Et si nous nous interrogions sur notre filiation ?
Avec un style limpide, Vanessa Springora nous entraîne à travers une enquête familiale qui laisse entrevoir un passé trouble.
Au décès de son père, Vanessa Springora s’interroge sur cet homme avec qui elle n’a jamais véritablement tissé de relation. Si elle n’a pas revu son père depuis une dizaine d’années, sa mort brutale fait ressurgir des souvenirs enfouis.
Dans ses affaires, elle découvre une photographie de son grand-père arborant un insigne nazi. Cette révélation sur le passé d’un aïeul qu’elle chérissait remet en cause toute l’histoire familiale. Elle avait toujours pensé que son grand-père, citoyen tchèque, s’était réfugié en France après avoir été enrolé de force dans l’armée allemande. Dans cette enquête pour comprendre les choix de son grand-père, elle explore l’origine de son nom. Jusqu’où cette quête identitaire va-t-elle la conduire ?
Dans un style élégant, Vanessa Springora lève le voile sur une enquête laborieuse et obsessionnelle où elle explore ses origines et tente de comprendre son héritage.
Ma note
Citations
« Mais tout a sans doute reposé sur un malentendu : ton père était peut-être un criminel, mais pas plus que ces millions d’hommes pris en otage dans une époque où la soumission était pour la majorité la seule façon de survivre ».
« Dans son roman L’ignorance, Kundera rappelle qu’en espagnol « être nostalgique » s’exprime par le verbe añorar dont l’étymologie est la même que celle du mot « ignorer ». Chez tout exilé, le pire des sentiments serait ainsi l’ ignorance de ce qui se passe dans le pays laissé derrière soi, de ce que deviennent les êtres chers. La nostalgie de ce qu’on n’a pas vécu, de ce qu’on a manqué, en somme »
« Chaque individu, qu’il le veuille ou non, est le dépositaire d’une histoire qui ne lui appartient pas, et dont il ne connaitra jamais que les contours, une histoire estompée par le temps, remodelée par l’obscur fonctionnement de la mémoire, et par les récits qu’on a bien voulu lui en faire ».