil d’Etat, il est entouré d’admirateurs opportunistes. Tous se pressent autour de lui dans l’espoir d’obtenir quelques privilèges.

Quand son pouvoir commence à chanceler et qu’il démissionne de son poste, ses proches continuent à l’entourer espérant jouer de leurs réseaux pour le réhabiliter dans ses fonctions.

Quand il rencontre Clotilde, une italienne ambitieuse, secrète et manipulatrice, le charme opère. Pourtant les aspirations arrivistes d’Eugène sont incompatibles avec cet élan amoureux. Eugène décide d’oeuvrer pour qu’elle se marie à l’un de ses fidèles amis, Delestang, un homme qu’il qualifie d’« admirablement, sot, creux et superbe ».

Leur attirance se transforme peu à peu en un véritable duel entre la force séductrice de Clotilde et la force autoritaire d’Eugène. Qui l’emportera dans cette bataille politique où se mêle désir et ambition ?

Roman historique, Emile Zola dresse un panorama détaillé du milieu politique implacable du Second Empire. Ce portrait d’un animal politique livré aux jeux politiques reste incontestablement contemporain.

J’aurai aimé que le relation entre Clotilde et Rougon soit plus étoffée et complexe dans leurs rapports de force mais comme toujours je suis conquise par la plume acerbe et magistrale d’Emile Zola.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« C’était, chez lui, un amour du pouvoir pour le pouvoir, dégagé des appétits de vanité, de richesses, d’honneurs. D’une ignorance crasse, d’une grande médiocrité dans toutes les choses étrangères au maniement des hommes, il ne devenait véritablement supérieur que par ses besoins de domination »

« Elle restait multiple, puérile et profonde, bête le plus souvent, singulièrement fine parfois, très douce et très méchante »

« Et, brusquement, elle ne fut plus Diane. Elle laissa tomber son arc, elle fut Vénus. Les mains rejetées derrière la tête, nouées dans son chignon, le buste renversé à demi, haussant les pointes des seins, elle souriait, ouvrait à demi les lèvres, égarait son regard, la face comme noyée tout d’un coup dans du soleil. Elle paraissait plus petite, avec des membres plus gras, toute dorée d’un frisson de désir, dont il semblait voir passer les moires chaudes sur sa peau de satin. Elle était pelotonnée, s’offrant, se faisant désirable, d’un air d’amante soumise qui veut être prise entière dans un embrassement »

Persuasion – Jane Austen (1817)

Et si nous parlions du dernier roman de Jane Austen ?

Récit d’un amour contrarié, ce roman de Jane Austen nous transporte dans un milieu anglais mondain et élitiste.

Anne, la fille cadette de Sir Walter Elliot, est sans doute la plus effacée. Sa beauté discrète la distingue de ses deux autres soeurs. Elisabeth, l’ainée est devenue naturellement la maîtresse de maison au décès de sa mère et Mary a quitté le domaine juste après son mariage.

Poussée par des contraintes familiales et bourgeoises, la jeune Anne Elliot a été forcée de rompre ses fiançailles. Pourtant, Anne portait un amour pur et passionné pour Frederick Wentworth, un jeune officier de marine à la carrière incertaine. Son amie et figure maternelle, Lady Russel, l’avait mis en garde sur les risques de cette alliance désapprouvée par la société.

Huit ans plus tard, Anne Elliot croise à nouveau la route de Frederick. Les oppositions à leur union sont désormais plus minces car Frederick a fait carrière. Pourtant, leurs rapports se sont refroidis. Anne Elliot a désormais vingt-sept ans, âge où toute perspective de mariage semble impossible. Le ressentiment orgueilleux de Frederick glace leur relation. L’officier se rapproche de deux autres jeunes filles sous le regard impuissant de Anne. La passion enfouie qui les unissait pourra-t-elle ressurgir ?

Jane Austen nous ouvre les portes de la société anglaise dans un récit d’une grande subtilité. Avec finesse, elle dépeint des personnages tiraillés entre les passions du coeur et les obligations sociales. Ce roman critique les moeurs anglaises de l’époque faite de mondanités vaniteuses.

Porté par une belle écriture classique et une héroïne attachante, ce roman délicat me donne envie de prolonger ma découverte de l’oeuvre de Jane Austen.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Vous transpercez mon âme. Je suis partagé entre l’angoisse et l’espoir. Non, ne me dites pas qu’il est trop tard, que ces précieux sentiments ont disparu à jamais. Je vous offre de nouveau un cœur qui vous appartient encore plus totalement que lorsque vous l’avez brisé »

« Pour elle, le plaisir de la promenade devait naître de la marche, de la journée, de la contemplation des derniers sourires de l’année sur les feuilles rousses et les haies fanées, et des quelques descriptions poétiques, parmi des milliers d’autres, qu’elle se répétait sur l’automne, cette saison qui exerce une influence singulière et inépuisable sur l’esprit tendre et délicat, cette saison qui a tiré de tout poète digne d’être lu un essai de description ou quelques vers pleins de sentiments »

Les romans de l’interdit – Benito Pérez Galdós (2022)

Et si nous parlions de littérature espagnole ?

Avec ce recueil composé de deux romans « Tormento » et « Madame Bringas » publiés en 1884, les éditions Le Cherche midi mettent en lumière, un grand écrivain espagnol, Benito Pérez Galdós.

Le premier roman raconte le parcours d’Amparo. Cette jeune fille pauvre et esseulée a trouvé refuge auprès de la famille Bringas. Si Francisco, le père de famille sait se montrer attentionné avec elle, sa femme Rosalía la considère comme une domestique. Malgré sa modeste condition, Agustín Caballero, le cousin de Madame Bringas, s’éprend d’Amparo. L’amour qui lui porte fait fi de sa condition sociale. Pourtant Amparo cache un terrible secret, elle est également connue sous le nom de « Tormento » et entretient un passé obscur avec un prêtre déchu. Ce scandale viendra-t-il bouleverser leur union ?

« Madame Bringas », le second roman de ce volume se concentre davantage sur la famille Bringas. Si elle a été dépeinte dans le premier volume, Rosalía est au coeur de ce livre. Gravitant autour de sa majesté la reine Isabel II, la famille connaît les avantages dus à leur rang et notamment un appartement de fonction. Pourtant, leur condition financière reste modeste d’autant que Francisco Bringas, atteint d’une grande avarice, soumet son ménage à des économies drastiques. Portée par son goût du luxe et des étoffes et influencée par ses amies, Rosalía commence à céder à ses désirs dispendieux mais également à son attirance pour Pez, un aristocrate délicat proche de la famille. Si les Bringas ont toujours su maintenir les apparences, la réalité finira-t-elle par les rattraper ?

Romans psychologiques qui nous rappellent l’oeuvre de Balzac, j’ai aimé l’ampleur des monologues intérieurs parfaitement retranscrits par Benito Pérez Galdós. Une très belle découverte de son oeuvre qui expose aussi bien les vices des personnages que leur soumission aux bouleversements historiques de leur époque.

Merci aux éditions Le cherche midi pour cet envoi

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Dès qu’il eut exprimé cette audacieuse opinion, Agustín sentir qu’une rougeur, chose étrange ! montait à son visage brûlant et sec. C’était comme un arbre mort où surgit miraculeusement une puissante sève qui fait éclore sur sa plus haute branche une fleur éphémère ».

« Amparo croyait que le soleil s’était voilé pour toujours, et dans le linceul liquide qui entourait la nature, elle voyait une intensification des ténèbres où était plongée son âme ».

Jane Eyre – Charlotte Brontë (1847)

Et si nous parlions d’un classique incontournable ?

Dans ce roman initiatique, Charlotte Brontë nous raconte la vie de Jane Eyre, une femme aussi docile qu’indomptable.

Enfant recueillie par sa tante, Jane a depuis toujours été maltraitée. Méprisée, elle n’a jamais réussi à trouver auprès d’elle l’affection maternelle. Brutalisée par ses cousins, Jane n’a qu’une seule idée en tête : fuir cette famille qui l’a rejetée.

Envoyée dans le pensionnat de Lowood, elle connaît entourée d’autres orphelines une vie rude faite de privations. Malgré cette éducation rigide et religieuse, elle éprouve les premiers élans de l’amitié. A la fin de ses études, Jane intègre le manoir de Thornfiled où elle devient préceptrice auprès d’Adèle, une jeune fille gaie et affectueuse. Edouard Rochester, le propriétaire de ce domaine bourgeois est un homme sombre, charismatique et magnétique. Leur rencontre viendra bouleverser la vie de Jane.

Pour construire son récit, Charlotte Brontë a puisé dans des aspects personnels de sa vie. Cette intimité donne d’autant plus de force au personnage de Jane, une femme pleine de paradoxes. La force de caractère, l’intelligence et la douceur de Jane Eyre font d’elle un des personnages les plus emblématiques de ma vie de lectrice. Grâce à la plume magnifique de Charlotte Brontë, j’ai partagé à l’unisson les sentiments de Jane ainsi que son attirance pour l’indécelable et fascinant Edouard Rochester. La passion qui les unit transcende tout le roman.

J’ai été complètement transportée par ce classique aux connotations lyriques dont on se délecte à chaque page.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« Je puis vivre seule, si le respect de moi-même et les circonstances m’y obligent; je ne veux pas vendre mon âme pour acheter le bonheur ».

« Je ne suis pas un oiseau, je ne suis prise en aucun filet ; je suis un être humain, libre, avec une volonté indépendante, qui se manifeste dans ma décision de vous quitter »

« Il me semble avoir là, à gauche, quelque part sous les côtes, un lien étroitement et inextricablement noué à un lien identique qui part d’un même point de votre petite personne ».

Indiana – George Sand (1832)

Et si nous faisions la rencontre d’Indiana ?

Dans ce premier roman, George Sand met en lumière Indiana, un personnage féminin qui connaît pour la première fois le feu d’une passion amoureuse.

Quand elle reviendra à cette oeuvre, elle déclarera : « J’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et dans la société. »

Dans un château bourgeois et luxueux, Indiana connaît une existence triste et placide. Unie par un mariage sans amour avec le Colonel Delmar, Indiana se meurt à petit feu. Bien plus âgé qu’elle, le Colonel Delmar lui impose sa rigidité et se consume sous une jalousie rageuse.

Ralph Brown, cousin d’Indiana et ami de la famille, s’immisce naturellement au sein du couple. Depuis leur enfance, il a toujours été un protecteur et un confident pour Indiana. Renfermé et insipide, il fréquente quotidiennement le couple sans que le Colonel Delmar le perçoit comme un adverse.

Un soir, quand la famille est assise apathiquement autour du feu, le Colonel Delmar découvre un homme sur les terres de son domaine, Raymon de Ramière. Cette intrusion jette le trouble sur la maison et soulève la colère du Colonel Delmar. En secret, Raymon de Ramière entretient une liaison avec Noun la femme de chambre d’Indiana. Peu à peu, il va intégrer le château, son charisme commence à bouleverser Indiana qui connaît les premiers élans du coeur à son contact.

J’ai aimé la mise en avant des personnages féminins et notamment d’Indiana, les hommes de cette intrigue sont pour la plupart inconsistants, vils ou opportunistes. En façonnant le personnage d’Indiana autour de ces destinées masculines, George Sand parvient à décrire la condition féminine de son époque.

J’ai aimé l’écriture pure et ciselée de George Sand et son engagement même si ce récit ne m’a pas laissé une trace indélébile.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citation :

« Leurs lèvres s’unirent ; et sans doute il y a dans un amour qui part du coeur une puissance plus soudaine que dans les ardeurs d’un désir éphémère : car ce baiser, sur le seuil d’une autre vie, résuma pour eux toutes les joies de celles-ci »

La faute de l’abbé Mouret – Emile Zola (1875)

Et si nous continuons à parler de religion avec Emile Zola ?

Dans ce cinquième volume de la série des Rougon-Macquart, nous retrouvons Serge Mouret, le fils de François et Marthe Mouret, personnages emblématiques de « La Conquête des Plassans ».

Comme il s’y prédestinait dans « La Conquête des Plassans », Serge est devenu abbé et ne vit que par la religion. Reclus dans le village d’Artaud, il s’est accommodé à une vie ascétique. Pourtant sa rencontre avec Albine, une jeune fille sauvage, vient bouleverser sa dévotion religieuse.

Serge débute une relation sensuelle avec elle. A l’image d’Adam et Eve, ils vont évoluer ensemble dans le Paradou, un jardin magique où la nature a pris toute sa place. Serge sera tiraillé entre religion et désir.

A la différence des précédents volumes, j’ai ressenti la longueur de certaines descriptions. Malgré la présence du style de Zola et son regard critique porté sur la religion, je n’ai pas été totalement conquise par ce volume et par le traitement des personnages qui a manqué pour moi de contrastes.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Et le jardin entier s’abîma avec le couple, dans un dernier cri de passion. Les troncs se ployèrent comme sous un grand vent ; les herbes laissèrent échapper un sanglot d’ivresse ; les fleurs, évanouies, les lèvres ouvertes, exhalèrent leur âme ; le ciel lui-même, tout embrasé d’un coucher d’astre, eut des nuages immobiles, des nuages pâmés, d’où tombait un ravissement surhumain »

« Ah ! comme on devait être bien, morte, ayant une nuit sans fin devant soi, pour songer à la courte journée vécue, pour en fixer éternellement les joies fugitives »

Graziella – Alphonse de Lamartine (1849)

Et si nous abordions un étincelant joyaux poétique ?

Avec Graziella, Alphonse de Lamartine choisit de mettre en lumière l’éclosion d’un sentiment amoureux dans un décor italien envoûtant.

Le narrateur, un jeune homme de vingt-ans est envoyé par sa famille en Italie. Ce voyage initiatique et culturel débute à Florence et se poursuit jusqu’à Naples. Accompagné de son ami et acolyte, Aymon de Virieu, le jeune homme rencontre un modeste pêcheur, Andrea, et son petit fils. Envoûtés par leur mode de vie au plus proche de la nature, ils décident d’embarquer avec eux et de s’imprégner du métier de pêcheur.

A la suite d’une terrible tempête, ils dérivent jusqu’à l’île de Procida et rencontrent pour la première fois, la bouleversante et majestueuse, Graziella. D’une beauté à la fois sauvage et pure, elle éveille chez le narrateur un profond attachement…

Dans ce court récit aux accents mélancoliques, Alphonse de Lamartine nous propose de contempler avec lui l’Italie. J’ai été ensorcelée par ce roman d’une grande poésie porté par une plume de toute beauté.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations :

« La preuve que la liberté est l’idéal divin de l’homme, c’est qu’elle est le premier rêve de la jeunesse, et qu’elle ne s’évanouit dans notre âme que quand le coeur se flétrit et que l’esprit s’avilit ou se décourage ».

« C’était la côte dentelée et à pic de la charmante île d’Ischia, que je devais tant habiter et tant aimer plus tard. Elle m’apparaissait, pour la première fois, nageant dans la lumière, sortant de la mer, se perdant dans le bleu du ciel, et éclose comme d’un rêve de poète le léger sommeil d’une nuit d’été… »

« L’amour vrai est le fruit mûr de la vie. À dix-huit ans, on ne le connaît pas, on l’imagine. Dans la nature végétale, quand le fruit vient, les feuilles tombent ; il en est peut-être ainsi dans la nature humaine. Je l’ai souvent pensé depuis que j’ai compté des cheveux blanchissants sur ma tête. Je me suis reproché de n’avoir pas connu alors le prix de cette fleur d’amour. Je n’étais que vanité. La vanité est le plus sot et le plus cruel des vices, car elle fait rougir du bonheur ! »

Manette Salomon – Edmond et Jules de Goncourt (1867)

Et si nous parlions d’art avec les frères Goncourt ?

Dans cette fresque étincelante, Edmond et Jules de Goncourt proposent un panorama artistique et humain où l’amour se mêle aux inspirations créatrices.

Anatole intègre un atelier parisien dans l’espoir de devenir peintre. Il rencontre plusieurs camarades partageant les mêmes ambitions. Coriolis décide de partir pour l’Orient afin d’étendre sa palette de couleurs et Granotelle est reçu au prestigieux concours de la Villa de Médicis à Rome.

A la différence de ses amis, Anatole reste à Paris et connaît une vie d’artiste où se mêle de nombreuses rencontres et paradoxalement des instants de solitude. Enlisé par le manque d’argent, Anatole est dans une pauvreté telle que sa situation devient alarmante.

Par un heureux hasard, il croise la route de Coriolis de retour à Paris depuis quelques semaines. Ces retrouvailles amorcent une nouvelle période de sa vie. Il se lie étroitement à lui et emménage naturellement dans son atelier. Coriolis choisit pour modèle, la jeune et discrète Manette Salomon. Ce modèle à la beauté renversante va intégrer l’atelier et bouleverser leurs vies d’artistes.

Ce livre dense et fastidieux dresse avec une grande réussite le milieux artistique de l’époque et parvient à créer des personnages aux caractères étoffés.

Ce roman présente des connotations clairement misogynes et antisémites qu’il faut contextualiser mais qui restent bien difficiles à concevoir à la lumière de notre époque. Malgré tout, je ne peux que saluer la plume remarquable des Frères Goncourt et la description circonstanciée d’un milieu artistique.

Ma note :

Note : 3 sur 5.

Citations :

« Et comme si, à cet instant de séparation et de camaraderie brisée, il voulait ressaisir son coeur dans le passé, Coriolis se mit à raconter à Anatole ce qui lui était arrivé là-bas, aux colonies, avec des paroles qui s’arrêtaient et s’attardaient aux choses, des mots d’où semblait tomber le souvenir un moment suspendu »

« Il vécu ainsi un mois, s’escamotant les jours à lui-même, trompant la vie, le temps, ses misères, la faim, avec de la fumée de cigarette, des ébauches de rêves, des bribes de cauchemar, les étourdissements du besoin et les paresses avachissantes du lit ».

La Conquête de Plassans – Emile Zola (1874)

Et si nous plongions dans un des tomes méconnus de la série des Rougon-Macquart ?

Ce quatrième volume du cycle des Rougon-Macquart, nous transporte à nouveau à Plassans, petite ville du Sud de la France, imaginée par Emile Zola.

A Plassans, Marthe et François Mouret mènent une vie calme et harmonieuse avec leurs trois enfants. L’abbé Faugas s’installe avec sa mère à leur domicile. Les nouveaux locataires à la fois sévères et sombres viennent bouleverser l’équilibre familiale.

Fascinée par l’abbé, Marthe tisse une relation avec lui mélant dévotion religieuse et passion dévorante. Installés dans une chambre à l’étage, ils semblent tout d’abord invisibles mais leur austérité ensevelit peu à peu toute la famille. Entre ambition, pouvoir et manipulation, l’abbé Faugas parvient peu à peu à conquérir la ville.

Un roman riche avec une intrigue travaillée qui mêle avec justesse lutte politique et religieuse. Je suis restée transportée par cette oeuvre qui parvient avec brio à mélanger le feu des passions et l’austérité de la soutane. Un roman méconnu de la série que je vous invite vivement à découvrir !

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Citations :

« Il semblait qu’au fond de l’oeil, d’un gris morne d’ordinaire, une flamme passât brusquement, comme ces lampes qu’on promène derrière les façades endormies des maisons ».

« Marthe, plus mince, les joues rosées, les yeux superbes, ardents et noirs, eut alors pendant quelques mois une beauté singulière. La face rayonnait ; une dépense extraordinaire de vie sortait de tout son être, l’enveloppait d’une vibration chaude. Il semblait que sa jeunesse oubliée brûlât en elle, à quarante ans, avec une splendeur d’incendie »

Splendeurs et misères des courtisanes – Honoré de Balzac (1838)

Et si nous plongions dans une œuvre dense de Balzac ?

Partie intégrante de la comédie humaine, dans Splendeurs et misères des courtisanes nous rencontrons à nouveau les protagonistes des « Illusions Perdues » ou du « Père Goriot ».

De retour à Paris, Lucien de Rubempré est bien décidé à poursuivre son ascension. Sous la protection de Carlos Herrera, un ecclésiastique au passé trouble, il use de tous les stratagèmes pour faire sa place dans la haute société. Avec l’appui de son mentor, il se rapproche de Clotilde de Grandlieu. Leur union pourrait lui permettre d’accéder à une position tant convoitée.

Lucien de Rubempré s’est épris d’Esther Gobseck, une ancienne courtisane. Leur passion pure et charnelle doit rester secrète afin de ne pas entraver son ascension sociale. Carlos Herrera contribue à cette dissimulation et installe Esther dans une demeure sous la protection et la surveillance de deux domestiques, Europe et Asie. Par amour, Esther sera bâillonnée et emprisonnée dans cette maison et devra renouer avec son passé de courtisane…

Cette lecture aussi dense qu’exigeante mélange lutte de pouvoir, passion amoureuse et ambition personnelle. Les protagonistes s’entrecroisent et ce volume pourrait finalement contenir plusieurs oeuvres. Je ne vous invite pas à débuter votre découverte de la comédie humaine avec ce volume présentant des longueurs. Cependant, je ne peux que saluer l’ampleur du travail d’Honoré de Balzac.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« Quiconque a trempé dans le journalisme, ou y trempe encore, est dans la nécessité cruelle de saluer les hommes qu’il méprise, de sourire à son meilleur ennemi, de pactiser avec les plus fétides bassesses, de se salir les doigts en voulant payer ses agresseurs avec leur monnaie. On s’habitue à voir faire le mal, à le laisser passer ; on commence par l’approuver, on finit par le commettre. À la longue, l’âme, sans cesse maculée par de honteuses et continuelles transactions, s’amoindrit, le ressort des pensées nobles se rouille, les gonds de la banalité s’usent et tournent d’eux-mêmes »

« L’amour sans espoir quand il inspire la vie, quand il y met le principe des dévouements, quand il ennoblit tous les actes par la pensée d’arriver à une perfection idéale »