Envie de se plonger dans un pamphlet politique court et cinglant ?
J’avais déjà beaucoup apprécié En finir avec Eddy Bellegueule, c’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai débuté un des autres textes marquants d’Edouard Louis « Qui a tué mon père ».
L’écrivain raconte son père dans ce court récit amplement autobiographique.
Edouard Louis envisage son rapport complexe et profond à son père. L’ouvrage débute ainsi par ses quelques mots reflets de l’intensité de ce récit :
« Si ce texte était un texte de théâtre, c’est avec ces mots là qu’il faudrait commencer : Un père et un fils sont à quelques mètres l’un de l’autre dans un grand espace, vaste et vide. »
Dès les premières lignes, Edouard Louis nous fait part du gouffre inouï creusé entre lui et son père au fil des années, deux êtres qui ne se sont jamais véritablement compris. Un père resté hostile à la féminité de son fils mais qui, pour autant, n’a jamais cessé de l’aimer.
Dès son enfance, l’écrivain se place comme différent et diamétralement opposé à son géniteur. Pour autant, durant tout le récit, un amour puissant les lie l’un à l’autre par la beauté de certains gestes. Cette ambivalence, reflet de leur rapport intime, est criante de vérité.
Mais ce texte est également un pamphlet politique, Edouard Louis exprimant avec beaucoup de force comment la politique a brisé son père.
Comment, l’usure du travail à l’usine a fini par broyer son dos. Puis, comment les réformes successives l’ont obligé à une reprise d’un travail comme balayeur malgré des souffrances physiques insoutenables.
J’ai découvert un réquisitoire acerbe sur les conséquences des choix politiques sur les individus.
Les deux volets de ce récit sont portés par une belle écriture incisive. Un livre viscéral qui emporte immédiatement son lecteur.
Ma note :
Citations :
« Quand on lui demande ce que le mot racisme signifie pour elle, l’intellectuelle américaine Ruth Gilmore répond que le racisme est l’exposition de certaines populations à une mort prématurée ».
« Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question esthétique : une manière de se penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous, c’était vivre ou mourir. »
« L’histoire de ton corps accuse l’histoire politique ».
Une réflexion sur “Qui a tué mon père – Edouard Louis (2018)”