Et si nous parlions d’un huis clos mélancolique ?
Un professeur asocial choisit comme destination de vacances une station thermale triste et dépeuplée. Depuis plusieurs années, il n’a pas quitté son appartement niché dans une petite ville hongroise.
Afin de sortir de son quotidien et surtout de lui-même, il décide de séjourner dans cette station qu’il avait connu dans sa jeunesse et qui n’a fait que péricliter avec le temps. Ce séjour brise ses habitudes et lui permet de rencontrer Àgoston Timár, un secrétaire bien mystérieux venu de Budapest. S’il juge tout d’abord l’homme grossier, il finit par voir en lui un confident.
Transformé inconsciemment par cette rencontre, il débute une nouvelle année scolaire et retrouve sa vie étriquée de Province. Pourtant, le taciturne professeur de latin s’enlise en proie à de profonds bouleversements intérieurs…
Sous forme d’un journal intime, Sándor Márai dresse le portrait d’un personnage au mal-être abyssal. Rongé par la solitude, il est passé à côté de sa vie. La prise de conscience de son existence ratée le fait vaciller jusqu’à lui faire perdre complètement pied.
Premier roman de Sándor Márai, ce récit fort évoque avec justesse le poids de la solitude et de la vieillesse. J’ai beaucoup aimé ce texte qui présente déjà la quintessence de la plume de cet écrivain hongrois énigmatique.
Ma note :
Citations :
« Ce qui m’intéresse c’est l’autre solitude : celle qui est comme la gale, qui se lit dans le regard, se trahit dans la démarche et les mouvements, qui marque la peau ».
« Je ne crois pas à la fatalité. L’homme fabrique lui-même sa vie »
« Je suis triste. Pourquoi ? Pour qui ? Je suis incapable de le dire. C’est une tristesse tellement paisible, tellement calme. Il y a quelque chose en elle qui fait du bien. Elle envahit tout. Je dors tristement. Je mange tristement. C’est comique mais c’est ainsi. Que faire ? Je suis triste quand je suis au milieu des gens. Et triste quand je rentre chez moi. Pas « désespéré », pas « indifférent », pas « las de vivre ». Non. Triste. Que m’arrive t-il ? (…) Cette tristesse est un sentiment étrange et paisible. Elle contient comme une attente sceptique. Ma journée tout entière en est remplie. Quand on me demande « comment allez-vous ? », impossible de répondre : « Je suis triste. » Ce n’est pas une réponse. Mais c’est la vérité. C’est pourquoi je l’écris ici ».
merci pour ce regard sur un livre en effet fort intéressant sur la solitude et la pente de l’âge.
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