C’est avec émotion que j’évoque aujourd’hui, Philip Roth, un très grand écrivain disparu le 22 mai dernier.
Le jour de sa disparition, coïncidence perturbante, je lisais pour la première fois, un de ses romans « Le Théâtre de Sabbath ». Depuis, je me suis plongée avec délice dans l’œuvre de cet auteur qui a bouleversé mes mémoires de livres.
Philip Roth, auteur controversé, a révolutionné l’Amérique puritaine en abordant des thèmes polémiques tels que le sexe, les juifs et la démystification du rêve américain.
Je ne peux que vous inciter à vous plonger dans l’oeuvre de Philip Roth, partie intégrante de la littérature américaine. Pourquoi ne pas commencer par ce volume composé de quatre romans sur l’histoire américaine ?
L’Amérique, colonne vertébrale de l’oeuvre de Philip Roth, traverse l’intégralité de ses romans.
Ainsi, il a redonné une nouvelle couleur à l’histoire américaine de l’avant-guerre aux années 1980 en parcourant l’Amérique en lutte contre la guerre du Vietnam dans « Pastorale Américaine », en décrivant la croisade anticommuniste des années 1950 dans « J’ai épousé un communiste », en créant une nouvelle version de l’histoire du monde dans « Le complot contre l’Amérique » ou encore dans « La tâche » en exposant le monde politique des années 1970 à 1980.
Dans Pastorale Américaine, Philip Roth nous livre une Amérique sclérosée par la guerre du Vietnam.
Au travers de la vision de Zuckerman, écrivain et alter ego de Philip Roth dans plusieurs de ses romans, nous découvrons Seymour Levov dit « Le Suédois », célèbre joueur de baseball de son lycée de Newark. L’écrivain voue un véritable culte à cet athlète qui a traversé sa jeunesse. Le Suédois, petit fils d’un immigré juif, est devenu un américain accompli.
Symbole de la réussite industrielle, il est devenu, dans les traces de son père, un chef d’entreprise prospère de la ganterie et a épousé Miss New Jersey, une irlandaise qui avait failli devenir Miss Amérique. « Le Suédois » a créé une vie digne de l’Amérique adulée par son père.
Mais sous ce tableau idyllique se cache une Amérique meurtrie, celle de la guerre du Vietnam, sa fille dans un acte de rebellion extrême deviendra une militante anti-guerre puis une terroriste.
Ainsi, au-delà du rêve américain, Philip Roth nous livre avec toute sa force une Amérique démystifiée, scandalisée et mortifiée par la guerre du Vietnam.
Philip Roth nous décrit avec une extrême justesse le portrait d’une famille américaine avec un roman d’une très grande profondeur. Je n’ai pu que m’attacher à des personnages, remplis de controverses, leur psychologie est admirablement bien traitée par Roth. Les interactions entre leurs rêves, leurs religions, leurs aspirations, leurs idéologies nous transportent.
Mais au-delà, l’auteur nous retrace avec précision un panorama de la société américaine.
Un roman bouleversant et incontournable de l’œuvre de Philip Roth…
Ma note :
Citations :
« On ne traverse pas la vie sans être marqué par la mélancolie, la douleur, le désarroi, le deuil. Même ceux qui ont eu une enfance comblée finissent par avoir leur part de malheur obligé, voire davantage »
« Voilà sa fille qui l’exile de sa pastorale américaine tant désirée pour le précipiter dans un univers hostile qui en est le parfait contraire, dans la fureur, la violence, le désespoir d’un chaos infernal qui n’appartient qu’à l’Amérique »
« C’était des usines où les gens avaient perdu des doigts, des bras, où ils s’étaient fait écraser les pieds, brûler le visage, où les enfants avaient trimé jadis dans la chaleur et dans le froid, des usines du dix-neuvième siècle qui broyaient les hommes pour produire des marchandises, et qui n’étaient plus que des tombes impénétrables, étanches »