Et si nous abordions l’oeuvre politique d’Emile Zola ?
Roman méconnu de la série des Rougon-Macquart, Zola choisit pour décor de ce sixième volume la sphère politique.
Devenu un politicien influent du Second Empire, Eugène Rougon évolue dans un milieu privilégié. Président du Conseil d’Etat, il est entouré d’admirateurs opportunistes. Tous se pressent autour de lui dans l’espoir d’obtenir quelques privilèges.
Quand son pouvoir commence à chanceler et qu’il démissionne de son poste, ses proches continuent à l’entourer espérant jouer de leurs réseaux pour le réhabiliter dans ses fonctions.
Quand il rencontre Clotilde, une italienne ambitieuse, secrète et manipulatrice, le charme opère. Pourtant les aspirations arrivistes d’Eugène sont incompatibles avec cet élan amoureux. Eugène décide d’oeuvrer pour qu’elle se marie à l’un de ses fidèles amis, Delestang, un homme qu’il qualifie d’« admirablement, sot, creux et superbe ».
Leur attirance se transforme peu à peu en un véritable duel entre la force séductrice de Clotilde et la force autoritaire d’Eugène. Qui l’emportera dans cette bataille politique où se mêle désir et ambition ?
Roman historique, Emile Zola dresse un panorama détaillé du milieu politique implacable du Second Empire. Ce portrait d’un animal politique livré aux jeux politiques reste incontestablement contemporain.
J’aurai aimé que le relation entre Clotilde et Rougon soit plus étoffée et complexe dans leurs rapports de force mais comme toujours je suis conquise par la plume acerbe et magistrale d’Emile Zola.
Ma note :
Citations :
« C’était, chez lui, un amour du pouvoir pour le pouvoir, dégagé des appétits de vanité, de richesses, d’honneurs. D’une ignorance crasse, d’une grande médiocrité dans toutes les choses étrangères au maniement des hommes, il ne devenait véritablement supérieur que par ses besoins de domination »
« Elle restait multiple, puérile et profonde, bête le plus souvent, singulièrement fine parfois, très douce et très méchante »
« Et, brusquement, elle ne fut plus Diane. Elle laissa tomber son arc, elle fut Vénus. Les mains rejetées derrière la tête, nouées dans son chignon, le buste renversé à demi, haussant les pointes des seins, elle souriait, ouvrait à demi les lèvres, égarait son regard, la face comme noyée tout d’un coup dans du soleil. Elle paraissait plus petite, avec des membres plus gras, toute dorée d’un frisson de désir, dont il semblait voir passer les moires chaudes sur sa peau de satin. Elle était pelotonnée, s’offrant, se faisant désirable, d’un air d’amante soumise qui veut être prise entière dans un embrassement »