Et si nous parlions du Goncourt 2019 ?
Edmond et Jules de Goncourt arguaient « Un livre n’est jamais un chef-d’oeuvre : il le devient ».
Le prix Goncourt participe-t-il à la création d’un chef d’oeuvre ? En tout état de cause, il existe une atmosphère toute particulière à cette lecture ayant reçu cette consécration littéraire.
En tout sincérité, je n’aurai sans doute pas acheté ce roman de Jean-Paul Dubois, s’il n’avait pas été auréolé du Prix Goncourt. J’ai ainsi pu découvrir, pour la première fois, son oeuvre.
Paul Hansen est emprisonné depuis deux ans dans une prison provinciale de Montréal pour un crime dont nous ne savons rien.
Il partage sa cellule avec Horton, un autre détenu, incarcéré pour une sombre affaire de meurtre d’un Hells Angel. Passionné de Harley Davidson, le tatouage explicite sur son bras « Life is a bitch and then you die » donne le ton à ce personnage haut en couleur. Pour autant, petit à petit, la part de sensibilité et de tendresse qui se dégage d’Horton est tout simplement bouleversante.
Paul Hansen ne cesse, durant sa détention, de revenir en arrière, dans ses souvenirs. Loin du détenu, nous rencontrons un citoyen canadien presque modèle. Entouré d’un père, pasteur et d’une mère programmatrice dans un cinéma, il grandit dans une famille équilibrée.
Puis, sa profession de « super intendant » dans une résidence principalement composée de personnes âgées semble l’épanouir. Ainsi, il partage son temps entre ses travaux de réparation et ses talents de concierge. Petit à petit, ce métier devient une véritable vocation et sa dévotion pour les résidents grandit jour après jour.
Si son père avait perdu la foi, Paul Hansen a conservé tout son altruisme. Sa rencontre avec Winona, sa compagne, achève de l’épanouir.
Pourtant, un drame fera basculer sa vie allant jusqu’à le priver de sa liberté…
Ces aller retours constants entre sa vie de détention et son passé sont particulièrement troublants. En effet, Paul Hansen est un homme comme les autres et le point de basculement de son existence nous apparaît, bien plus tard.
Un roman particulièrement riche tant par la trame narrative que par la diversité des sujets qu’il expose. Pour ma part, c’est, avant tout, la tendresse des personnages qui m’a particulièrement bouleversée.
Ma note :
Citations :
« Peut-être sont-ils morts avec ces mots en tête, ces phrases rebondissant dans leurs boîtes crâniennes sous l’effet des chocs successifs, ces scansions accrochées, agrippées à leurs mémoires, tournant en bouche comme un disque rayé »
« Depuis cette journée au bord du lac, elle est devenue une part de ma chair, je la porte en moi, elle vit, pense, bouge dans mon coeur, et sa mort n’y a rien changé ».
« Elle a été cette personne auprès de laquelle j’ai toujours essayé de me tenir droit, dans la neige et les forêts, les étés et les orages ».