Intermezzo – Sally Rooney (2024)

Et si nous jouions une partie d’échecs ?

Dans ce roman à la trame psychologique finement travaillée, Sally Rooney aborde une relation ambivalente entre deux frères.

Ivan, avec son intelligence implacable et son génie pour les échecs, est un être solitaire et mutique. Son frère, Peter, est un avocat à la verve fascinante et à la sociabilité naturelle. Si tout oppose les deux frères, le décès de leur père va accentuer davantage la distance entre eux.

Ils vont vivre différemment ce deuil et tenter de retrouver un souffle de vie : l’un en entretenant une liaison avec une femme plus âgée, l’autre en s’engageant simultanément auprès de deux femmes. Ensevelis par cette perte et par les méandres de leurs relations amoureuses, ils voient leurs différences se prolonger aussi dans leur rapport aux autres. Parviendront-ils à se comprendre ?

Avec une grande minutie, Sally Rooney nous plonge dans la confusion des sentiments. Avec un style unique, elle interroge l’intimité des relations et le rapport au deuil. En révélant le poids des contradictions et des fragilités de ses personnages, elle explore avec justesse la complexité du rapport à l’autre, mais aussi la profondeur de la solitude.

Ma note

Note : 4 sur 5.

Citations

« Selon les bouddhistes, l’attachement est à l’origine de toutes les souffrances. On s’accroche à ce qu’on a, à ce qu’on a eu, à la vie qu’on a connue, aux quelques personnes et endroits qu’on a vraiment aimés, et on refuse de les lâcher ».

« Une pensée qui émerge calmement à la surface de son esprit : je voudrais être mort. Comme sans doute tout le monde de temps en temps. Une idée qui surgit. On se souvient de quelque chose de gênant qu’on a fait des années plus tôt et tout à coup, on se dit : j’ai trouvé, je vais me suicider. Mais le problème, dans son cas, c’est que la chose gênante, c’est la vie. Ça ne veut pas dire qu’il veuille vraiment passer à l’acte. Et même s’il le voulait, ce n’est pas comme s’il allait passer à l’acte. Rien que d’y penser, ou de ne pas y penser, rien que de surprendre ces mots dans sa tête. Un étrange soulagement, comme quand on libère une proie : j’aimerais ».

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