Et si nous parlions d’une chronique judiciaire ?
Dans un récit immersif, Emmanuel Carrère raconte sa traversée du procès des attentats du 13 novembre 2015.
Journaliste pour l’Obs il a suivi pour l’hebdomadaire le procès organisé de septembre 2021 à juin 2022. Pendant dix mois, il a assisté chaque jour à ce procès hors norme et nous propose d’en suivre chacune des étapes. Avec un style très journalistique, il nous propose le récit de l’audition de certaines parties civiles, des accusés ou évoque l’organisation de la Cour.
Si ce récit n’est pas exhaustif, il permet cependant de nous offrir une chronique documentée et factuelle sur l’organisation du procès. Ce livre dévoile aussi son ressenti et ses questionnements sur cette expérience forte mais également éprouvante.
Je ne peux que recommander cet éclairage pour ceux qui auraient souhaité en savoir davantage sur cette traversée judiciaire.
Ma note :
Citations :
« Profession? Combattant de l’Etat islamique. » Le président regarde ses notes et, placide: « Moi, je vois intérimaire. »
« J’ai lu, entendu dire et quelquefois pensé que nous vivons dans une société victimaire, qui entretient une confusion complaisante entre les statuts de victimes et de héros. Peut-être, mais une grande partie des victimes que nous écoutons jour après jour me paraissent bel et bien des héros. À cause du courage qu’il leur a fallu pour se reconstruire, de leur façon d’habiter cette expérience, de la puissance du lien qui nous unit aux morts et aux vivants. Je me rends compte en relisant ces lignes qu’elles sont empathiques, mais je ne sais pas comment le dire moins emphatiquement : ces jeunes gens, puisque presque tous sont jeunes, qui se succèdent à la barre, on leur voit l’âme. On en est reconnaissant, épouvanté, grandi ».