Et si nous prenions la fuite pour la Chine ?
Dans ce récit onirique, le narrateur amorce un voyage inquiétant et envoûtant pour la Chine.
A son arrivée à Shanghai, le narrateur rencontre son seul contact sur place, l’énigmatique Zhang Xiangzhi. Cet homme, une connaissance de son ex-compagne Marie, devient son unique repère dans ce pays bouillonnant. Il lui offre un téléphone portable et lui sert de guide.
Enivré et perdu dans cette ville aux lumières crues et à l’atmosphère étouffante, le narrateur rencontre Li Qi. Leur attraction sensuelle est immédiate. Li Qi lui propose de la suivre à Pékin, que lui réserve la suite de ce voyage ?
Dans une atmosphère cinématographique où les images jaillissent à chaque page, Jean-Jacques Toussaint avec un style unique et contemporain, nous transporte en quelques lignes dans son univers. J’ai beaucoup aimé ce roman dépouillé qui nous propose un séjour aérien en Chine.
Ma note
Citations
« Depuis cette nuit (…), je percevais le monde comme si j’étais en décalage horaire permanent, avec une légère distorsion dans l’ordre du réel, un écart, une entorse, une minuscule inadéquation fondamentale entre le monde pourtant familier qu’on a sous les yeux et la façon lointaine, vaporeuse et distanciée, dont on le perçoit ».
« Puis, dans la brève hésitation que nous marquâmes l’un et l’autre avant de repartir, nos épaules se touchèrent, s’effleurèrent presque consciemment, s’abandonnèrent l’une à l’autre, il était impossible que ce fût fortuit, nos regards se croisèrent encore et je sus alors avec certitude qu’elle aussi avait été consciente de ce nouveau contact secret entre nous, comme une ébauche, la rapide esquisse de l’étreinte plus complète, de nouveau différée, qui ne tarderait plus ».
« j’écoutais la faible voix de Marie qui parlait dans le soleil du plein après-midi parisien et qui me parvenait à pleine altérée dans la nuit de ce train, la faible voix de Marie qui me transportait littéralement, comme peut le faire la pensée, le rêve ou la lecture, quand, dissociant le corps de l’esprit, le corps reste statique et l’esprit voyage, se dilate et s’étend, et que, lentement, derrière nos yeux fermés, naissent des images et resurgissent des souvenirs, des sentiments et des états nerveux, se ravivent des douleurs, des émotions enfouies, des peurs, des joies, des sensations, de froid, de chaud, d’être aimé, de ne pas savoir, dans un afflux régulier de sang dans les tempes, une accélération régulière des battements du coeur, et un ébranlement, comme une lézarde, dans la mer de larmes séchées qui est gelée en nous ».