L’insoutenable légèreté de l’être – Milan Kundera (1984)

Et si nous évoquions le plus beau titre de la littérature ?

Entre dimension philosophique, amoureuse et politique, Milan Kundera navigue avec légèreté dans les destins aussi hasardeux que complexes de ses personnages.

Libertin sans attache, Tomas entretient une relation avec Tereza, mais se laisse griser par des amitiés érotiques sans attache, notamment avec Sabina, une artiste peintre indépendante et rebelle.

Dans le décor tumultueux du printemps de Prague, l’attachement inexplicable qui unit Tomas à Tereza vient ébranler son mode de vie. Entre basculement politique et sentimental, Tomas arrivera-t-il à osciller entre pesanteur et légèreté ?

En explorant les possibilités et la beauté d’une vie humaine, Milan Kundera nous transporte dans ce roman. Avec une plume poétique et vertigineuse, ce récit éblouissant explore les sentiments, les choix ou les hasards qui régissent nos vies. Un livre à lire, puis à relire pour en être profondément transformé.

Ma note

Note : 5 sur 5.

Citations

« La vie humaine n’a lieu qu’une seule fois et nous ne pourrons jamais vérifier quelle était la bonne et quelle était la mauvaise décision, parce que, dans toute situation, nous ne pouvons décider qu’une seule fois. Il ne nous est pas donné une deuxième, une troisième, une quatrième vie pour que nous puissions comparer différentes décisions »

« Pour qu’un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s’y rejoignent dès le premier instant ».

« Vivre dans la vérité, ne mentir ni à soi-même ni aux autres, ce n’est possible qu’à la condition de vivre sans public. Dès lors qu’il y a un témoin à nos actes, nous nous adaptons bon gré mal gré aux yeux qui nous observent, et plus rien de ce que nous faisons n’est vrai ».

« L’homme, à son insu, compose sa vie d’après les lois de la beauté jusque dans les instants du plus profond désespoir ».

Le procès – Franz Kafka (1925)

Et si nous évoquions un classique inclassable ?

Pierre angulaire de la littérature, « Le procès » de Franz Kafka est un roman déroutant mêlant philosophie, absurdité, satire sociale, onirisme…

Cadre de banque, Joseph K. est arrêté par deux hommes. Cependant, il ne connaît pas les motifs de cette intervention arbitraire à son domicile.

Malgré son arrestation, il demeure libre et peut retrouver son quotidien et se rendre à son travail. Pourtant, la menace de son procès rode. Sa liberté est enfermée dans un carcan cauchemardesque. Il assiste à une première audience au Tribunal où il se défend et prend la parole avec force face à un simulacre de Justice. Afin d’être innocenté, il s’entoure de personnages étranges mais l’issue tragique semble inexorable. Parviendra-t-il à retrouver sa liberté ?

Ce roman dérangeant et incontournable suscite de nombreuses interprétations. Dans tous les cas, il laisse planer dans nos esprits une terrible angoisse et interroge sur le sens de la société et de la justice. Il marquera pour toujours mes mémoires de livres.

Ma note

Note : 5 sur 5.

Citations

« Le jugement n’intervient pas d’un coup ; c’est la procédure qui insensiblement devient jugement ».

« La seule attitude judicieuse consiste à s’accommoder de l’état des choses ».

Comment ne pas éduquer les enfants – Franz Kafka (2020)

Et si vous expédiez un livre sous pli pour les fêtes de fin d’année ?

Les Editions L’orma proposent la collection « Les plis », véritable petit bijou littéraire à envoyer à vos proches sans aucune modération.

En quelques lignes, ce recueil de correspondances porte un nouveau regard sur la vie intime des écrivains et penseurs célèbres.

Tout d’abord, dans plusieurs lettres adressées à sa soeur, Franz Kafka expose des préceptes éducatifs bien surprenants. Ainsi, ces écrits s’apparentent plutôt à de véritables recommandations et commandements éducatifs s’agissant de son neveu, Félix. Sa pensée pédagogique est bien curieuse, Franz Kafka estime que les parents n’ont pas pour mission d’éduquer leurs enfants !

Puis, nous découvrons sa correspondance avec Felice Bauer, devenue sa fiancée. Franz Kafka n’a de cesse de lui dépeindre son caractère « taciturne, insociable, renfrogné, égoïste et hypocondriaque » et sa santé fragile pour la convaincre de ne pas se marier avec lui. Allant jusqu’à révéler ses pires défauts à son beau-père pour éviter toute union maritale avec Félice Bauer. Malgré son amour, Franz Kafka n’aura de cesse de fuir. Ces lettres sont à la fois terriblement drôles mais aussi portées par un style brillant.

La dernière lettre écrite en 1919 à destination de son père expose la complexité de leur relation. Avec émotion, nous accédons à l’enfance de Franz Kafka qui nous dresse une véritable analyse du rôle parental dans sa construction personnelle.

A travers les photos de famille, le regard de ses proches et ses correspondances, j’ai aperçu l’intimité et la personnalité forte de Franz Kafka. J’ai aimé ce nouveau regard porté sur cet écrivain qu’on ne présente plus.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« On peut être trop jeune pour gagner sa vie, pour le mariage, pour mourir, mais, peut-on être trop jeune pour une éducation douce, sans entraves, propre à déployer en soi le meilleur ? »

« Ecrire, c’est s’ouvrir jusqu’à la démesure ; l’ouverture du coeur et le don de soi les plus extrêmes »

La plaisanterie – Milan Kundera (1967)

Et si nous évoquions un roman mêlant politique et amour ?

Aujourd’hui, je viens vous parler du premier roman de Kundera « La plaisanterie », publié en 1967 durant les prémices du printemps de Prague.

Dans une Tchécoslovaquie communiste, Ludvik, étudiant et membre du parti vit une idylle de jeunesse avec Marketa. Durant leur correspondance amoureuse d’été, Ludvik lui adresse une carte postale avec une plaisanterie. Ce courrier fait basculer sa place au sein du parti communiste et provoque son exil forcé.

Enrôlé dans l’armée, Ludvik fait la connaissance de Lucie, une jeune fille timide et indécelable. Leur histoire d’amour sombre dans la désolation et s’évapore à jamais.

Des années plus tard, Ludvik revient dans sa ville natale, bien décidé à se venger d’un de ses amis qu’il juge comme pleinement responsable de son exil. Cette vengeance sera l’occasion d’amorcer un retour en arrière sur son existence et sur les grandes rencontres qui ont jalonné sa vie.

Le roman découpé en plusieurs parties, s’articule avec des retours en arrière mais aussi au travers de personnages clés comme Ludvik, Helena, Jaroslav et Kostka. Ainsi, Kundera fait le choix d’un changement fréquent de point de vue ce qui apporte une réelle profondeur et du relief aux personnages.

Au-delà du contexte historique du roman, Kundera nous fait réfléchir sur la question du « monde dévasté » et ces répercussions sur les existences et les actions de chacun. Ce roman arrive, avec une grande réussite, à mélanger les genres. Au-delà, d’une réflexion sur les formes d’autoritarisme et sur la politique de l’époque, il interroge sur ses amours contrariés.

Kundera nous évoque également le rapport à la vérité. Notion abstraite et manipulable, elle est pour chacun différente et n’a de cesse de se modifier. Une simple plaisanterie d’un homme inexpérimenté impacte ainsi profondément son rapport aux autres et à lui-même. Durant tout le roman, Ludvik s’extrait très difficilement des forces tant amoureuses que politiques qui ont guidé son existence.

Face à l’absurdité de son destin, Ludvik est enlisé entre ses désillusions et une vengeance bien amère. Un roman existentialiste d’une grande richesse qui m’apparaît comme un classique de la littérature tchèque.

Ma note :

Note : 4 sur 5.

Citations :

« Lidée me vint que cette influence s’exerçait de la même façon que, selon les astrologues, les mouvements des étoiles influencent la vie humaine ; au creux du fauteuil (face à la fenêtre ouverte qui expulsait l’odeur d’Helena) je pensais être venu à bout de mon rébus superstitieux, en devinant pourquoi Lucie avait traversé le ciel de ces deux journées : seulement pour réduire à rien ma vengeance, pour résoudre en brume tout ce qui m’avait conduit ici, car Lucie, cette femme que j’avais tant aimée et qui, inexplicablement, m’avait échappé au dernier monment, était la déesse de la fuite, la déesse de la vaine poursuite, la déesse des brumes : elle tient toujours ma tête entre ses mains ».

« A cet instant, j’ai compris qu’il m’était impossible de révoquer ma propre plaisanterie, quand je suis moi-même et toute ma vie inclus dans une plaisanterie beaucoup plus vaste (qui me dépasse), et totalement irrévocable »