L’affaire Rachel – Caroline O’Donoghue (2024)

Et si nous nous imprégnions d’un roman fougueux ?

A Cork, une ville irlandaise, Rachel et James travaillent tous les deux dans une librairie. Immédiatement impressionnée par le charisme de James, Rachel s’engouffre dans cette amitié fusionnelle.

Issue d’un milieu bourgeois, Rachel a toujours connu une existence confortable jusqu’à la faillite financière de sa famille, qui l’oblige à travailler pour financer ses études. En revanche, James, originaire d’un milieu plus modeste, travaille comme libraire en rêvant à une carrière de scénariste.

Comme une évidence, Rachel emménage avec James dans une maison vétuste située au Nord de la Ville. Cette cohabitation festive symbolise toute l’effervescence de la jeunesse irlandaise. Entre les soirées dans les bars, l’émulsion de la vie étudiante et leur activité de libraires, Rachel et James partagent leur quotidien. Lorsque Rachel s’éprend de Fred Byrne, son professeur de littérature, elle décide avec James d’organiser une dédicace dans la librairie pour se rapprocher de lui. Jusqu’où cette rencontre va-t-elle bouleverser cette amitié passionnelle ?

Avec un style décomplexé et fluide, Caroline O’Donoghue interroge les ambitions de la jeunesse irlandaise mais également les interrogations autour de la sexualité. Si je n’ai pas été totalement conquise par le style de ce roman, il demeure vivifiant et offre un agréable moment de lecture.

Ma note

Note : 3 sur 5.

Citation

« L’année à Shandon Street a beaucoup fait pour moi mais elle m’a surtout permis cela : me détacher de tout système moral inculqué.
J’ai arrêté de jauger les autres selon les valeurs qu’on m’avait enseignées: qui était un loser, qui était un homo caché, qui trompait sa femme.
J’ai appris l’importance du contexte et des per-sonnes. Ça m’a été bien utile plus tard, quand je suis devenue journaliste ».

L’habit ne fait pas le moine – Philip Roth (1959)

Et nous mettions fin aux apparences ?

Dans ces deux nouvelles, avec son style acerbe et truculent, Philip Roth dévoile les ressorts de relations fondées sur la dissimulation.

En 1945, le sergent Marx est affecté dans une section après ses exploits sur le front européen. Alors qu’il a du mal à asseoir son autorité, un jeune soldat l’approche et essaie de tisser une relation de promiscuité avec lui, du fait de leur religion commune. Jusqu’où cette relation ambivalente le conduira-t-il ?

Dans la seconde nouvelle, un jeune garçon nous raconte ses rapports tumultueux avec deux camarades de classe d’origine italienne. Malgré un attachement naturel, une certaine animosité plane dans leur relation. Comment parviendra-t-il à s’émanciper grâce à cette amitié naissante ?

Dans ces courts récits, Philip Roth nous interroge sur la fiabilité de l’être humain et sur les ressorts de la manipulation. Avec un regard humoristique et intelligent, Philip Roth continue de nous enrichir sur notre vision de la société américaine et notre conception de la justice. S’il ne s’agit pas de mon oeuvre préférée de Philip Roth, j’ai cependant apprécié de retrouver son univers.

Ma note

Note : 3 sur 5.

Clara lit Proust – Stéphane Carlier (2022)

Et si un roman nous insufflait l’envie de lire Proust ?

Dans ce court roman, Stéphane Carlier propose un hommage à Marcel Proust et met en lumière ce grand écrivain.

Coiffeuse dans une petite ville de Saône-et-Loire, Clara n’a jamais véritablement eu accès à la culture. Chaque jour de travail se ressemble entre la compagnie des clients successifs, de ses collègues mais aussi de sa patronne, solaire mais aussi mutique sur une partie de sa vie.

Clara est en couple avec un jeune homme séduisant mais avec qui les échanges se restreignent désormais à des platitudes. Les journées se déroulent avec une douce mélancolie dans un quotidien rythmé par les mêmes habitudes.

Le destin va mettre entre les mains de Clara un roman de Marcel Proust. Si elle ne pensait jamais lire un tel classique, elle va se laisser glisser entre les pages de cette oeuvre. Happée par l’écriture de Marcel Proust, les mots de l’écrivain font écho à ses propres souvenirs d’enfance et deviennent son refuge. Jusqu’où cette découverte littéraire la conduira-t-elle ?

J’ai trouvé la trame et le style de ce roman assez convenu et je n’ai pas été totalement emportée par le destin de Clara. Si la lecture reste agréable, j’ai surtout aimé les extraits de l’oeuvre de Proust qui nous donne terriblement envie de (re)découvrir ce grand écrivain.

Merci aux éditions Folio pour cet envoi dans le cadre du club des lecteurs Folio.

Ma note

Note : 2 sur 5.

Citations

« À la lecture de ces pages, quelque chose d’un peu magique s’est passé qui, pour la première fois, lui a laissé penser que les livres pouvaient être meilleurs que la vie ».

« Il faut prendre son temps, faire des pauses. Maintenant, quand je le lis, j’ai l’impression de l’entendre me parler ».

Les années – Annie Ernaux (2008)

Et si nous évoquions des souvenirs avec Annie Ernaux ?

Dans ce récit intime, Annie Ernaux fait coexister son existence singulière avec les bouleversements de toute une génération.

Depuis sa naissance pendant la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à sa vie d’adulte, elle témoigne de sa trajectoire inscrite dans une mutation historique et politique. Annie Ernaux retrace mai 68, les élections successives, les bouleversements économiques et technologiques pour mettre en lumière les propres évolutions de sa vie. Annie Ernaux évoque aussi son destin de femme aux multiples facettes, étudiante, mère, grand-mère, amante, autrice. Au travers des photos successives éclairant chaque étape de sa vie, elle parvient à faire surgir nos propres existences.

Dans ce récit imprégné d’une histoire collective, Annie Ernaux se met davantage à distance. Avec finesse, elle s’efface peut-être pour laisser résonner nos propres souvenirs. Si je garde un préférence pour d’autres textes plus intimes d’Annie Ernaux, je ne peux que vous encourager à découvrir l’ampleur de son oeuvre si singulière.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« La distance qui sépare le passé du présent se mesure peut-être à la lumière répandue sur le sol entre les ombres, glissant sur les visages, dessinant les plis d’une robe, à la clarté crépusculaire, quelle que soit l’heure de la pose, d’une photo en noir et en blanc ».

« Tout s’effacera en une seconde. Le dictionnaire accumulé du berceau au dernier lit s’éliminera. Ce sera le silence et aucun mot pour le dire. De la bouche ouverte il ne sortira rien. Ni je ni moi. La langue continuera à mettre en mots le monde. Dans les conversations autour d’une table de fête on ne sera qu’un prénom, de plus en plus sans visage, jusqu’à disparaître dans la masse anonyme d’une lointaine génération »

« Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais »

A propos d’amour – bell hooks (2000)

Et si nous abordions la question brûlante de l’amour avec bell hooks ?

Dans cet essai résolument féministe, bell hooks porte un nouveau regard sur la question épineuse de l’amour.

Dans cet écrit basé sur ses expériences personnelles et sur sa vision du féminisme, elle dresse une conception de l’amour fondée sur les actes. Entre respect, communication, affection et engagement elle pose au fur à mesure de cet essai les ciments des relations. bell hooks questionne également la place de l’amour dans les relations familiales pour mieux appréhender et façonner les relations futures.

La dimension foncièrement personnelle de cet essai le rend particulièrement abordable. Dans ce travail de vulgarisation, bell hooks n’hésite pas à partager avec sincérité son parcours amoureux et son rapport à la spiritualité. Pour ma part, ce récit n’a pas révolutionné ma vision de l’amour ou ouvert de nouvelles voies. Cependant, je salue la clarté et l’accessibilité de son propos.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations :

« Les mensonges aident parfois les gens à se sentir mieux, mais ils ne les aident pas à connaître l’amour »

« Lorsque l’on apprécie la solitude, on apprécie la compagnie des autres sans les utiliser pour échapper à soi-même »

Moi, Tituba sorcière… – Maryse Condé (1986)

Et si nous assistions au procès dune sorcière de Salem ?

Inspiré de la vie de Tituba, ce roman nous emporte à la rencontre d’une esclave devenue sorcière.

Née à la Barbade, Tituba semble prédestiner à un destin tragique. Fille d’esclave, elle doit apprendre à survivre seule. Man Yaya, guérisseuse, l’initie aux pouvoirs des plantes et elle parvient peu à peu à parler aux morts. Elle trouve auprès de ces « invisibles » aide et soutien.

Par amour, Tituba quitte sa Barbade natale pour Boston. Ce bouleversement l’emporte loin de ses proches défunts. Isolée, elle ne parvient plus à communiquer avec eux. Puis, elle doit survivre à Salem. Sa différence et ses pouvoirs susciteront la méfiance d’une communauté puritaine. Accusée de sorcellerie, elle devra en tant que femme noire faire face à un destin implacable.

Maryse Condé redonne de la voix à un personnage oublié de l’histoire. Largement imaginé par Maryse Condé, Tituba impétueuse et compassionnelle revit sous sa plume. Portée par la révolte émanant de ce récit, j’ai été transportée par le début du roman mais je me suis légèrement essoufflée sur la fin.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations :

« Les morts ne meurent que s’ils meurent dans nos coeurs. Ils vivent si nous les chérissons, si nous honorons leur mémoire, si nous posons sur leurs tombes les mets qui de leur vivant ont eu leurs préférences, si à intervalles réguliers nous nous recueillons pour communier dans leur souvenir. Ils sont là, partout autour de nous, avides d’attention, avides d’affection. Quelques mots suffisent à les rameuter, pressant leurs corps invisibles contre les nôtres, impatients de se rendre utiles ».

« Il éclata de rire à nouveau. Mon dieu, comme cet homme savait rire ! Et à chaque note qui fusait de sa gorge, c’était un verrou qui sautait de mon coeur ».