Résister – Salomé Saqué (2024)

Et si nous résistions ?

Dans cet essai parfaitement documenté, Salomé Saqué met en lumière l’extrême dangerosité du Rassemblement national.

Menacée « d’une balle dans la nuque », Salomé Saqué a été identifiée avec plusieurs journalistes, avocats et syndicalistes dans une liste noire largement diffusée sur un site d’extrême droite. Malgré les menaces, avec courage et détermination, elle a décidé de publier cet essai afin de révéler le danger qui pèse sur la démocratie.

À travers des faits précis, Salomé Saqué parvient à nous faire entrevoir les mécanismes qui ont permis la dédiabolisation du Rassemblement national et la normalisation d’un discours haineux dans certains médias. Elle révèle la progression de l’extrême droite dans les urnes mais également dans les idées et offre des pistes de réflexion pour débattre et résister.

Avec un style net et précis, cet essai est un cri d’alarme et s’érige comme une arme de connaissance et de résistance à mettre entre toutes les mains !

Ma note

Note : 5 sur 5.

Citations

« L’heure d’une nouvelle résistance est venue. Celle d’avant-hier était contre l’occupant nazi, celle d’hier contre le retour de la vieille barbarie de haine et de mépris liée à la nouvelle barbarie du calcul aveugle à l’humanité et du profit déchaîné. la nouvelle résistance est d’abord la résistance de l’esprit aux mensonges, aux illusions, aux hystéries collectives sur lesquelles surfe l’extrême droite en France et en Europe ». Edgar Morin

« Ceux qui peuvent vous faire croire des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités » Voltaire

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».

Histoire d’un ogre – Erik Orsenna (2023)

Et si nous dévorions un portrait cinglant ?

Dans ce conte, absurde et féroce, Erik Orsenna, sans jamais le nommer, dresse le portrait d’un riche industriel exerçant son pouvoir au sein d’une société soumise à un capitalisme débridé.

Issu d’une lignée d’industriels bretons, l’ogre est né dans une famille bourgeoise. Son père dirige des papeteries et sa famille noue des relations avec des personnes ayant une forte influence dans le domaine de la finance. Au-delà de son héritage familial, l’ogre a des ambitions. Son appétit est insatiable : il engloutit une compagnie de transport maritime, une radio, une maison d’édition… Sa soif de pouvoir semble inépuisable. Jusqu’où l’enquête autour de cet ogre contemporain va-t-elle nous conduire ?

Dans ce récit mordant, aussi drôle qu’inquiétant, Erik Orsenna choisit de mener des investigations pour comprendre l’empire d’un capitaliste implacable. Ce récit intelligent et caustique, ponctué des digressions de l’auteur, nous en apprend peu sur l’ogre, mais reste une lecture amusante et engagée.

Ma note

Note : 3 sur 5.

Citations

« Telle est, typique et fort bien documentée par la psychiatrie internationale, l’addiction à dévorer. Apprenez qu’elle est plus violente, plus invasive et moins guérissable que toutes les autres maladies du désir, le jeu, le sexe, les drogues, l’alcool, les besoins irrépressibles (poutinien de guerre ou prostatique de pisser), la passion du pouvoir et le fanatisme religieux ».

« Parfois l’erreur d’une vie ne vient que d’une légère méprise sur les mots: la grosseur n’est pas la grandeur. Créer n’est pas accumuler. Ni entreprendre avaler »

Résister à la culpabilisation – Mona Chollet (2024)

Et si nous arrêtions de culpabiliser ?

Dans un style précis et documenté, Mona Chollet propose de lever le voile sur les mécanismes qui régissent notre rapport à la culpabilité.

Cette prédisposition à percevoir notre vie sous le poids de la culpabilité remonterait au péché originel. A travers un travail rigoureux, elle dévoile comment cette voix tonitruante s’étend dans nos sphères intimes, de notre éducation à notre rapport à la maternité. Elle observe également comment le culte de la performance s’immisce dans le milieu professionnel. En usant de multiples leviers de nos vies quotidiennes, elle parvient à percevoir les normes qui régissent notre société. Comment parvenir à s’en affranchir ?

Mona Chollet essaie de comprendre la voix de notre ennemi intérieur et dévoile des pistes de réflexion pour s’en libérer. J’apprécie beaucoup les essais de Mona Chollet. S’il ne s’agit pas de mon ouvrage préféré, il demeure très pertinent et donne à nouveau à réfléchir.

Ma note

Note : 3 sur 5.

Citations

« Ce climat général de dureté envers soi et envers les autres amène souvent les salariés à refuser un arrêt maladie ou à très mal le vivre quand elles sont forcées de l’accepter ».

« Je n’en ferai jamais assez pour que la voix dans ma tête soit satisfaite ».

« On peut avoir honte de continuer à être heureuse ou heureux, ou à désirer l’être. Or, tant que notre bonheur ne fait de tort à personne, cette honte est injustifiée. L’impression d’obscénité qu’on en retire est une illusion produite par la culture de la culpabilité ».

In carna – Fragments de grossesse – Caroline Hinault (2022)

Et si nous parlions d’un corps en pleine mutation ?

Dans ce récit, résolument féministe, Caroline Hinault dévoile son parcours intime et engagé autour de sa grossesse.

Du ventre vide au ventre plein, Caroline Hinault évoque avec un ton bouleversant et une vérité implacable, son expérience de la maternité.

Elle aborde tout d’abord ses aspirations à devenir mère, cette attente interminable et ce ventre qui reste creux. Puis cette incarnation, la mutation de son corps et de son esprit avec ce ventre devenu plein. Au-delà de l’intimité de son corps, cette grossesse se heurte à toute une société.

A travers son expérience personnelle, Caroline Hinault évoque cette appropriation du corps et révèle toutes les problématiques inégalitaires et sociétales. Ce récit percutant lève le voile sur des mécanismes ancrés et des injonctions contradictoires. Entre essai et journal intime, je vous recommande cette oeuvre passionnante qui ouvre de véritables pistes de réflexions autour de la maternité.

Ma note

Note : 4 sur 5.

Citations

« Seul le renoncement, mais parfois forcé, à la maternité permettait pour les femmes d’espérer une égalité de statut social et artistique. On n’a jamais demandé de tel renoncement aux hommes artistes ».

« Une chose la frappe dans cette peinture : Marie n’a pas son habituel visage empreint de générosité et de douceur mais baisse les yeux, le visage plutôt fermé. Certains commentateurs voient dans cette impassibilité un peu rêche la volonté du peintre de se démarquer de la tradition, en lui donnant davantage l’allure d’une paysanne. Mais Elle qui se trouve également en fin de grossesse, Elle devine. Marie est juste complètement crevée et, Christ ou pas Christ, exténuée par tant d’encombrements ».

La vie ordinaire – Adèle Van Reeth (2020)

Et si nous interrogions l’ordinaire de nos vies quotidiennes ?

Dans ce texte hybride, entre essai, récit philosophique et biographique, Adèle Van Reeth met en perspective sa vie quotidienne pour interroger notre rapport avec l’ordinaire de nos existences.

Selon certains philosophes dont Stanley Cavell, la transformation de nos existences ne peut s’effectuer qu’en portant un regard acéré sur l’ordinaire. Cependant Adèle Van Reeth n’arrive pas à appréhender cet ordinaire répétitif et banal. Pour essayer d’avancer autour de cette pensée philosophique, elle use de son quotidien et notamment de sa grossesse, de son rôle de belle-mère et de son rapport à l’écriture.

Je n’ai pas été conquise par ce texte. J’ai trouvé que l’imbrication entre récit personnel et philosophique n’était pas d’une grande fluidité. Je n’ai malheureusement pas été imprégnée par ce livre.

Ma note

Note : 1.5 sur 5.

Citations

« Tuer l’ange du foyer » C’est ainsi que Virginia Woolf nomme le premier geste à faire pour une femme qui désire écrire. L’ange du foyer, c’est la femme qui donne chaque jour sa vie en offrande pour maintenir l’harmonie domestique ».

« Ta naissance comme ma mort me sont inconcevables, elles ne renvoient à aucune expérience. Je ne connais pas ton visage, ni l’odeur de ta peau, je n’ai jamais entendu le son de ta voix, et pourtant je t’aime déjà. On peut donc aimer sans voir ? Mais qu’est-ce que j’aime ? Pas seulement l’idée que je fais de toi. Un amour qui précède la rencontre, ça existe ? Un amour indubitable et inconditionnel indépendant des qualités physiques ou morales de la personne ».

Messieurs encore un effort… – Elisabeth Badinter (2024)

Et si nous expliquions la baisse de la natalité avec Elisabeth Badinter ?

Dans ce court essai, parfaitement documenté, Elisabeth Badinter interroge les évolutions contemporaines et le repli démographique.

Plusieurs pistes ont déjà été explorées pour expliquer une baisse de la natalité entre crise climatique, sociale et perte de confiance dans l’avenir. Dans cet essai, Elisabeth Badinter interroge aussi les contraintes qui pèsent sur la femme. S’il y a quelques années, la maternité était une aspiration naturelle, aujourd’hui cet élan fait face à de multiples problématiques et à une réflexion plus raisonnée de la femme.

Dans ce texte, Elisabeth Badinter met également en perspective la baisse de natalité en France avec les évolutions à l’étranger et notamment en Corée du Sud où cette chute est frappante.

Avec un clarté remarquable et une précision indéniable, Elisabeth Badinter pose de véritables pistes de réflexions sur le désir de maternité et l’importance d’une égalité entre les sexes. Un essai court et passionnant que je vous recommande fortement !

Ma note

Note : 4 sur 5.

Citation

« L’une des raisons essentielles du ralentissement (voire de la stagnation dans certains domaines) de la cause égalitaire réside dans la force toujours vivace des stéréotypes de genre. Le premier d’entre eux est l’identification de la femme et de la mère. On présume que toute femme par nature a une vocation maternelle. Or le modèle de la mère traditionnelle est le dévouement absolu à son enfant. L’instinct maternel serait la pulsion naturelle de la femme à assurer le bien-être. Pour ce faire, elle doit le nourrir, le soigner, veiller sur lui nuit et jour, et rester à la maison jusqu’à ce qu’il ait acquis une certaine autonomie. Dans cet optique, les désirs personnels de la femme s’effacent devant les obligations de la mère. Raison pour laquelle on s’est pris à penser que le rôle de la femme était de prendre soin de tous »

A propos d’amour – bell hooks (2000)

Et si nous abordions la question brûlante de l’amour avec bell hooks ?

Dans cet essai résolument féministe, bell hooks porte un nouveau regard sur la question épineuse de l’amour.

Dans cet écrit basé sur ses expériences personnelles et sur sa vision du féminisme, elle dresse une conception de l’amour fondée sur les actes. Entre respect, communication, affection et engagement elle pose au fur à mesure de cet essai les ciments des relations. bell hooks questionne également la place de l’amour dans les relations familiales pour mieux appréhender et façonner les relations futures.

La dimension foncièrement personnelle de cet essai le rend particulièrement abordable. Dans ce travail de vulgarisation, bell hooks n’hésite pas à partager avec sincérité son parcours amoureux et son rapport à la spiritualité. Pour ma part, ce récit n’a pas révolutionné ma vision de l’amour ou ouvert de nouvelles voies. Cependant, je salue la clarté et l’accessibilité de son propos.

Ma note :

Note : 2.5 sur 5.

Citations :

« Les mensonges aident parfois les gens à se sentir mieux, mais ils ne les aident pas à connaître l’amour »

« Lorsque l’on apprécie la solitude, on apprécie la compagnie des autres sans les utiliser pour échapper à soi-même »

Le coût de la virilité – Lucile Peytavin (2021)

Et si nous abordions une réalité effarante ?

Dans ce court essai, Lucile Peytavin documente et met en lumière, chiffres à l’appui, le coût de la virilité. Ainsi, elle révèle que les hommes sont majoritairement mis en cause dans des affaires pénales.

Elle expose ainsi que les hommes représentent 84 % des auteurs d’accidents de la circulation mortels, 90% des personnes condamnées par la justice ou 86% des mis en cause pour meurtre…

Suite à un calcul minutieux, Lucile Peytavin révèle que le coût de la virilité s’élèverait à la somme de 95,2 milliards d’euros par an. Ce chiffre étourdissant permet surtout d’ouvrir la voie à une réflexion globale sur les conséquences d’une virilité exacerbée et sur nos modèles éducatifs.

Avec clarté, Lucile Peytavin donne les premières clés pour travailler sur une réalité incontestable et qui demeure cependant encore bien impalpable dans nos sociétés.

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« Avec cet essai, je voudrais alerter sur les comportements asociaux des hommes à travers leur importance statistique, ouvrir une réflexion sociétale autour de la question de la virilité et nous inviter, tous, à un examen de conscience approfondi ».

« La virilité est un ennemi difficilement saisissable.
Elle prend la plupart du temps les contours d’un visage masculin, mais
elle est en chacun de nous. Dans notre façon de penser, de nous comporter,
de voir le monde. Elle façonne nos modèles éducatifs, nos rapports sociaux
et modèle notre société. En cela, elle est un ennemi difficile à déloger.
Mettons fin tous ensemble à la virilité qui pervertit, qui viole, qui bat, qui
tue, qui écrase, la virilité qui ruine.
Le coût de la virilité n’est pas une fatalité »

La fin de l’amour – Eva Illouz (2020)

Et si nous interrogions les rapports amoureux ?

Cet essai propose une réflexion sur le « désamour » sous le poids d’une société néolibérale en pleine mutation.

Eva Illouz évoque comment la prépondérance des libertés individuelles a modifié les relations amoureuses. Elle estime que le capitalisme s’est approprié la liberté sexuelle créant ainsi une plus grande instabilité dans les relations amoureuses. Pour appuyer son propos, elle se fonde sur des témoignages et d’autres références sociologiques, littéraires, psychanalytiques ou philosophiques.

Dans « la fin de l’amour » Eva Illouz analyse les séparations, la multiplication des relations ou le désengagement pour construire une sociologie « des relations négatives » basée sur l‘incertitude. Elle explique aussi comment l’essor des applications de rencontres révèle la mutation des relations sentimentales et sexuelles.

Les passages théoriques au début de l’essai sont particulièrement ardus et ils ont manqué pour ma part de clarté. Les témoignages permettent ensuite de fluidifier la lecture. Si cet essai marque un désenchantement dans notre vision de l’amour, il pose des problématiques contemporaines intéressantes !

Ma note :

Note : 2 sur 5.

Citations :

« La liberté sexuelle est-elle devenue la philosophie néolibérale de la sphère privée ? »

« Mon intention a plutôt été de décrire les différentes façons par lesquelles l’appropriation du corps sexuel par le capitalisme scopique transforme le moi, le sentiment de sa valeur et les principes régissant les relations »

Réinventer l’amour – Mona Chollet (2021)

Et si nous placions nos réflexions féministes dans la sphère du couple ?

« Le bonheur amoureux est la preuve que le temps peut accueillir l’éternité », Alain Badiou

A nouveau, avec une plume précise, documentée et efficace, Mona Chollet interroge le couple sous le poids de la société patriarcale.

Mona Chollet revient sur la conception de l’amour véhiculée par les oeuvres littéraires, cinématographiques ou artistiques dans nos sociétés pour appuyer son propos. Elle met en avant que l’infériorité des femmes est la base de notre idéal romantique. Cette femme parfois mutique, pourvoyeuse de soins, soumise à la domination masculine reste un modèle autour de nous. Mona Chollet multiple les exemples comme l’attrait et les stéréotypes récurrents autour de la femme asiatique. Elle interroge aussi les violences conjugales et la fascination de certaines femmes pour les criminels représentant une masculinité exacerbée.

Cet essai met en lumière comment, sans même en avoir conscience, une éducation, une culture viennent imprégner notre conception de l’homme et de la femme et notre vision de l’amour.

Un exposé passionnant où Mona Chollet étudie les rôles prédéfinis de l’homme et de la femme et aborde des sujets épineux. Cette essai ouvre de nouvelles perspectives et nous propose une autre conception de l’amour.

Un essai féministe enrichissant à remettre entre toutes les mains…

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

Citations :

« Si vous êtes un Artiste Tourmenté, vous avez une excuse pour mal vous comporter avec vos partenaires amoureux, vos enfants, tout le monde. Vous avez la permission d’être exigeant, arrogant, impoli, cruel, antisocial, pompeux, colérique, caractériel, manipulateur, irresponsable et/ou égoïste. Si vous vous conduisiez ainsi en étant concierge ou pharmacien, on vous considérerait à juste titre comme un pauvre crétiin. Mais, en tant qu’Artiste Tourmenté, vous avez droit à un sauf-conduit parce que vous êtes à part. Parce que vous êtes sensible et créatif. Parce qu’il vous arrive de créer de jolies petites choses ».

« Etre amoureux n’est pas nécessairement aimer. Etre amoureux est un état ; aimer, un acte »

« en abreuvant les filles et les femmes de romances, en leur vantant les charmes et l’importance de la présence d’un homme dans leur vie, on les encourage à accepter leur rôle traditionnel de pourvoyeuses de soins ».