Et si nous parlions du poids de l’hérédité ?
Avec ce roman bestial, Jean-Baptiste Del Amo nous parle d’une histoire de la violence.
Après des années d’absence, un père franchit à nouveau les portes de sa maison. Il est bien décidé à se réapproprier son dû : sa femme et son fils. Pourtant, le retour du père glace le sang de toute la famille.
Quelques semaines après sa réapparition il emmène sa femme et son jeune fils aux Roches, un paysage montagneux inhospitalier et reculé. Ce décor est celui de son enfance. En effet, le père a grandi dans ses montagnes avec son propre père. Il a encore sur lui la marque indélébile de son géniteur. Malgré les conditions de vie précaires, il est bien décidé à vivre aux Roches avec sa famille. Avec effroi, le jeune fils sera confronté à son père et au poids de son hérédité…
Ce roman, où la tension monte à chaque page, nous dresse des portraits sans concession et d’une très grande puissance. Un sentiment d’oppression se noue de manière grandissante jusqu’à l’apothéose finale. Ce livre brutal interroge l’héritage de la violence qui contraint et enserre les êtres… Remarquable !
Ma note :
Citations :
« Le fils soulève la couverture et la mère se blottit contre lui. Longtemps, ils écoutent la maison siffler et craquer comme un vieux rafiot malmené par la tempête, le vent porter jusqu’à eux le cri de chouettes effraies qui ululent dans le creux d’un arbre mort, avec leurs faces blanches et mystérieuses. Mais, rassuré par la présence et la chaleur du corps de la mère, rien ne peut plus atteindre l’enfant, et tous finissent par retomber jusqu’au matin dans un sommeil tranquille »
« Il ne garde pas de souvenir précis du départ du père. Il n’a conservé de la vie auprès de lui qu’une suite d’impressions morcelées, peut-être fictives et en partie façonnées par les photographies enfouies dans la commode. Il est en revanche plein, comme pétri d’une présence physique de la mère, de son ubiquité, tant elle apparaît et colore, à chaque instant, chaque recoin de l’inextricable maillage qui déjà compose sa mémoire »