Brothers – Yu Hua (2005)

Et si nous parlions d’une fresque éblouissante de la littérature chinoise ?

Dans ce roman dense, nous suivons avec émotion et promiscuité le destin de deux demi-frères dans une Chine en pleine mutation. 

Li Guangtou et Song Gang sont liés l’un à l’autre depuis leur enfance. Le mariage de leurs parents a créé entre eux une véritable fratrie. Face aux tragédies familiales, ils sont restés unis. A l’arrivée au pouvoir de Mao Zedong, leur père malgré son métier de professeur est rapidement perçu, en raison de sa famille, comme un propriétaire terrien. La nouvelle condition de leur père transforme le quotidien de cette famille modeste. 

Confrontés aux brimades et aux humiliations, leurs parents, modèles de courage et de droiture, gardent toute leur dignité et parviennent à guider leurs enfants.  

L’arrivée des deux frères dans l’âge adulte marque leurs premières divergences. Les bouleversements qui traversent le pays vont les conduire vers des chemins opposés. Parviendront-ils à rester unis ?  

Entre révolution culturelle et modernité, Yu Hua décrit avec intensité les changements profonds de la Chine durant ses quarante dernières années. A travers le regard de ses deux frères, les mutations de la Chine sont parfaitement retranscrites. Portée par un ton truculent mêlant humour et émotion, j’ai été emportée par cette fresque familiale qui offre un très beau panorama de la Chine. 

Ma note : 

Note : 5 sur 5.

Coup de ❤

Citations : 

« Sois tranquille Maman : s’il ne me reste qu’un bol de riz, il sera pour Li Guantou, et s’il ne me reste qu’une chemise, elle sera pour lui aussi ».  

« ….les rires fusèrent: des gros rires, des rires discrets, des rires pointus, des rires perfides, des rires bêtes, des rires secs, des rires mouillés et des rires contraints. Quand la forêt est grande, on y trouve toutes sortes d’oiseaux: quand la foule est nombreuse, on y entend toutes sortes de rires ». 

Le palanquin des larmes – Chow Ching Lie (1975)

Et si nous parlions d’un récit autobiographique d’une humanité bouleversante ?

Dans cette oeuvre infiniment personnelle, Chow Ching Lie raconte sa destinée en tant que femme au coeur d’une Chine ancestrale soumise à de grandes transformations.

Dans un Shanghai en pleine mutation politique, Chow Ching Lie, repérée par sa beauté exceptionnelle, est contrainte à treize ans de se marier avec un homme maladif issu d’une des familles les plus fortunées du pays.

Proche de ses parents depuis sa tendre enfance et en particulier de son père, Chow Ching Lie doit quitter sa famille pour se soumettre à celle de son mari. Elle vit cette séparation comme un déchirement. Malgré sa tristesse, sa famille choisit la tradition. Si le pays tout entier entrevoit le sursaut de l’arrivée au pouvoir de Mao Tsé- Toung, ce vent nouveau n’atteint pas le cercle familial.

Devenue l’esclave de sa belle-famille, elle va devoir s’acclimater à cette nouvelle vie. Passionnée par la musique, parviendra-t-elle à concilier son rôle d’épouse, ses aspirations artistiques et sa soif de liberté ?

Un récit passionnant qui entremêle avec brio la destinée d’une femme dans un pays oscillant entre modernité et valeurs séculaires. Je reste admirative de la personnalité et du parcours de Chow Ching Lie. Une grande humanité émane de ce livre qui nous emporte dans ce drame familial saisissant.

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Citations :

« Je me disais alors et je me dis encore avec la sincérité la plus totale que si les marques de la lèpre séculaire que fut la misère de la Chine devaient être effacées à jamais au prix des souffrances et du châtiment d’une poignée de riches, ce prix était juste et valait la peine d’être payé ».

« Petite fille , j’ai souffert et pleuré de bonne heure. J’étais jolie : ce n’est pas un mérite, ce fut une malédiction. Laide et difforme, je n’aurais sans doute pas été mariée de force à l’âge de treize ans ».

« C’est pourquoi, à cause de la cupidité d’une partie de ma famille, j’ai été vendue, moi aussi, sous des apparences certes plus honorables, celles du mariage, et même avec un déploiement de faste comme on en vit peu dans mon pays. Comédie de grande alliance familiale qui augmenta, par sa dérision, ma tragédie personnelle : j’étais une écolière connaissant la légende de Liang et Tso qui meurent pour leur amour comme Roméo et Juliette et je me voyais condamnée à vivre sans amour. D’autres, par millions, ont connu la faim du corps alors que je n’ai manqué de rien, mais les malheurs de la Chine sont les enfants d’une même famille »