Et si nous dressions le portrait d’une paysanne au XIXème siècle ?
Marie-Eugénie-Victoire est une orpheline malheureuse. Fille sans condition, elle est élevée dans un hospice. De modestes fermiers, Les Jameau, vont recueillir Victoire comme servante pour s’occuper de leurs bêtes. Son physique ingrat, sa chevelure rousse et son animalité sont rapidement moqués par les villageois et elle est nommée « La Rouge ».
Nous suivons son éveil à la sensualité jusqu’à son accès à la pensée. Malgré son élévation progressive, elle subit à répétition sa condition de femme sans éducation et devient une proie face à la puissance masculine. Jusqu’où ces violences cycliques implacables la conduiront-t-elle ?
Dans une misère terrible, nous découvrons le destin tragique de Victoire La Rouge. Dans un style vif et envoûtant, Georges de Peyrebrune dresse le portrait d’une femme invisible. J’ai lu ce roman en retenant mon souffle et j’ai été conquise par le rythme et la force du personnage de Victoire. Je vous encourage à découvrir l’œuvre de cette autrice méconnue.
Ma note :
Coup de ❤
Citations :
« Mais sa sensualité de bête échauffée la faisait se livrer, malgré sa volonté, peut-être avec le grognement heureux d’un appétit robuste enfin satisfait »
« De la pitié ! Qui donc en avait jamais eu pour elle ? Et savait-elle même ce que c’était ?
Elle devenait farouche comme un animal sauvage et traqué. Ses regards en dessous luisaient de douleur et de haine. Une révolte la tenait sans qu’elle sût contre qui l’avait faite si misérable et abandonnée, avec des appétits de brute, qu’elle se gardait cependant d’assouvir, et qui, pour une fois qu’elle s’y abandonnait, sans savoir encore, la jetait à la honte, la livrait aux injures, la chassait hors des foyers honnêtes où son ventre maudit portait le déshonneur ».