Arcadie – Emmanuelle Bayamack-Tam (2018)

Arcadie, un livre déroutant et transgenre, qui nous dresse le panorama de Liberty House, un éden libertaire, une communauté qui rassemble les exclus, les inadaptés, les déviants.

Ces anticonformistes ont trouvé refuge dans cette zone blanche coupé du monde, des nouvelles technologies, des perturbateurs endoctriniens, des pesticides…

Farah va grandir dans cet univers qui prône la communion avec la nature, le végétarisme, la lecture et l’amour libre. Les habitants de Liberty House prennent le temps de vivre et de se raconter leurs rêves au petit-déjeuner.

A l’adolescence, cette jeune fille au physique disgracieux attend la naissance de sa féminité. Pourtant, elle va voir apparaître des attributs masculins et ne sera ni femme ni homme. Intersexuée, elle entamera une quête de genre et connaîtra la puissance du désir.

Profondément intelligente, rebelle, libre et hors norme, Farah déconcerte et fascine.

Farah est entourée de personnages plus bucoliques les uns que les autres, une grand-mère naturiste LGBT, une mère électro-sensible, un père illettré, un gourou et amant fascinant et magnétique.

Pourtant, l’arrivée d’un réfugié va venir bouleverser cette communauté et va les confronter à leurs idéaux. Mais surtout, cette rencontre éloignera Farah de cet éden qui l’a vu grandir.

Roman d’apprentissage tout en intériorité il révolutionne notre vision de la société.

Emmanuelle Bayamack-Tam nous transporte avec une très belle écriture et des références littéraires rafraichissantes. Au détour de l’ouvrage, nous retrouvons Dickinson, Proust, Rilke, Mallarmé, Flaubert ou Nabokov…

Cru, féroce et caustique ce récit inclassable m’a désarçonnée

Ma note :

Note : 3.5 sur 5.

Citations :

« Je pourrais lui pardonner ses coquetteries s’il les compensait par des qualités de cœur, mais de cœur, il n’en a pas, ou plutôt le sien n’est qu’un organe bardé de graisse qui s’échine à battre en dépit des vœux que je formule quotidiennement »

« Tant qu’à disparaitre, autant que ce soit pour la bonne cause, absorbée par un corps étranger, fondue à lui comme une neige au feu – crépitante, exaltée, heureuse »

« De nouveau je m’enflamme, mais cette fois-ci, c’est de penser à toutes ces morts noires qui ne comptent pour personne ; c’est d’évoquer toutes ces fins de vies qui n’en étaient qu’à leur début, des vies tout aussi uniques que celles de n’importe qui – et sûrement beaucoup plus dignes d’être vécues que celle des membres de ma communauté, ces abouliques, ces frileux, qui ne font que vivoter en attendant la mort »

« Elle était bête, égoïste et méchante, mais si on n’aimait que les gens qui le méritent, la vie serait une distribution de prix très ennuyeuse »

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